Invité au Magazine du dimanche de la télévision nationale, RTI1, le ministre de la promotion de la jeunesse, de l’insertion professionnelle et du service civique, Mamadou Touré a fait le point du programme spécial de lutte contre la vulnérabilité dans les zones frontalières du Nord de la Côte d’Ivoire. Ci-dessous, l’intégralité de l’entretien.

Que devons-nous savoir du programme spécial de lutte contre la vulnérabilité dans les zones frontalières du Nord?

D’abord ce que vous devez savoir, en janvier 2022, le Premier ministre Patrick Achi a lancé le PS-Gouv mais plus particulièrement son axe 1 qui est la lutte contre la vulnérabilité des jeunes dans les zones frontalières notamment les six régions qui font frontière avec le Mali et le Burkina dans le cadre de la stratégie gouvernementale de lutte contre le terrorisme. Puisqu’à côté de l’indispensable réponse militaire, sur instruction du chef de l’Etat, il était question d’apporter une réponse sociale. Vous avez des zones qui étaient très pauvres, totalement enclavées, pas d’opportunités sanitaires, pas d’accès au réseau de téléphonie mobile, des jeunes qui étaient dans une situation de précarité et qui pouvaient être des proies faciles. Ce programme, pour la seule année 2022, visait à impacter un peu plus de 22 000 jeunes. Au 31 décembre, 23 894 jeunes ont été impactés dans différents programmes. D’abord des programmes de formation en apprentissage. Il s’agissait de donner des formations qualifiantes à des jeunes qui pouvaient s’installer et faire des métiers. On note des formations de reconversion, des financements des activités génératrices de revenus, des travaux à haute intensité de main d’œuvre (THIMO) qui ont permis à des jeunes dans des communes ou en milieu rural de mener des actions communautaires (entretiens de routes, de bâtiments administratifs…). Cela a beaucoup impacté les collectivités territoriales. Nous avons beaucoup de témoignages de maires…

265 milliards FCFA ont été mobilisés pour ce projet…

Les 265 milliards FCFA sont pour l’ensemble des interventions du gouvernement puisque l’axe 1 a plusieurs composantes. Il y a la composante insertion professionnelle des jeunes et aussi des actions pour l’accès aux infrastructures de base (eau, électricité, eau, route, santé, éducation) qui font les 265 milliards FCFA.

Comment ce projet est déployé en ces différentes composantes ?

La particularité de ce projet est que nous avons impliqué les acteurs locaux. Au niveau local, les comités mis en place sont présidés par les préfets. Ensuite nous avons associé les collectivités territoriales pour l’identification des secteurs porteurs, des opportunités pour lesquelles ils estimaient que ces jeunes pouvaient avoir une véritable chance d’insertion. Et donc après avoir regardé avec les préfets, les élus locaux et les jeunes eux-mêmes, les services techniques du ministère en lien avec les services techniques d’autres ministères ont travaillé à formuler des projets et des programmes dans différents domaines. Comme je l’ai dit : formation de reconversion, apprentissage, THIMO, financement des activités génératrices de revenus (AGR), associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC). C’est une de nos satisfactions parce que nous visions 3000 personnes dans 120 villages mais à la fin nous sommes arrivés à 240 villages dans six régions impactées pour 6000 personnes.

Sur les raisons qui ont motivé ce programme, il y a la question sécuritaire pour ne pas que les jeunes se laissent tenter par les djihadistes. Comment concrètement ces jeunes réagissent-ils ?

On a eu beaucoup de retours. J’ai piloté une mission terrain avec tous les partenaires. On a été dans ces zones pour discuter avec les jeunes pour avoir leurs ressentis, leurs retours d’expérience. Toute cette semaine, beaucoup de vos confrères ont été également sur le terrain, ont pris les témoignages des jeunes. La presse internationale aussi a été sur le terrain. Pour nous, il était important que ce programme réussisse, qu’il ait un impact réel puisqu’il vise à compléter le dispositif de lutte contre le terrorisme dans son volet social et faire en sorte que ces jeunes sortent de l’extrême pauvreté et qu’ils ne soient pas des proies faciles. Je peux dire que par rapport aux objectifs qui nous ont été assignés, nous avons réussi. Mais ce n’est pas suffisant. Pour cette deuxième année, nous allons passer à échelle. Initialement pour l’année 2023, 14 000 jeunes devaient être impactés. Vu que le chef de l’Etat a décidé que 2023 est l’année de la jeunesse, ce sont 30 640 jeunes qui seront impactés. Nous avons quasiment doublé l’objectif pour 2023.

Comment doivent-ils s’y prendre les jeunes désireux de bénéficier de ces programmes ?

Déjà nous venons de lancer la seconde phase avec le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara. Tous les jeunes peuvent s’inscrire…

Quels sont les critères de sélection et la jeunesse vous la définissez à partir de quel âge?

C’est entre 16 et 35 ans. Mais compte tenu des crises que nous avons traversées, on a repoussé l’âge jusqu’à 40 ans. Je disais qu’il faut être jeune, ensuite il faut résider dans les localités des six régions du nord. Et en fonction des besoins, selon que vous avez besoin de formation ou de financements, vous êtes pris en charge. Vous avez les guichets emploi, l’agence régionale de l’agence emploi[1]jeune, les préfectures. Avec mon collègue du ministère de l’Intérieur, nous avons décidé, pour impacter le maximum de personnes, que toutes les sous-préfectures et particulièrement celles de ces zones soient des points de contact.

Comment intéresser les jeunes à ces programmes qui sont souvent lancés ?

C’est la sensibilisation. Et je me réjouis aujourd’hui du travail du corps préfectoral. Dans nos stratégies, nous avons décidé de nous appuyer sur les préfets et sous-préfets. Ensuite nous avons les leaders d’opinion, les associations. En plus de la communication sur les radios de proximité, il faut maintenant que les jeunes eux-mêmes se lèvent pour saisir ces opportunités que le gouvernement mobilise aujourd’hui. Ce programme est une réalité. Beaucoup de médias ici et à l’international aujourd’hui vantent ce programme avec des résultats probants. S’il y a encore des jeunes qui sont sceptiques sur l’effectivité de ce programme, ils en ont la preuve là. Il faut qu’ils aillent maintenant dans les guichets emplois, dans les sous-préfectures pour s’inscrire. Nous avons des équipes mobiles pour enrôler les jeunes qui se trouvent dans les villages très reculés.

Quelles sont les insuffisances enregistrées ?

En termes de réalisation, nous sommes à 104%. Et le budget a été bien exécuté. Maintenant il se trouve que sur certains programmes, il y a des améliorations à faire. Quand je prends les THIMO par exemple, 80 % des bénéficiaires sont des jeunes filles. Les jeunes hommes ne sont pas enclins à faire les THIMO. Donc il y a un travail à faire. Il y a eu quelques abandons en cours de programme par certains jeunes…

Qu’est-ce qui pourrait justifier ces abandons ?

Certains abandonnent d’eux-mêmes. Mais vous verrez que c’est un nombre très résiduel. Sur un objectif de 22 000, nous sommes à plus de 23 000 jeunes impactés. Donc il y a un engouement certain. L’atelier bilan a permis de regarder tous ces aspects et d’apporter les mesures nécessaires. L’innovation qui a été apportée, c’est l‘implication des sous-préfets. Parce que le gouvernement a signé un décret mettant en place les conseils sous préfectoraux. Ces conseils regroupent essentiellement les communautés villageoises, les leaders d’opinion. Nous avons décidé, pour plus de proximité, de nous appuyer sur les sous-préfets pour continuer l’action en faveur des jeunes dans toutes ces régions. Mais ce sera le cas dans toutes les régions du pays pour tous les programmes que nous allons mettre en place. Puisque l’objectif pour nous en cette année de la jeunesse, est qu’il n’y ait pas une seule sous-préfecture où des jeunes ne sont pas impactés pas l’action gouvernementale.

Est-il prévu des sessions d’évaluation pour mesurer l’ampleur de ce programme sur le terrain ?

La première session d’évaluation, c’est celle qui a été faite du 31 mai au 2 juin avec le corps préfectoral, nos partenaires techniques et financiers parce que nous bénéficions de l’appui de la Banque mondiale, de l’AFD même si à plus de 80% les financements proviennent de l’Etat.

Avez-vous le sentiment que les jeunes vous suivent, qu’ils comprennent?

Je l’espère. D’ailleurs pour l’élaboration du PJ-Gouv, sur instruction du Premier ministre, nous avons, avec dix de mes collègues, eu des échanges avec eux. Ç’a été des séances parfois très longues mais au bout du compte nous sommes parvenus à recueillir leurs préoccupations. Le PJ-Gouv est donc la contribution de 21 ministères mais surtout de 307 organisations de jeunesse. C’est une première. Elaborer un programme qui tient compte des aspirations des jeunes. Je peux dire qu’après six mois, on verra dans quelques jours ce qui a été fait concrètement secteur par secteur.

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3 Commentaires

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