French singer Aya Nakamura arrives for the presentation of creations by Schiaparelli for the Women Ready-to-wear Fall-Winter 2024/2025 collection as part of the Paris Fashion Week, in Paris on February 29, 2024. (Photo by Miguel MEDINA / AFP)

Alors que la chanteuse s’est retrouvée malgré elle au cœur d’une nouvelle polémique, les sociologues Karim Hammou et Marie Sonnette-Manouguian y lisent d’abord, dans un entretien au « Monde », des enjeux de communication présidentielle.

« “The Voice” en direct de l’Elysée ». C’est ainsi que l’hebdomadaire L’Express décrit, le 29 février, Emmanuel Macron s’improvisant metteur en scène de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques 2024, le 26 juillet. Et révèle que la chanteuse Aya Nakamura serait pressentie pour y interpréter une chanson d’Edith Piaf. Sans même attendre confirmation, à peine la présence de l’artiste évoquée pour représenter le pays, une vague d’attaques de la part d’éditorialistes et de figures d’extrême droite déferle, des plateaux de télévision aux réseaux sociaux.

Karim Hammou et Marie Sonnette-Manouguian sont sociologues, spécialistes des musiques populaires et des industries culturelles. Ils ont codirigé et coécrit 40 ans de musique hip-hop en France (Presses de Sciences Po, 2022). Selon eux, il faut sortir d’une antinomie aux relents élitistes et racistes créée artificiellement entre Aya Nakamura et Edith Piaf, pour remettre l’enjeu de la communication présidentielle au centre de cette nouvelle polémique.

Ce n’est pas la première fois qu’Aya Nakamura est victime de telles polémiques depuis le début de sa carrière. Comment l’expliquez-vous ?

Marie Sonnette-Manouguian : On est obligés de replacer les critiques à l’encontre d’Aya Nakamura dans la manière dont les musiques hip-hop (rap et R’n’B en particulier) ont pu faire l’objet de polémiques lancées par la droite et l’extrême droite tout au long de leur histoire. Si Aya Nakamura a pu être perçue et médiatisée comme une rappeuse, alors qu’elle se définit d’abord comme une artiste pop, qui puise des inspirations variées du zouk au R’n’B, cela tient d’abord à une racialisation de ces courants musicaux, qui sont perçus comme non-blancs. Donc, par un syllogisme fallacieux, une chanteuse noire est souvent assimilée à une rappeuse.

Avec lemonde

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