La campagne pour le referendum du dimanche 18 juin 2023 a encore prouvé, après le coup d’arrêt du 18 Août 2020, que la démocratie malienne est chancelante pour ne pas dire qu’elle est à l’agonie. Jamais une campagne électorale, qu’elle soit référendaire, ou présidentielle, n’a été aussi pauvre en débats que celle du referendum du 18 juin. Jamais le peuple malien n’a été aussi divisé que pendant cette période de campagne, censée pourtant rassembler tous les maliens autour de la nouvelle loi fondamentale et du Mali tout court. Jamais l’opposition n’a été aussi muselée, vilipendée et vouée aux gémonies comme un mal propre que pendant cette campagne référendaire. De l’avènement de la démocratie à nos jours c’est la toute première fois que l’on assiste à une campagne aussi monotone que pauvre. Au lieu d’utiliser la force de l’argument, nous avons plutôt assisté à l’argument de la force pour empêcher le camp du Non de s’exprimer. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir de quoi « l’écrasante majorité du camp du OUI » a-t-elle si peur au point d’empêcher « la minorité du camp du Non » de se rassembler pour informer et sensibiliser le peuple autour de son non ? En effet, le gouvernement a refusé sans raison valable, la maison des Aînés et l’hôtel les Colonnes pour la tenue de sa conférence de presse. On peut affirmer sans risque de se tromper que le camp du Non a été empêché de s’exprimer, donc il n’a pas été équitablement traité que celui du Oui par les médias d’Etat. Et le Comité National de l’égal accès aux médias d’Etat s’est fourvoyé dans une complaisance malsaine. Le hic est que ces pratiques antidémocratiques sont faites au nez et à la barbe des partis issus du Mouvement démocratique, sans qu’il n y ait la moindre condamnation.

Comment des partis historiques, issus du Mouvement démocratique comme le CNID Faso Yirawa Ton, l’ADEMA-PASJ, l’URD, le RPM, bien qu’ils aient choisis le camp du Oui, peuvent-ils s’accommoder des telles pratiques antidémocratiques ? Savent-ils qu’en observant un silence assourdissant face aux dérives autoritaires du gouvernement qu’ils se rendent coupables de complicité gravissime dans la déconstruction des précieux acquis du mouvement démocratique dont ils sont d’ailleurs les chantres ? Ils auraient dû condamner avec la dernière énergie ces actes démocraticides et cela pour l’histoire et pour prouver à la face de l’opinion qu’en dépit de leur soutien aux autorités de la transition et à leur projet, ils sont des fervents défenseurs de la démocratie. Le silence des partis politiques est coupable et leur inaction face à cette entreprise de destruction de la démocratie est inquiétante et dangereuse.

Que force reste à la démocratie ! Après les années de plomb du régime militaro-fasciste du général Moussa Traoré, le peuple souverain du Mali a fait le choix de la démocratie. Pour rappel cette démocratie a été d’ailleurs acquise au prix d’énormes sacrifices y compris en vies humaines. Donc aujourd’hui la seule alternative qui s’offre à notre pays c’est bien entendu la démocratie. Elle peut avoir ses failles, ses limites et parfois même une frange importante se dit flouer car ses préoccupations majeures ne sont pas prises en compte alors qu’on a chanté sous tous les toits qu’elle est le meilleur mode de gestion des affaires d’un pays. Mais elle reste pour le moment le mode de gouvernance préféré de l’écrasante majorité des maliens. Les autorités doivent s’en accommoder en permettant à tous les citoyens de jouir des principes de la démocratie.

Nous osons espérer que le nouveau gouvernement post referendum tirera tous les enseignements des ratés de la campagne référendaire pour corriger les différents couacs et permettre à notre démocratie de marcher sur des bons pieds au grand bonheur du peuple. Les autres scrutins sont cruciaux donc une correction des lacunes et autres manquements aux principes démocratiques s’impose pour la paix, la quiétude et la tranquillité pré et post électorale, car nous savons tous que les périodes électorales n’ont jamais été des longs fleuves tranquilles au Mali.

Youssouf Sissoko

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