Il n’y a pas pire hérésie que de vivre dans une illusion qui finira par vous rattraper. Après deux décennies de régime démocratique les Maliens découvrent l’amère réalité  que le Mali vivait sur des piliers qui ont été rouillés par les mensonges. Dans l’imaginaire populaire, on attend dire à chaque fois que le mensonge ne résiste pas  à la loi de la vérité.

Contrairement à  ce que l’on dit, c’est nous qui passons sinon le temps ne bouge pas. Après 31 ans de parti unique, le peuple malien pensait inaugurer une ère nouvelle avec la naissance de cette nouvelle façon de gouverner qui est la course entre les formations politiques pour la conquête du pouvoir  par la voie des urnes. Mais toute l’Afrique ne tardera pas à déchanter   car toutes les cellules dormantes des rivalités tribales éclateront au grand jour avec son lot de sanglantes guerres civiles qui prendront des tournures génocidaires comme au Rwanda en 1994.

Le Mali n’a pas dérogé à cette tragédie avec une décentralisation inadaptée aux réalités socioculturelles du pays. En son temps le président Alpha Oumar Konare disait à qui veut l’entendre  que l’une des causes de la rébellion au nord est le manque de décentralisation. L’opposition loin d’alerter sur la mauvaise gouvernance qui rongeait les freins du Mali était plutôt préoccupée par    les questions  de postes de responsabilité, histoire de se remplir le tube digestif et servir sa famille politique et biologique. Ce faisant, ils ont envoyé le Mali par le fond.

Mais bon, il faut les comprendre l’habitude est une seconde nature parce que les masques du mensonge ne dure que le temps d’une petite matinée. Nous sommes  le 22 mars 2012 pendant que le président Amadou Toumani Toure se bat comme un beau diable pour pouvoir stopper la progression foudroyante des combattants du Mouvement national  de libération de l’Azawad  (MNLA) associé à des groupes terroristes, des militaires outrés par les propos du ministre de la défense le général Sadio Gassama  décident de marcher sur le palais de Koulouba pour manifester leur mécontentement et réclamer plus de moyens pour aller croiser le fer contre les hordes d’envahisseurs. Simple  revendication, les événements prennent    une autre tournure pour devenir une mutinerie. Une mutinerie qui aboutira au premier coup d’état du Mali dit démocratique.

En effet c’est à la télévision nationale que le monde apprendra   la chute du régime du président Amadou Toumani Toure qui a remué ciel et terre pour que le Mali soit un havre de paix. Mais le soldat de la démocratie victime d’une intense campagne d’intoxication ne tardera pas à se rendre compte que le ‘’consensus’’ qu’il avait prôné n’était pas la bonne solution. L’histoire nous enseigne que pendant les grands jours de danger c’est l’union sacrée autrement dit un bloc soudé derrière le chef suprême jusqu’à la victoire finale.

Mais au Mali et dans la plupart des pays africains, c’est le contraire, une fois que le prince du jour tombe chacun tourne les talons. ATT qui était l’ami des enfants, le grand bâtisseur, l’apôtre de la paix  l’a appris à ses dépens. Général cinq étoiles, il est obligé de quitter le palais de Koulouba en vitesse avec sa famille pour se refugier au quartier de Hamdallaye ACI. Comme seule consolation pour le vieil commando, la bourse du travail reçoit une flambée de personnes venues manifester contre le coup d’état qui semblait   dormir à tout jamais dans les catacombes du moins pour ce qui est du cas du Mali.

Au même moment l’opposant devant l’éternel et non moins président du parti SADI qui a pris la route de l’exil Docteur Oumar Mariko crée le Mouvement populaire du 22 mars (MP22)  dans l’espoir qu’il va devenir enfin Premier ministre de la junte militaire dirigée par le capitaine bombardé général Amadou Aya Sanogo à la tête du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat  (CNRDRE). Un autre mouvement verra le jour au même moment, la Coordination des organisations patriotiques du Mali dirigée par Hamadoun Amion Guindo, le leader syndicale de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali et le Docteur Adama Traore.

Le hic ce que le mouvement a organisé une grande marche à la veille même de la chute de la ville de Konna tombée entre les mains du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) , Ançardine et  AQMI. Heureusement que le Professeur Dioncounda Traore, président de la transition, chef de l’Etat avec le soutien du président du Niger Mamadou Issoufou et de celui de la Côte d’Ivoire  Alassane Dramane Ouattara a obtenu de la France, l’ancienne puissance coloniale, une intervention rapide qui permettra de reconquérir tout le nord du Mali. Les deux leaders de la COPAM qui avaient juré la main sur le cœur qu’ils ne feront pas partie d’un gouvernement d’union nationale ont envoyé discrètement  leurs CV. A la tombée de la nouvelle, ils seront victimes d’une défenestration. Ils n’auront la vie sauve qu’en prenant la poudre d’escampette.

Rappelons que les 40 partis politiques et toutes les organisations de la société civile  qui ont juré le 22 mars 2012 de sauver la démocratie n’étaient pas loin des arcanes du pouvoir du président ATT ce qui a justifié leur prise de position. A la faveur du gouvernement d’union nationale après la chute du Premier ministre de plein pouvoir Cheick Modibo Diarra, ils seront présents dans le gouvernement du Premier ministre Diango Cissoko. Le comportement qui a marqué au fer rouge le peuple malien est sans doute Ouagadougou. Dans la capitale du Burkina Faso, le président Blaise Compaore président en exercice de la CEDEAO a été déçu par le comportement de la délégation malienne qui s’est livré en spectacle pour une histoire de Per diem.  Croyant son heure arrivée le leader du parti SADI est allé jusqu’à empêcher l’atterrissage des appareils de certains présidents  de la CEDEAO.

Comme, il a raté le coche, il n’hésitera  pas a fermé les yeux lorsque des manifestants sont partis au palais de Koulouba pour forcer à la démission le  président de la transition, le Professeur Dioncounda Traore qui conformément à la constitution de la troisième République a  succédé au président Amadou Toumani Toure. Il était le président de l’Assemblée nationale.   Lors de la présidentielle de 2013, après la victoire de Ibrahim Boubacar Keita au premier tour, le candidat de l’ADEMA Dramane Dembele  par le jeu des alliances a promis de soutenir feu Soumaila Cisse porte étendard du parti URD. Soumaila se rendra même au siège de l’ADEMA mais contre toute attente le parti de la Ruche orientera ses militants vers IBK et son parti le RPM. Les cadres de l’ADEMA savaient que ce dernier allait venir donc il fallait prendre position, histoire de gagner quelques fauteuils ministériels.

Ce qui a été le cas effectivement, Soumaila Cisse est parti au second tour contre IBK   sans l’ADEMA. IBK lors de la campagne pour sa réélection en 2018, les yeux rouges de colère   n’a pas hésité à dire que certains n’ont pas craché dans la soupe mais quand il s’est agit de laver la vaisselle, ils ont tout bonnement disparu. La déception du président IBK  sera encore plus grande quand, il verra la composition du M5RFP. Lors d’une interview, Me Kassim Tapo n’a-t-il pas dit qu’à cause de 10 pauvres millions, Me Aly Bathily a oublié son sac et son téléphone chez IBK. Si, le président Alpha a pu échapper à la bouche des canons, c’est parce qu’on était au début de la démocratie. Il a dû faire contre bon gré mauvaise fortune en acceptant l’opposition incarnée par le CNID de Me Mountaga Tall  dans le gouvernement de Me Abdoulaye Sekou Sow après la démission du Premier Younoussi Toure. Pensant que son pouvoir va se terminer en eau de boudin, tous les  ministres de l’opposition rendent le tablier. Le mot d’ordre ne sera pas respecté par Boubacar Karamoko Coulibaly qui claquera la porte du PDP.

En 1997 après une bataille juridique Tiebile Drame et Me Hamidou Diabate vont fonder le PARENA pour pouvoir se  faire une santé financière. Le premier deviendra ministre des zones arides et semi-arides, le second ministre de la justice garde  des Sceaux, Yoro Diakita avec le BARA deviendra ministre de l’énergie et des mines.  En espérant rentrer dans le gouvernement de Choguel, les leaders des partis traditionnels à part quelques exceptions ont demandé aux militants de voter en faveur du ‘’OUI’’. D’autres parce qu’ils trainent des barriques et il faut échapper à la justice. Certains savaient que leurs militants allaient voter ‘’Oui’’ au référendum donc, ils n’avaient pas le choix.   C’est pour toutes ces raisons que  certains hommes  politiques maliens sont  devenus le dindon de la farce.

Badou S. Koba

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