Quelque 12 700 membres de l’United Auto Workers (UAW), le syndicat des employés de l’automobile des États-Unis, sont officiellement en grève.

Trois usines dans autant d’États – en Ohio, au Missouri et au Michigan – sont visées par le débrayage. Elles appartiennent à Ford, General Motors (GM) et Stellantis, qui contrôle Chrysler, les constructeurs au cœur du conflit de travail.

Le président du syndicat, Shawn Fain, avait annoncé son intention de déclencher cette mobilisation sur les réseaux sociaux vers 22 h si aucune entente n’était conclue avant minuit.

M. Fain a précisé que les syndiqués d’autres usines continueront de travailler. Il les a cependant enjoint à se tenir prêt à prendre leur tour en fonction de l’évolution des négociations. Le syndicat représente quelque 146 000 employés du trio aux États-Unis.

Nous ne laisserons pas le Big Three continuer à faire traîner les discussions pendant des mois.

Une citation deShawn Fain, président de l’United Auto Workers

Salaires, congés et retraites au cœur du différend

L’UAW réclame un relèvement des salaires de 36 % sur quatre ans, alors que les trois constructeurs américains n’ont pas offert plus que 20 % (Ford), selon le leader syndical.

Les trois géants historiques de Détroit ont notamment aussi refusé d’accorder des jours de congés supplémentaires et d’augmenter les retraites, assurées par des caisses propres à chaque entreprise.

Dans la foulée de l’annonce de la grève, le groupe Ford a fait valoir que le syndicat avait déposé une contre-proposition jeudi, mais que celle-ci n’était pas satisfaisante et qu’elle pourrait même faire doubler le coût de la main-d’œuvre.

Jim Farley répond aux questions des journalistes.
Jim Farley, président et chef de la direction de Ford Motor Company, s’adresse aux journalistes au sujet des négociations contractuelles de l’UAW au Salon international de l’auto d’Amérique du Nord à Détroit, le mercredi 13 septembre 2023. PHOTO : ASSOCIATED PRESS / PAUL SANCYA

Ford aussi s’est dit, par voie de communiqué, absolument résolu à parvenir à un accord récompensant les employés et protégeant la capacité de Ford à investir pour le futur pendant la transformation de l’industrie automobile vers l’électrique.

Shawn Fain veut faire une grève historique dans les trois groupes, mais nous voulons écrire l’histoire avec un accord historique, a lancé pour sa part Jim Farley, patron de Ford.

Selon son groupe, la contre-proposition transmise jeudi soir par l’UAWn’a montré que peu de différences par rapport aux demandes initiales du syndicat. Ford a qualifié l’offre qu’il avait faite au syndicat il y a plus de deux jours d’historiquement généreuse avec d’importantes hausses salariales et d’autres avantages.

Le président de General Motors (GM), Mark Reuss, a estimé peu avant lui sur la même chaîne constituerait une issue très très triste avec des conséquences importantes. Pour une personne dans nos usines qui ne travaille pas, ce sont six autres dans la communauté qui ne travaillent pas, a-t-il affirmé.

Un porte-parole de GM avait indiqué en mi-journée qu’une nouvelle offre avait été faite à l’UAW dans la matinée.

Contactée par l’AFP, Stellantis n’a pas immédiatement répondu. Mercredi soir, l’entreprise affirmait vouloir discuter de bonne foi pour parvenir à un projet d’accord avant l’échéance.

Shawn Fain a opté pour une stratégie peu orthodoxe pour négocier une nouvelle convention collective. Ses prédécesseurs choisissaient de dialoguer avec une seule compagnie pour créer un modèle d’entente que suivraient les autres. M. Fain a plutôt choisi de négocier avec les trois en même temps, les montant les unes contre les autres pour qu’elles rivalisent dans leurs offres.

Effets économiques et politiques d’une grève

Pour Shawn Fain, le mouvement constitue un tournant, qu’il compare aux années 1930, notamment la grève de 1936-1937 chez General Motors à Flint (Michigan), véritable acte de naissance de l’UAW, créée en 1935.

Le cabinet de conseil Anderson Economic Group (AEG) estime qu’une grève de 10 jours pourrait représenter plus de cinq milliards de dollars de perte de revenus pour l’économie américaine.

La grève ne perturbera pas une majorité du marché automobile américain. Les usines de Tesla, Toyota, Honda et Mercedes, qui ne sont pas syndiquées, représentent plus de la moitié de véhicules vendus aux États-Unis. Cela dit, les Big Three produisent certaines des véhicules les plus populaires au pays.

Joe Biden au volant d'une camionnette.
Joe Biden, vu ici au volant d’un F-150 électrique de Ford, pourrait lui aussi ressentir les contre-coups de cette grève. PHOTO : (NICHOLAS KAMM/AFP/GETTY IMAGES)

Et un conflit de travail prolongé pourrait avoir des conséquences politiques pour le président Joe Biden, dont le bilan économique est critiqué, en particulier du fait de l’inflation tenace installée aux États-Unis.

À un peu plus d’un an du scrutin présidentiel, le chef de l’État marche sur des œufs, entre son soutien affiché aux syndicats et le spectre d’un coup porté à l’économie américaine par une grève.

Il a parlé par téléphone jeudi soir avec Shawn Fain et avec les dirigeants des constructeurs pour faire le point sur les négociations.

Mi-août, il avait plaidé pour un accord gagnant-gagnant et équitable renforçant les droits des travailleurs pendant la transition vers les véhicules électriques.

Consommateurs et concessionnaires sont, en général, relativement protégés des effets d’une grève courte, a expliqué le vice-président du cabinet AEG, Tyler Theile.

Mais avec des stocks représentant un cinquième de ceux que possédait l’industrie en 2019, lors de la dernière grève chez GM, ils pourraient être touchés beaucoup plus rapidement qu’il y a quatre ans, selon lui.

On arrive au quatrième trimestre, période durant laquelle on voit le plus de ventes de camionnettes et de gros VUS, qui sont très rentables pour ces trois constructeurs, rappelle Jessica Caldwell, du site spécialisé Edmunds.com.

S’ils n’en ont pas suffisamment en stock, ils vont manquer des ventes, ajoute-t-elle.

À la clôture de Wall Street, les titres de Stellantis (-0,58 %) et de Ford (-0,16 %) baissaient et celui de GM était totalement stable.

Les discussions se poursuivent au Canada

Stellantis, GM et Ford sont toujours en discussions avec leurs salariés canadiens, représentés par le syndicat Unifor.

Unifor a entrepris les discussions le 10 août, en présentant des propositions à Stellantis (propriétaire de Chrysler), Ford et General Motors. Il a choisi de négocier d’abord avec Ford.

Les négociations en cours auront des répercussions pour les 18 000 employés canadiens de trois compagnies, puisque l’entente conclue avec le premier constructeur sert généralement de modèle aux deux suivantes.

La présidente du syndicat, Lana Payne, a indiqué que les négociations se poursuivent à quelques jours de l’expiration de la convention collective qui prend fin lundi à 23 h 59.

Avec les informations de Reuters et Agence France-Presse

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