Les Etats-Unis rejoignent l’Unesco, qu’ils avaient quittée sous Trump

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En pleine rivalité avec la Chine, les États-Unis réintègrent l’Unesco. Washington avait claqué la porte de l’agence onusienne sous Donald Trump en raison de « partis pris anti-israéliens persistants ».

Les Etats-Unis ont officiellement rejoint l’Unesco, qu’ils avaient quittée sous la présidence de Donald Trump, après un vote favorable ce vendredi lors d’une conférence générale extraordinaire à Paris.

Cette volonté de l’administration Biden de réintégrer l’agence onusienne s’inscrit dans un contexte général de rivalité croissante avec la Chine, alors que Pékin souhaite transformer l’ordre multilatéral international mis en place après la Second Guerre mondiale, dont l’Unesco est une émanation.

« L’administration Biden reconnaît, en termes de politique de pouvoir, que si vous ne participez pas à l’Unesco, vous abandonnez le leadership ou une position de premier plan à la Chine » explique Scott Lucas, professeur émérite à l’université de Birmingham interrogé par euronews.

Ne pas laisser Pékin occuper l’espace

« Ce retour des Etats-Unis au sein de l’UNESCO fera l’objet d’un certain nombre de prises de position. Les Chinois, par l’intermédiaire du journal du parti communiste, diffusent des messages selon lesquels les États-Unis font cela simplement pour essayer de prendre l’avantage sur nous« , poursuit-il.

132 Etats ont voté pour Le retour des États-Unis, 15 se sont abstenus et dix s’y sont opposés, dont l’Iran, la Syrie, la Russie, et surtout la Chine, qui ne s’était pourtant récemment pas opposé à cette réintégration.

En mars, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait estimé que l’absence américaine permettait à Pékin de peser davantage que les Etats-Unis sur les règles de l’intelligence artificielle (IA), quand l’Unesco a produit une recommandation sur l’éthique de l’IA dès 2021.

« Je crois vraiment que nous devrions revenir à l’Unesco, pas pour faire un cadeau à l’Unesco, mais parce que les choses qui se passent à l’Unesco ont de l’importance« , avait-il déclaré.

« Si vous voulez vraiment dire que vous avez participé à la coopération mondiale sur une série de questions, qu’il s’agisse du changement climatique, de la liberté de la presse ou du progrès technologique et scientifique, vous devez faire partie de l’UNESCO » indique Scott Lucas.

Et « soyons honnêtes« , ajoute-t-il, « pendant de nombreuses années, les États-Unis ont été le principal bailleur de fonds de l’Unesco et ont beaucoup à apporter à l’Unesco en termes de coopération » suggère-t-il.

Histoire tumultueuse avec l’Unesco

Depuis 2011, et l’admission de la Palestine au sein de l’Unesco, les Etats-Unis, dirigés alors par Barack Obama, avaient stoppé tout financement à l’organisation onusienne, un énorme coup d’arrêt pour celle-ci, alors que les contributions américaines représentaient 22% de son budget.

Washington avait ensuite quitté l’Unesco en octobre 2017 en dénonçant les « partis pris anti-israéliens persistants » de cette institution. Ce retrait, accompagné de celui d’Israël, était effectif depuis décembre 2018.

La dette américaine auprès de cette organisation onusienne dédiée à la culture, aux sciences et à l’éducation, contractée entre 2011 et 2018, atteint aujourd’hui 619 millions de dollars, soit davantage que le budget annuel de l’Unesco, évalué à 534 millions de dollars.

Les Etats-Unis ont indiqué avoir demandé au Congrès américain de décaisser 150 millions de dollars pour l’année fiscale 2024, un montant équivalent devant être déboursé les années suivantes « jusqu’à résorption » des arriérés à l’Unesco.

Les pays opposés à Washington critiquent cette réintégration

Ils avaient déjà quitté l’Unesco en 1984, sous Ronald Reagan, invoquant l’inutilité supposée et les débordements budgétaires de l’organisation qu’ils avaient ensuite réintégrée en octobre 2003.

« Les Etats-Unis se sont déjà retirés deux fois de l’organisation. Nous ne savons pas combien de fois encore nous devrons les «accueillir favorablement»« , a ironisé, désabusé, un diplomate nord-coréen, qui était opposé à l’emploi de cette terminologie dans la résolution onusienne. Un diplomate russe a pour sa part critiqué les « droits privilégiés » que s’arroge Washington.

« La manière dont les Etats-Unis ont demandé ce retour n’est pas acceptable » et s’apparente à « une violation de l’esprit de la Constitution » de cette institution, a de son côté fustigé un diplomate iranien.

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