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Un leader politique sait tenir ses troupes, par Alain Lobognon

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Nous étions en septembre 2000. Les médias d’État, notamment Fraternité Matin, Radio Côte d’Ivoire et la chaîne de télévision publique, la RTI, martelaient à coups d’éditoriaux que la candidature du candidat du RDR à la présidentielle d’octobre 2000 serait rejetée.

La rumeur politique en avait décidé ainsi, et le droit semblait devoir s’aligner sur ce rejet annoncé. Quelque part à la rue des Jardins, dans nos bureaux, nous restions optimistes et placions notre confiance en la justice constitutionnelle, qui avait la responsabilité de trancher en se fondant sur les documents fournis par chaque candidat.

Quelques semaines plus tôt, j’avais été très actif au sein du pool d’avocats de Monsieur Alassane Ouattara, travaillant à la constitution du dossier de notre champion pour le scrutin présidentiel destiné à clore la transition militaire dirigée par le général Robert Guéï.

Malgré les recommandations contraires du secrétaire général adjoint, Amadou Gon Coulibaly, j’avais pris l’initiative de conserver une copie supplémentaire du dossier complet remis à chaque membre de la juridiction présidée par le juge Tia Koné.

Moins de six jours avant le verdict de Tia Koné, au cours d’une réunion du cabinet, Monsieur Alassane Ouattara nous demanda, à Amadou Coulibaly dit AM’S et à moi, de tout mettre en œuvre pour éviter tout dérapage en cas de rejet de sa candidature. Il nous avait préalablement informés de la forte probabilité d’un tel rejet, orchestré par ceux qui avaient juré qu’il ne serait jamais candidat à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

Nous prîmes acte de la consigne de notre chef. En politique, quand un leader parle, sa base écoute et s’exécute. Pourtant, mon optimisme restait intact, convaincu que le dossier de notre chef serait validé. C’est avec une profonde tristesse que j’entendis Tia Koné et ses collègues juges rejeter la candidature de Monsieur Alassane Ouattara, sous prétexte que certaines pièces du dossier n’étaient pas signées.

Un grossier mensonge

Un grossier mensonge! Comment pouvait-on mentir ainsi au peuple ivoirien ? La copie supplémentaire que j’avais conservée prouvait l’absurdité de ces allégations. Cette Cour constitutionnelle, visiblement instrumentalisée, avait pour mission de barrer la route à un candidat qui remplissait pourtant tous les critères pour devenir le prochain président de la République de Côte d’Ivoire.

Vingt-cinq ans après 2000, voir des responsables politiques tenter maladroitement et malhonnêtement de s’imposer sur un bulletin de vote, par des manœuvres empreintes de bêtise politique, est consternant. Un leader politique doit faire preuve de retenue. Il doit savoir tenir ses troupes. Assumeront-ils les conséquences des troubles qu’ils risquent de provoquer en annonçant une « apocalypse » qu’ils veulent inévitable, car aucun Conseil constitutionnel sérieux ne pourrait valider des candidatures illégales au regard des lois de la République ?

Alain LOBOGNON via X

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