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RDR, un parti au pouvoir avec les réflexes de l’opposition (Opinion)

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Le Rassemblement des Républicains (RDR), devenu le cœur du RHDP, gouverne la Côte d’Ivoire depuis plus d’une décennie. Pourtant, à observer ses pratiques et ses réflexes, on pourrait croire qu’il est encore dans l’opposition. C’est le paradoxe d’un parti qui, malgré son installation durable aux commandes de l’État, semble incapable de se départir de sa vieille culture de contestation et de confrontation.

Des enlèvements là où une convocation aurait suffit. Le signe le plus frappant de cette dérive est la gestion des voix discordantes. Dans un État de droit normalisé, un citoyen soupçonné de dérapage, qu’il soit journaliste, activiste ou opposant, devrait simplement recevoir une convocation régulière des forces de l’ordre ou de la justice. Mais au lieu de cela, ce sont des enlèvements en pleine rue, des arrestations musclées et spectaculaires qui deviennent la norme. Les exemples récents abondent : Le PPA-CI de Laurent Gbagbo a dénoncé en août 2025 l’« enlèvement » d’au moins six militants, conduits vers des destinations inconnues avant que certains ne soient retrouvés à la préfecture de police.

Le ministre Charles Rodel Dosso a été arrêté par des hommes encagoulés à son domicile à Bingerville, sans mandat présenté, alors qu’une convocation officielle aurait suffi. Des cadres comme Dia Houphouët et Damana Pickass ont été convoqués à la préfecture de police et auditionnés toute la nuit, de 22h à 5h du matin, dans des conditions qui relèvent plus de l’intimidation que de la procédure régulière.

Ces pratiques, dignes de régimes aux abois, rappellent davantage les réflexes de l’opposition harcelée que le comportement d’un pouvoir serein et légitime. Le RDR, qui a lui-même souffert de brimades et d’injustices quand il était minoritaire, semble aujourd’hui reproduire les méthodes qu’il dénonçait hier.

Un parti prisonnier de ses réflexes

En se comportant comme s’il devait toujours prouver sa légitimité ou museler ses adversaires, il entretient une atmosphère d’insécurité politique qui fragilise la confiance entre gouvernants et gouvernés. Or, un parti au pouvoir devrait se distinguer par la hauteur, la stabilité et la capacité à apaiser.

Au lieu d’user des outils institutionnels que la République met à sa disposition – convocation judiciaire, débats démocratiques, mécanismes de régulation – le RDR préfère brandir la peur et la répression. Une telle posture traduit moins la force d’un parti dominant que l’angoisse d’un mouvement encore enfermé dans ses vieux réflexes de lutte.

La question est donc claire : comment un parti qui a tant revendiqué la démocratie peut-il, une fois installé au pouvoir, persister à gouverner avec les armes de l’opposition ? À force de confondre gouvernance et intimidation, le risque est grand que le RDR/RHDP finisse par se déconnecter des aspirations profondes du peuple, celui-là même dont il se réclame l’héritage.

Stéphane Kool

Intelligence marketing advisor

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