En déplacement à Moscou, le candidat indépendant Ahoua Don Mello a rencontré mardi des responsables politiques russes, alors que sa proximité avec le Kremlin suscite des inquiétudes d’ingérence.
Le candidat à la présidentielle ivoirienne Ahoua Don Mello a annoncé avoir eu, mardi 16 septembre à Moscou, une série de rencontres avec des responsables politiques et institutionnels russes, confirmant son positionnement favorable à un rapprochement avec le Kremlin.
Plusieurs officiels rencontrés
Dans un message publié sur sa page Facebook ce 17 septembre, l’ancien ministre et ex-vice-président du PPA-CI a indiqué avoir échangé avec des experts de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, autour des perspectives de coopération entre la Russie et l’Afrique pour l’industrialisation du continent. Il a également affirmé avoir rencontré des proches collaborateurs du président Vladimir Poutine, dont Georgy Muradov, conseiller à la présidence et vice-Premier ministre de Crimée, ainsi que Dimitri Savelev, vice-président de la Commission des affaires internationales de la Douma.
Ahoua Don Mello dit avoir ensuite eu un entretien avec Alexander Babakov, vice-président de la Douma et président du parti Russie Juste, formation alliée à Russie Unie, le mouvement du président Poutine. Selon lui, ces discussions avaient pour objectif de renforcer les liens de coopération et de partager sa vision d’une “industrialisation de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique” afin de résorber le chômage des jeunes et de permettre au continent de “tirer localement la plus grande partie de ses ressources”.
Soupçons d’ingérence
Ce rapprochement avec Moscou intervient alors que plusieurs observateurs s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la Russie dans le scrutin ivoirien. Dans un rapport publié le 1er août, l’International Crisis Group note que “certains États du Sahel se réjouiraient d’un rapprochement entre Abidjan et le Kremlin”, ajoutant que Moscou, déjà impliqué dans plusieurs processus électoraux en Europe, dans le Caucase et en Afrique, “pourrait être tenté d’influencer le résultat du scrutin ivoirien”. Pour certains analystes, les liens assumés de Don Mello avec les autorités russes donnent une résonance particulière à ces mises en garde.
Compagnon de longue date de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello s’est présenté en indépendant après avoir été démis de ses fonctions au sein du PPA-CI fin juillet, à la suite de l’annonce de sa candidature contre l’avis du parti. Il avait alors expliqué qu’il s’agissait d’une candidature de précaution, dans l’éventualité où l’ancien président, frappé d’inéligibilité, ne pourrait concourir. Ingénieur de formation et ancien directeur général du BNETD, il a occupé plusieurs postes ministériels sous Laurent Gbagbo. Depuis 2021, il évolue à Moscou comme conseiller spécial du patronat russe pour les investissements en Afrique et, depuis 2023, comme vice-président de l’Alliance internationale des BRICS, chargé des projets stratégiques.
Dans un communiqué distinct, rendu public le 16 septembre, Don Mello a affirmé “confier” sa candidature à des figures de l’opposition écartées de la course, dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et Pascal Affi N’Guessan. Il a dénoncé “l’instrumentalisation de la justice” et jugé que la Côte d’Ivoire se trouve face au choix entre “l’accouchement d’une crise aux conséquences imprévisibles ou la possibilité de la faire avorter par le dialogue”.
Seul représentant issu du PPA-CI validé par le Conseil constitutionnel parmi la soixantaine de dossiers déposés, Don Mello affrontera le président sortant Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat, ainsi que quatre autres candidats retenus pour l’élection du 25 octobre. Dans un climat politique tendu, il dit vouloir placer son combat sous le sceau de la souveraineté et du panafricanisme.