L’ancien ministre ivoirien de l’Équipement, Ahoua Don Mello, a vivement réagi aux positions de Laurent Gbagbo et de Pascal Affi N’Guessan, tous deux déclarés inéligibles à la présidentielle d’octobre 2025.
En marge d’une émission télévisée consacrée à la précampagne, le candidat à la magistrature suprême a dénoncé ce qui pourrait être considéré comme une fuite de responsabilité politique de la part de ses anciens compagnons de lutte.
Les positions d’Affi et Gbagbo
Le 18 septembre dernier, le fondateur du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo, avait annoncé, par la voix de sa porte-parole Me Habiba Touré, qu’il ne soutiendrait aucun candidat au scrutin du 25 octobre. Une décision qui semble être soutenue par Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), lui aussi recalé par le Conseil constitutionnel pour insuffisance de parrainages. Ces deux prises de position ont suscité la réprobation d’Ahoua Don Mello, qui y voit un renoncement politique.
« Ils ont estimé qu’il valait mieux ne pas répondre, ou alors répondre négativement. Mais ce qu’ils oublient, c’est qu’aussi bien le FPI que le PPA-CI sont des fronts », a-t-il lancé, lors de son récent passage sur une chaîne nationale. L’ancien porte-parole du gouvernement Gbagbo estime que le militantisme ne saurait se réduire à la fidélité à une personne.
Je suis arrivé au FPI seul, en venant d’un parti communiste. J’y ai apporté ma vision des choses dès sa création. Depuis lors, des personnes ont adhéré à cette vision et sont aujourd’hui membres du PPA-CI
« Je suis arrivé au FPI seul, en venant d’un parti communiste. J’y ai apporté ma vision des choses dès sa création. Depuis lors, des personnes ont adhéré à cette vision et sont aujourd’hui membres du PPA-CI », a-t-il rappelé, tout en affirmant que la majorité de ses parrainages proviennent des militants du parti de son ex-mentor. « Même le parrainage a été assuré à plus de 80 % par des militants du PPA-CI », a-t-il précisé.
Relations tendues
L’ancien ministre entretient depuis fin juin des relations tendues avec Laurent Gbagbo. Sa décision de se présenter à la présidentielle en dépit de la ligne officielle du PPA-CI — qui reste attaché à la candidature symbolique de Gbagbo malgré son inéligibilité — a été vécue comme une trahison au sein du parti. Plusieurs cadres favorables à sa démarche ont d’ailleurs été révoqués. Une décision que Don Mello relativise. « Cette révocation s’inscrit dans une logique, car nombreux sont ceux qui partagent ma position et s’engagent à mes côtés, quitte à perdre leurs responsabilités au sein du parti », a-t-il soutenu.
Se posant en alternative crédible au sein du camp progressiste, Ahoua Don Mello affirme vouloir poursuivre « le combat pour la souveraineté nationale et la justice sociale », en participant activement à la compétition électorale. Une manière, selon lui, de rester fidèle à l’esprit du combat initial, plutôt qu’à la lettre des consignes partisanes.
À quelque jours de l’ouverture officielle de la campagne, cette sortie illustre les profondes divisions au sein de l’ex-majorité présidentielle, désormais éclatée entre fidélité à Gbagbo, repositionnement politique et ambitions personnelles.
Jean Kelly KOUASSI