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PRÉSIDENTIELLE 2025 : AMNESTY ACCUSE LE POUVOIR IVOIRIEN DE RÉPRIMER LES VOIX DISSIDENTES

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Amnesty International accuse les autorités ivoiriennes de réprimer les manifestations pacifiques, après l’interdiction de rassemblements d’opposition et l’arrestation de plus de 250 personnes à Abidjan.

Amnesty International a appelé jeudi les autorités ivoiriennes à cesser la répression des manifestations pacifiques et à garantir le respect du droit de réunion à quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre. L’organisation de défense des droits humains dénonce des interdictions jugées arbitraires et des arrestations massives intervenues lors de récentes mobilisations de l’opposition.

Interdictions de rassemblements et recours à la force

Dans un communiqué publié le 16 octobre, Amnesty International estime que les autorités ivoiriennes « échouent à respecter le droit à la liberté de réunion pacifique » après la dispersion d’une manifestation à Abidjan et l’arrestation de 255 personnes. L’organisation cite notamment les décisions du Conseil national de sécurité et du préfet d’Abidjan qui, début octobre, ont interdit plusieurs rassemblements organisés par l’opposition.

Le 2 octobre, le Conseil national de sécurité avait annoncé que « toutes les mesures nécessaires » seraient prises pour garantir l’ordre public pendant la période électorale, en interdisant notamment toute manifestation contestant les décisions du Conseil constitutionnel. À la suite de cette annonce, les autorités préfectorales ont interdit des rassemblements prévus les 4 et 11 octobre dans la capitale économique.

Le 11 octobre, les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des groupes de jeunes qui tentaient de se réunir dans le quartier de Cocody, selon des témoignages et des vidéos analysées par Amnesty International. Les autorités ont confirmé 237 arrestations à Abidjan et 18 à Dabou, sans préciser les motifs retenus contre les personnes interpellées.

Amnesty appelle à la libération des manifestants

« Toute personne détenue pour le simple fait d’avoir exercé pacifiquement ses droits humains doit être libérée immédiatement », a déclaré Marceau Sivieude, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. L’organisation exhorte également les autorités à permettre aux personnes arrêtées de consulter un avocat et à informer leurs familles « dans les meilleurs délais ».

Amnesty demande en outre à l’État ivoirien de publier la liste complète des personnes interpellées et de préciser les chefs d’accusation, tout en enquêtant sur tout « recours inutile et excessif à la force » lors des opérations de maintien de l’ordre.

« Le recours à des interdictions générales des manifestations montre que les autorités ivoiriennes violent les dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, tous deux ratifiés par la Côte d’Ivoire », a ajouté M. Sivieude, rappelant que « la manifestation pacifique est un droit, non un privilège ».

Un climat politique tendu avant le scrutin du 25 octobre

Cette montée des tensions intervient dans un contexte politique déjà marqué par les contestations autour de la candidature du président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2010 et candidat à un quatrième mandat. Le 8 septembre, le Conseil constitutionnel a validé cinq candidatures, dont celle du chef de l’État sortant, mais rejeté celles de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam, deux opposants majeurs qui avaient formé une alliance en juin pour exiger une alternance politique.

Depuis, plusieurs partis de l’opposition tentent de mobiliser leurs partisans pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un processus électoral verrouillé. Après l’interdiction du rassemblement du 4 octobre, ces formations avaient annoncé une nouvelle manifestation pour le 11 octobre, également interdite et dispersée. Selon Amnesty, les forces de sécurité ont même brièvement encerclé la résidence de Pascal Affi N’Guessan, leader d’un des partis exclus du scrutin, avant de se retirer.

Le 12 octobre, ces partis ont appelé à des « manifestations quotidiennes » pour réclamer un dialogue politique inclusif avant le vote.

Amnesty International conclut en appelant les autorités ivoiriennes à « respecter, protéger et faciliter la liberté de réunion pacifique », soulignant que le rôle des forces de sécurité devrait être de « permettre aux rassemblements de se dérouler comme prévu, dans un esprit de désescalade et de protection des participants ».

Samuel KADIO

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