YouTube video player
Home LIFE Mort d’Alino Faso en détention : indignation en Côte d’Ivoire et appel...

Mort d’Alino Faso en détention : indignation en Côte d’Ivoire et appel à une réforme carcérale

0

La mort d’Alain Christophe Traoré, plus connu sous le pseudonyme d’Alino Faso, activiste burkinabè détenu à l’École de Gendarmerie d’Abidjan depuis janvier 2025, continue de susciter une onde de choc dans les milieux politiques et militants en Afrique de l’Ouest. L’annonce de son décès, survenu le 24 juillet dans sa cellule, a ravivé les tensions diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, tout en jetant une lumière crue sur les conditions carcérales dénoncées depuis des années par la société civile ivoirienne.

Le mouvement « Trop c’est trop » et le PPA-CI de Laurent Gbagbo ont donné de la voix à la suite de l’annonce du décès de l’influenceur burkinabè Alino. Sont d’abord visées les conditions carcérales dans le pays.

Un décès en détention aux circonstances troubles

Dans un communiqué officiel diffusé le 27 juillet, le procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d’Abidjan a révélé que le détenu avait été retrouvé mort dans sa cellule à 7h30. Selon les autorités judiciaires, il se serait suicidé par pendaison avec un drap après avoir tenté de s’ouvrir les veines.

Âgé de 44 ans, Alino Faso, activiste très actif sur les réseaux sociaux et critique du pouvoir ivoirien, avait été arrêté le 10 janvier 2025. Il était poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation graves : « intelligence avec des agents d’un État étranger », « diffusion de fausses nouvelles », « espionnage », entre autres accusations liées à la sûreté de l’État.

Indignation du PPA-CI : dénonciation de pratiques autoritaires

Dans une déclaration officielle datée du 30 juillet, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), formation politique fondée par l’ancien Président, Laurent Gbagbo, a exprimé sa « profonde tristesse » face à cette mort « brutale ». Le parti pointe directement la responsabilité du gouvernement RHDP, en dénonçant la détention de civils dans des lieux non habilités comme l’École de Gendarmerie, qu’il qualifie de « pratiques dictatoriales rétrogrades ».

« Le gouvernement doit mettre fin à ces arrestations arbitraires et à la détention dans des lieux non officiels, qui bafouent les droits humains », affirme Jean Gervais Tchéidé, Secrétaire général, porte-parole adjoint du PPA-CI.

Le mouvement « Trop c’est trop » tire la sonnette d’alarme sur la situation carcérale

Avant le parti, c’est le mouvement « Trop c’est trop » qui publié une déclaration accablante. Pour ses responsables, la mort d’Alino Faso est l’illustration d’un système carcéral ivoirien à bout de souffle, marqué par la surpopulation, l’insalubrité, le manque de soins médicaux, et des conditions de détention inhumaines.

Damana Pickass, coordinateur du mouvement, a déclaré lors d’une conférence de presse que même si la version officielle est vraie, on ne peut ignorer la brutalité des conditions de détention qui ont pu pousser un homme non encore jugé à une telle extrémité. « Quand bien même nous supposerions que la version du procureur de la République (c’est-à-dire la thèse du suicide, ndlr) soit la vérité, nous ne pouvons pas ne pas nous demander les raisons qui pourraient conduire un tel détenu à abréger sa vie par une solution aussi extrême, que radicale.  Qu’est-ce qui peut pousser un détenu, qui n’est même pas encore condamné par la justice, à un tel acte désespéré ? », s’est-il interrogé. Avant de poursuivre : « La réponse ne pourrait se trouver que dans les conditions de détention ».

Le Président Ouattara interpellé

Le mouvement appelle directement le Président Alassane Ouattara à agir : « Monsieur le Président, ça ne va pas dans nos prisons ! », peut-on lire dans la déclaration rendue publique. « Trop c’est trop » exige un décongestionnement urgent et une réforme en profondeur du système carcéral.

Le mouvement cite plusieurs anciens détenus politiques dont l’état de santé s’est gravement détérioré en prison : Douati Alphonse, Jean-Yves Dipopieu, Samba David, ou encore Assoa Adou, Koua Justin et Dahi Nestor, dont certains sont morts peu après leur libération. Ces cas renforcent les inquiétudes sur les traitements réservés aux prisonniers politiques et aux détenus d’opinion.

Serge Ouitona

No comments

Leave a reply

Please enter your comment!
Please enter your name here

Quitter la version mobile