L’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat présidentiel continue de faire réagir l’opposition. Dans une déclaration faite ce mardi soir, peu après l’intervention du chef de l’État à la télévision nationale, Damana Adia Pickass, secrétaire général du PPA-CI, a exprimé son profond désarroi, qualifiant la journée de « triste pour la démocratie en Côte d’Ivoire ».
très déçus
« Nous avons été très déçus… mais alors là, vraiment déçus de la réaction du président Alassane Ouattara », a-t-il lancé, regrettant une décision qu’il juge en contradiction avec les promesses passées du chef de l’État.
Pour le leader politique, le troisième mandat du Président Ouattara était déjà, selon ses termes, « inconstitutionnel » et a coûté « beaucoup de vies humaines ». Il considère qu’avec cette nouvelle candidature, le Président Ouattara « déchire de façon définitive la loi fondamentale dont il est le garant ».
« Cela est une page très noire pour l’État de droit et la démocratie en Côte d’Ivoire », a-t-il martelé, ajoutant que « la constitution appartient au peuple et le peuple doit veiller à son respect ».
Damana Pickass annonce que le PPA-CI compte « utiliser tous les moyens légaux » pour s’opposer à cette candidature qu’il juge anticonstitutionnelle. Il appelle ainsi à « la mobilisation de tous les démocrates, des militants du PPA-CI, du PDCI, et des sympathisants pour défendre la République ».
« un coup d’État »
Pour Damana Pickass, la candidature d’Alassane Ouattara équivaut à « un coup d’État »
La réaction du secrétaire général du PPA-CI à l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara ne laisse aucun doute sur la gravité qu’il attribue à cet acte politique. Dans un ton ferme, Damana Pickass dénonce ce qu’il considère comme « une récidive démocratique » comparable à un « attentat contre la sûreté de l’État ».
« En 2020, on a justifié un troisième mandat par la mort du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais depuis, cinq ans se sont écoulés. Il avait tout le temps pour préparer un successeur », a-t-il fait remarquer, estimant qu’il s’agissait d’un mandat « additionnel ».
Le cadre du parti fondé par Laurent Gbagbo tire la sonnette d’alarme sur les conséquences d’une telle décision :
« On ouvre le champ à des incertitudes, à des doutes sur la cohésion nationale… La constitution, c’est le socle de notre unité. La violer, c’est briser notre pacte républicain. »
Allant plus loin dans sa critique, Damana Pickass accuse directement le président Ouattara de « perpétrer un coup d’État », en transgressant ce qu’il considère comme les limites constitutionnelles. Selon lui, cette posture présage une « présidence à vie » contraire aux principes démocratiques.
Interrogé sur les actions à venir, le responsable du PPA-CI assure que le parti s’organise :
« Nous sommes un mouvement structuré, une organisation légale. Tous les moyens constitutionnels seront utilisés pour faire barrage à ce quatrième mandat. »
Concernant la marche prévue mais reportée à la demande des autorités, Pickass reste prudent :
« Elle n’a pas été annulée, mais seulement reportée à cause des festivités du 65e anniversaire de l’indépendance à Bouaké. Notre position finale sera communiquée dans les heures ou jours à venir. »
Avec cette déclaration, l’opposition politique prépare visiblement une riposte coordonnée. La scène politique ivoirienne entre désormais dans une phase de haute tension à trois mois du scrutin présidentiel.