Présidentielle 2025: Laurent Gbagbo en directeur de campagne [DC] d’Ahoua Don Mello ?

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À un mois du premier tour de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, le paysage politique ivoirien connaît une recomposition accélérée. Selon plusieurs sources concordantes, Laurent Gbagbo aurait engagé des consultations avec des leaders de l’opposition, qu’ils aient été retenus ou recalés par le Conseil constitutionnel. Objectif : explorer la possibilité d’un rassemblement autour d’une candidature unique, capable de faire face au président sortant, Alassane Ouattara, et à la puissante machine du RHDP.

Dans ce scénario, un nom s’impose : Ahoua Don Mello. Ingénieur, ancien ministre et ex-directeur du BNETD, il incarne pour beaucoup une figure de compromis. Son profil technique, sa réputation de rigueur et son positionnement souverainiste séduisent au-delà des cercles partisans. Certains observateurs évoquent même une campagne menée en tandem avec Laurent Gbagbo comme directeur de campagne, une alliance qui pourrait rebattre les cartes du scrutin.

Une présidentielle sous tension

La validation d’une liste restreinte de candidatures par le Conseil constitutionnel a suscité de vives frustrations. Des figures de l’opposition comme Assalé Tiémoko ont été recalées, renforçant un climat d’exaspération et de défiance.

Dans ce contexte, l’opposition se trouve face à un dilemme : aller en ordre dispersé et risquer une réélection confortable d’Alassane Ouattara, ou se rassembler derrière un candidat unique. Laurent Gbagbo, figure tutélaire du PPA-CI, semble avoir choisi la seconde option en initiant des discussions transversales. L’idée serait de bâtir un front républicain élargi, rassemblant partis de gauche, mouvements citoyens et personnalités recalées de la présidentielle.

Ahoua Don Mello, un profil de compromis

Moins connu du grand public que certains ténors, Ahoua Don Mello présente pourtant un parcours impressionnant :

Docteur-ingénieur, ancien enseignant à la FAST (Université de Cocody) et à l’INPHB ;

Directeur général du BNETD pendant dix ans ;

Ministre de l’Équipement et de l’Assainissement sous Gbagbo ;

Porte-parole du dernier gouvernement avant la chute du régime en 2011.

Intellectuel respecté, spécialiste des questions de développement et de souveraineté économique, il s’est illustré par ses plaidoyers en faveur d’une coopération Sud-Sud et d’une indépendance accrue vis-à-vis des puissances étrangères. Ces positions séduisent notamment la jeunesse panafricaniste et la diaspora.

Son profil non clivant pourrait en faire une alternative crédible aux figures historiques souvent perçues comme trop polarisantes. Contrairement au trio Bédié-Gbagbo-Ouattara qui domine la scène depuis plus de 30 ans, Don Mello incarne une génération de transition : enracinée dans l’histoire récente mais tournée vers l’avenir.

Les enjeux pour l’opposition

PPA-CI (Laurent Gbagbo) : en renonçant à être lui-même candidat, Gbagbo envoie un signal fort de maturité politique. Soutenir Don Mello lui permettrait de garder un rôle central tout en contournant les obstacles juridiques.

PDCI-RDA (Tidjane Thiam) : fragilisé par des divisions internes depuis 2023, le parti d’Houphouët-Boigny doit choisir entre préserver son autonomie ou rejoindre un front uni.

Les recalés (Assalé Tiémoko et autres indépendants) : un ralliement leur permettrait de rester dans la course politique et d’espérer des postes en cas d’alternance.

Mouvements citoyens et diaspora : sensibles au discours souverainiste et panafricaniste, ils voient en Don Mello une figure de renouveau face aux « trois grands ».

Face au RHDP : un pari risqué

Le RHDP dispose d’un avantage considérable : une machine électorale bien rodée, des ressources financières colossales, une administration électorale perçue comme favorable, et un socle électoral fidèle, particulièrement dans le Nord et dans certaines grandes métropoles.

Mais le régime souffre d’une usure du pouvoir : accusations de corruption, inégalités persistantes, sentiment d’exclusion dans certaines régions. L’opposition espère capitaliser sur ce mécontentement diffus en présentant Don Mello comme une alternative apaisée et crédible.

Trois scénarios possibles

Union totale : toutes les forces d’opposition – avec ou sans Simone Gbagbo – se rangent derrière Don Mello. Avec Laurent Gbagbo comme directeur de campagne, cette alliance pourrait créer une dynamique comparable à celle observée au Sénégal avec Bassirou Diomaye Faye en 2024.

Union partielle : seuls le PPA-CI et quelques recalés soutiennent Don Mello, tandis que le PDCI se lance seul. L’opposition resterait divisée.

Échec de l’union : chaque camp part en ordre dispersé, offrant au RHDP une victoire plus aisée, dès le premier ou au second tour.

Vers un tournant historique ?

Au-delà de la bataille électorale, l’éventualité d’un soutien commun à Ahoua Don Mello interroge : la Côte d’Ivoire est-elle prête à tourner la page du trio Bédié-Gbagbo-Ouattara ?

Le choix de l’opposition déterminera non seulement l’issue du scrutin de 2025 mais aussi l’avenir de l’alternance et de la démocratie ivoirienne. Une candidature de Don Mello portée par Gbagbo pourrait marquer un moment charnière de l’histoire politique nationale.

 Alexis Gbanse Douade

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