Cher Monsieur Thiam, par Venance Konan

0
5
Le président ivoirien, Alassane Ouattara (à dr.), et le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam, à Abidjan, le 11 mars 2024. © Sia Kambou/AFP
Le président ivoirien, Alassane Ouattara (à dr.), et le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam, à Abidjan, le 11 mars 2024. © Sia Kambou/AFP

J’ai écouté attentivement l’interview que vous avez accordée à M. Alain Foka, et je vous avoue que certains de vos propos m’ont laissé pantois. C’est la raison pour laquelle je vous adresse cette lettre ouverte. Allons-y point par point.

La Constitution. Vous avez affirmé que vous ne la connaissez pas. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que vous avez dit. Vous voulez diriger un pays et vous ne vous donnez pas la peine de lire sa Constitution ? Combien de pages y-at-il dans la Constitution pour que vous ne puissiez pas la lire ? Pour moi, c’est juste une injure que vous avez proférée contre notre pays en disant que vous voulez en être le président sans vous donner la peine de lire sa Constitution. Cela vous disqualifie totalement pour prétendre le diriger un jour.

Le code de nationalité. Vous avez aussi avoué ne pas le connaitre. Et pourtant vous êtes quand même le mieux placé pour savoir que vous portiez la nationalité française. Peu importe comment. Le minimum pour un homme sérieux qui veut briguer un poste aussi important que la présidence de son pays, est de chercher à savoir les dispositions de la loi concernant les personnes qui ont changé de nationalité. Parce que vous ne pouvez pas dire que vous ignoriez les débats houleux qui ont eu lieu dans ce pays sur les questions de nationalité. Et vous dites que vos juristes ne connaissaient pas cet article 48 qui n’était pourtant pas caché ! Ou vous avez choisi les pires juristes de notre pays, ou votre entourage voulait vous perdre.

Jean Louis Billon. Vous dites que vous ne le connaissez pas. Vous n’êtes pas obligé de la connaitre. Ce n’est pas comme la Constitution. Mais vous dites qu’il n’a rien réalisé dans le pays parce qu’il est héritier. Vous savez, les grosses fortunes dans le monde d’aujourd’hui, tels que les Bouygues, Dassault, Rockfeller, Rothchild et autres, ne sont que des héritiers. Il y en a qui dilapident ce que leurs parents leur ont laissé, et il y en a d’autres qui le fructifient.

Jean Louis Billon est de ceux-là. Et il est aujourd’hui le premier employeur de notre pays, et l’un de ses premiers contribuables. Que peut-on dire de vous ? Vous dites que vous avez signé le troisième pont, réalisé Azito, construit des écoles, etc. Je voudrais vous rappeler que vous ne les avez pas réalisés avec vos propres moyens. Vous avez juste signé des papiers dans le cadre de vos fonctions, sur instruction de vos supérieurs. Non, vous ne pouvez pas vous en vanter. Mais dans cette interview, vous vous êtes comparé au président Ouattara qui selon vous, n’était qu’un simple fonctionnaire du FMI payé à 400 000 dollars par an, pendant que vous en touchiez 10 millions par an. Vous avez dit qu’un fonctionnaire du FMI va juste de temps en temps regarder les grands équilibres macro-économiques, tandis que vous, vous créez de l’emploi, vous savez comment investir.

Pouvez-vous nous dire le nombre d’emplois que vous avez créés en Côte d’ivoire durant tout le temps où vous gagniez 10 millions de dollars par an ? Combien avez-vous payé d’impôt en Côte d’Ivoire ? Pouvez-vous nous citer les investissements que vous avez réalisés dans ce pays ? C’est important pour nous de le savoir, puisque vous aspirez à nous diriger et que vous disqualifiez M. Billon dont nous savons que lui, il a vraiment créé de l’emploi pour les Ivoiriens.

Vous avez aussi traité la France de pays raciste. Et pourtant vous aviez publié un article dans lequel vous chantiez votre émotion à être Français. Et vous nous avez dit récemment, à nous, Ivoiriens, que ce fut un grand sacrifice pour vous de renoncer à la nationalité française pour pouvoir briguer la présidence de notre pays. Et vous nous dites aujourd’hui que ce pays est raciste ? Tiens donc !

Enfin, vous reprochez au président Ouattara d’avoir acheté des drones pour barricader le nord de notre pays. Comme vous ne vivez pas beaucoup en Côte d’Ivoire, je crois que vous ne savez pas que nos pays sont sous la menace des groupes djihadistes qui sont en train de détruire nos voisins du nord. Des pays côtiers tels que le Bénin et le Togo sont aussi touchés par ces attaques. Vous n’entendez pas les menaces du satrape du Burkina Faso contre notre pays ? Et vous reprochez à votre pays de se donner les moyens de se protéger contre ces menaces ? Vous vivez sur quelle planète, M. Thiam ? Vous citez Houphouët-Boigny qui avait dit que la Côte d’Ivoire ne saurait être une oasis dans le désert. Vous ne savez évidemment pas non plus que notre pays a construit des milliers de logements pour accueillir les frères burkinabè qui fuient la menace terroriste dans leur pays.

M. Thiam, vous avez accusé M. Billon de ne pas avoir un comportement d’adulte. Après avoir écouté attentivement votre interview, je suis convaincu que c’est vous qui n’êtes pas encore mûr, malgré les grandes fonctions que vous avez occupées. Et certainement pas du tout mûr pour la fonction de président de la Côte d’Ivoire. Croyez-le, malgré tout ce que vos thuriféraires vous diront.

Leave a reply

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici