UEMOA : Le Burkina Faso prend la présidence du Conseil des ministres statutaire

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Le Ministre de l'Economie et des Finances du Burkina Faso, Aboubakar NACANABO (Ph: Uemoa)
Le Ministre de l'Economie et des Finances du Burkina Faso, Aboubakar NACANABO (Ph: Uemoa)

Le Burkina Faso assure désormais la présidence du Conseil des ministres statutaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). À l’issue de la 3ᵉ session ordinaire tenue le lundi 6 octobre 2025, au siège de la BCEAO à Dakar, Aboubakar Nacanabo, ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, a été désigné par ses pairs. Il succède à l’Ivoirien Adama Coulibaly pour un mandat de deux ans, conformément à l’article 11 du Traité de l’UMOA qui prévoit une rotation entre les huit États membres.

Situation économique dynamique en dépit des incertitudes au niveau régional et international…(Ph: Uemoa)

Situation économique dynamique en dépit des incertitudes au niveau régional et international…(Ph: Uemoa)


Dans son allocution d’ouverture, Adama Coulibaly a dressé un bilan économique encourageant. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) de l’Union est estimée à 6,3 % en 2025, après 6,3 % déjà en 2024. L’activité est portée par la consommation des ménages et les investissements dans les infrastructures. Parallèlement, le déficit budgétaire global de l’Union devrait reculer, passant de 5,1 % du PIB en 2024 à 3,7 % en 2025, puis à 3,2 % en 2026, grâce à une meilleure mobilisation des recettes fiscales et à la maîtrise des dépenses publiques.

Outre la passation de présidence, les ministres ont examiné des dossiers clés pour l’intégration régionale : rapport de surveillance multilatérale du premier semestre 2025, recommandations de politique économique pour 2026, projet d’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages, ainsi que les comptes annuels 2024 de l’Autorité des marchés financiers (AMF-UMOA). La BCEAO a également présenté l’état d’avancement des mesures de renforcement de la position extérieure de l’Union.

Cette désignation a toutefois ravivé un débat : certains observateurs avaient affirmé que le Burkina Faso ne pourrait pas accéder à la présidence. Qu’en est-il réellement ?

Vérification des faits : Burkina Faso et présidence de l’UEMOA

Il faut noter que l’article 11 du Traité de l’UMOA prévoit une rotation automatique tous les deux ans entre les ministres des Finances des États membres. Après la Côte d’Ivoire (2023-2025), c’était bien au tour du Burkina Faso d’assurer la présidence du Conseil à partir d’octobre 2025. Plusieurs médias (Africa Intelligence, Le Faso, Afriksoir, Afrique Education…) ont évoqué un bras de fer en juillet 2025. Lors d’une session à Lomé, les représentants du Burkina et de ses alliés de l’Alliance des États du Sahel (AES) auraient quitté la salle, protestant contre un refus attribué notamment à la Côte d’Ivoire de voir Ouagadougou exercer son tour de présidence. Cependant aucune note officielle de l’UEMOA ni communiqué ivoirien ne confirme formellement une opposition écrite ou un veto d’Abidjan. Les allégations d’opposition reposent sur des récits médiatiques, sans preuve institutionnelle publiée.

Pour revenir à l’essentiel, il faut indiquer que les divergences diplomatiques n’ont pas empêché l’application du principe de rotation. En confiant la présidence au Burkina Faso, l’UEMOA réaffirme son attachement à la continuité institutionnelle et à la solidarité régionale, tout en gardant le cap sur ses priorités. A savoir, croissance durable, discipline budgétaire et approfondissement de l’intégration économique.

Ce qui est assigné au pays qui assure la présidence

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1. Présider les réunions du Conseil

Le ministre des Finances du pays président conduit les sessions ordinaires et extraordinaires du Conseil. Il donne la parole, oriente les débats et veille à ce que les décisions soient adoptées conformément aux textes.

2. Porter la coordination politique

Le président du Conseil devient porte-parole des ministres de l’Union. C’est lui qui incarne la volonté collective, relaie les décisions au Conseil des chefs d’État et de gouvernement, et défend les positions de l’UEMOA auprès des partenaires internationaux (Banque mondiale, FMI, UE, etc.).

3. Assurer la continuité institutionnelle

Même si la présidence est tournante, le pays qui en a la charge doit veiller à la mise en œuvre des décisions antérieures et au suivi des grandes orientations (intégration économique, convergence budgétaire, réformes financières, etc.).

4. Surveiller les engagements macroéconomiques

Le Conseil est l’organe qui contrôle la discipline budgétaire des États membres. Le pays président supervise donc la validation, des rapports de surveillance multilatérale, des recommandations de politique économique, et de la conformité des budgets nationaux aux critères de convergence (déficit ≤ 3 % du PIB, inflation ≤ 3 %, etc.).

5. Incarner l’Union à l’extérieur

Le président du Conseil représente l’UEMOA dans les fora internationaux liés aux finances, à l’économie et au commerce. C’est une vitrine diplomatique et symbolique. Il montre que l’Union reste unie et cohérente malgré la diversité de ses régimes politiques.

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