Face à la junte au Niger, la CEDEAO mérite le soutien de la communauté internationale. L’avenir de la démocratie dans cette partie du continent en dépend. 

Crédit Photo : EG.
mmanuel Golou, Ancien ministre béninois, Ancien président de la section Afrique de l’Internationale socialiste.

La junte militaire a séquestré la démocratie nigérienne. Le coup d’État intervenu à Niamey est un défi lancé aux partisans de la démocratie. En « gardant » dans des conditions inacceptables un président élu, les militaires vont loin dans leur provocation. La réaction de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest était bien à la hauteur de cette rupture de l’ordre constitutionnel au Niger. Et les sanctions brandies sont sérieuses.

Dans une région frappée par le terrorisme et où la démocratie est mise entre parenthèses dans trois pays (Burkina Faso, Guinée, Mali), le coup du Niger est une mauvaise nouvelle de plus. Nous constatons que l’arrêt de l’ordre constitutionnel dans ces pays n’est pas la solution idoine aux défis auxquels ils sont soumis. Les coups d’État apparaissent donc comme une sortie de route des militaires dont le rôle est pourtant bien consacré dans les constitutions.

Si la CEDEAO ne travaille pas pour décourager la tendance favorable au renversement des régimes démocratiques, c’est le développement de la région qui sera compromis. Portée sur les fonts baptismaux en 1975, la CEDEAO devrait être l’outil de l’intégration économique en Afrique de l’Ouest. Mais comment construire une intégration sans des

régimes démocratiques et stables ? La floraison de régimes illégaux conduira à une disparition de la CEDEAO alors que cette communauté, malgré les gros chantiers devant elle, est considérée comme un exemple sur le continent.

Revenant précisément à la situation au Niger, j’aperçois deux impératifs : libérer immédiatement le Président Bazoum et le rétablir dans ses droits de président élu. Mohammed Bazoum, que je connais depuis près de 2 décennies, avec qui j’ai travaillé dans le cadre de nos réunions de l’Internationale socialiste, est un homme de paix qui aime profondément son pays. Son cheminement politique, sa grande connaissance de l’État font de lui un homme d’État qui ne mérite pas le traitement que des militaires, censés le protéger, lui infligent aujourd’hui.

Les voies empruntées, à commencer par celles diplomatiques, par la CEDEAO face à la crise nigérienne sont pertinentes. Et au nom de la stabilité de notre région, l’Institution mérite d’être soutenue jusqu’au bout !

 

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