Sidi Ould Tah, « un doer » élu président de la Banque africaine de développement

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Sidi Ould Tah
Sidi Ould Tah

A 60 ans, le Mauritanien Sidi Ould Tah devient le neuvième président de la Banque africaine de développement (BAD), élu ce 29 mai à Abidjan avec 76,18 % des voix. Ses soutiens évoquent un candidat au « projet cohérent » pour l’agenda de l’Afrique.

« Maintenant, mettons-nous au travail, je suis prêt ». C’est en ces quelques mots que Sidi Ould Tah – après avoir remercié « [ses] sœurs et frères africains » – a résumé l’état d’esprit qui l’anime suite à son élection. A 60 ans, cet économiste et homme politique mauritanien devient le neuvième président de la Banque africaine de développement (BAD), succédant au Nigérian Akinwumi Adesina. Il a remporté 76,18 % des suffrages exprimés par les 81 gouverneurs de l’institution réunis en conseil ce 29 mai. Dès le premier tour de l’élection, le leader mauritanien a reçu le vote de la majorité des pays africains, avant de faire un quasi-consensus au troisième tour, face au Zambien Samuel Maimbo (20,26%) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55%). Tout comme la Côte d’Ivoire ou le Congo, le Gabon est l’un des pays africains qui n’a pas fait de mystère autour du candidat de son choix. « Nous avons effectivement soutenu la candidature de Sidi Ould Tah, parce que nous pensons qu’il était le candidat qui avait un projet cohérent pour accompagner l’Afrique dans son processus de développement, de transformation », déclare à La Tribune Afrique Henri-Claude Oyima, ministre gabonais de l’Economie et des Finances.

C’est aussi une élection sans surprise, puisque son nom prédominait les pronostics depuis l’ouverture des assemblées annuelles de la BAD ce lundi. Des personnalités comme la banquière Frannie Léautier ou l’économiste international Pape Demba Thiam n’ont pas manqué d’afficher leur soutien à Sidi Ould Tah. « Il y a une progressivité dans la réussite de cette élection. Sidi Ould Tah est devenu un plébiscite parce que c’est toute l’Afrique qui s’est rassemblée autour d’un candidat qui a prouvé qu’il avait une offre programmatique, stratégique pour chacun des pays africains et des pays non-régionaux », estime Pape Demba Thiam. Et le Gabon ne dit pas le contraire. « Les thèmes qu’il a défendus correspondent parfaitement au pilier de transformation de nos projets d’entreprise soutenus par notre chef d’État, Brice Clotaire Oligui Nguema », déclare Henri-Claude Oyima.

Une carrière consacrée à la finance de développement

Formé à l’école française, le docteur en économie a fait toute sa carrière dans la finance de développement en Afrique et au Moyen-Orient. Un temps ministre de l’Economie et des Finances de la Mauritanie, il quitte le gouvernement en 2015 et est élu à la présidence de la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique. Ici, son influence internationale s’est accrue si bien que lorsqu’il décide, à la dernière minute fin janvier, de candidater pour la présidence de la BAD, il commence tout de suite à rallier du soutien.

En marge des assemblées annuelles, le nouveau président de la BAD est qualifié tantôt de « doer », tantôt d’ « expert » de son domaine. Mais pour Pape Demba Thiam, le dirigeant mauritanien est tout cela à la fois. « C’est la raison pour laquelle moi qui suis Sénégalais et connu pour être très critique à l’égard des institutions multilatérales, je l’ai soutenu. Sidi Ould Tah est un entrepreneur institutionnel, qui va donc entreprendre au sein de la Banque africaine de développement, sans se contenter d’appliquer des procédures, mais de créer des stratégies afin de repositionner la banque dans un environnement géostratégique, mouvant et contradictoire ».

Un boulevard pour implémenter les « quatre points cardinaux »

Le programme du nouveau président de la BAD est articulé autour de ce qu’il a appelé les « quatre points cardinaux » : transformer le boom démographique en puissance économique et construire des infrastructures résilientes tout en apportant de la valeur ajoutée ; réformer l’architecture financière de l’Afrique ; améliorer l’accès aux capitaux à grande échelle. Tout au long de la campagne justement, ses soutiens mettaient en avant sa capacité à mobiliser les ressources financières pour le continent grâce à « son puissant réseau mondial ». Au-delà, estime un investisseur tchadien, « c’est un bon gestionnaire et un leader pragmatique. Il l’a prouvé à la BADEA ».

Sidi Ould Tah hérite d’une Banque africaine de développement (BAD) de plus en plus sollicitée par les pays, dans un contexte international tendu et alors que la mobilisation des ressources domestiques devient un impératif.

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