
Dr Ousmane Camara annonce avoir déposé une requête devant le Conseil constitutionnel pour contester la légitimité de la nationalité ivoirienne d’Alassane Ouattara, mettant en cause la régularité de sa présidence actuelle.
Le président du mouvement Alternative Nouvelle Génération (ANG) et candidat déclaré à l’élection d’octobre 2025, a révélé ce 30 juin avoir saisi, le vendredi 27 juin, la plus haute juridiction du pays pour faire constater, selon ses termes, une « illégalité constitutionnelle persistante » au sommet de l’État.
« Aucune preuve publique fournie »
Au cœur de sa requête : l’absence de preuve officielle de renonciation à la nationalité burkinabè par le chef de l’État ivoirien.

« Aucune preuve publique de renonciation à la nationalité burkinabè n’a jamais été fournie par Monsieur Ouattara depuis 1985, date à laquelle il commence à bénéficier de la nationalité ivoirienne », a déclaré Dr Camara lors d’une conférence de presse organisée à Abidjan.
Selon lui, cette situation rend incompatible sa fonction avec l’article 55 de la Constitution ivoirienne.
Le candidat d’ANG s’appuie notamment sur un communiqué du FMI datant de 1984, mentionnant la nationalité burkinabè de M. Ouattara, et sur les précédents récents concernant Tidjane Thiam, qui a été écarté du processus électoral pour des motifs similaires.
« Tous les Ivoiriens naissent libres et égaux en droit. Ce qui a été appliqué à Gbagbo (la rigueur de la loi) et à Thiam (l’article 48) doit l’être aussi à Ouattara. La loi ne peut être à géométrie variable », a-t-il martelé.
« Nous attendons que le Conseil constitutionnel dise le droit, exclusivement le droit. Nous ne sommes pas dans une logique de conquête personnelle du pouvoir, mais dans une exigence de vérité constitutionnelle », a ajouté l’opposant.
Un système de parrainage flou
Mais la contestation de fond ne s’arrête pas là. Dans une seconde requête, le candidat d’ANG dénonce un parrainage flou et injuste, exigeant 40 000 signatures en 40 jours, ainsi qu’un cautionnement de 50 millions FCFA, discriminant pour les indépendants. Il critique aussi l’introduction précipitée d’un système biométrique non testé, l’inaccessibilité de la liste électorale définitive et l’opacité dans la validation des parrainages par le Conseil, sans recours possible.
« Le processus est verrouillé pour favoriser un seul homme et disqualifier toute voix dissidente. Le Conseil constitutionnel doit agir au nom du peuple et de l’égalité devant la loi », a déclaré Dr Camara.
Son double recours vise à rétablir, selon lui, l’équilibre républicain, la transparence du jeu démocratique et la souveraineté populaire. « Lorsqu’on vit dans un véritable État de droit, on ne devrait pas avoir à chercher la justice ailleurs », a souligné le candidat, affirmant sa détermination à « aller jusqu’au bout ».
« Nous attendons la décision du Conseil constitutionnel. Elle nous révélera, à chacun de nous, dans quel type d’État nous vivons : un État de droit, ou un État de non-droit », a-t-il conclu, d’un ton grave.
Samuel KADIO