Des milliers de personnes hostiles à la France ont manifesté devant l’ambassade installée à Niamey, avant d’être dispersées par des gaz lacrymogènes.
L’Élysée a promis une réplique « immédiate et intraitable » en cas d’atteinte aux intérêts français.
La Cédéao, communauté des États d’Afrique de l’Ouest, fixe un ultimatum aux putschistes.
Des milliers de personnes ont manifesté ce dimanche 30 juillet devant l’ambassade de France à Niamey, tandis que le Niger vacille depuis mercredi 26 juillet et le coup d’État militaire contre le président Mohamed Bazoum. Alors que de nombreux soutiens aux putschistes se sont réunis dans la capitale après un appel lancé par le mouvement de société civile M-62, certains ont tenu à se rendre ensuite devant la représentation diplomatique française. Ils ont été dispersés par des tirs grenades lacrymogènes.
« À bas la France », « vive la Russie »
Selon un journaliste de l’AFP sur place, certains ont insisté pour pénétrer dans l’enceinte du bâtiment et d’autres ont arraché puis piétiné la plaque « Ambassade de France au Niger ». Elle a été aussitôt remplacée par des drapeaux russe et nigérien. Avant les tirs de grenades lacrymogènes, quelques soldats s’étaient interposés devant l’ambassade pour tenter de calmer les manifestants.
Toujours selon notre confrère de l’AFP ainsi qu’une journaliste de TV5 Monde présente sur place, des slogans prorusses et anti-occidentaux sont scandés parmi la foule : « Vive Poutine », « vive la Russie », « à bas la France », ou encore « le Niger appartient aux Nigériens ». Des drapeaux « vive l’armée nigérienne » ou « la France tue au Niger » sont également brandis par les manifestants, d’après un journaliste indépendant. Des tensions envers la presse française ont été constatées.
L’avertissement de Paris
Le Quai d’Orsay a très vite réagi et condamné dans un court communiqué « toute violence contre les emprises diplomatiques dont la sécurité relève de la responsabilité de l’État hôte », à savoir le Niger. « Les forces nigériennes ont l’obligation d’assurer la sécurité de nos emprises diplomatiques et consulaires au titre des Conventions de Vienne. Nous les appelons instamment à remplir cette obligation que leur impose le droit international », a ajouté le ministère français des Affaires étrangères.
L’Élysée a également réagi dans la foulée, déclarant qu’« après les derniers incidents survenus ce jour au Niger, le chef de l’État fait savoir que quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable. Le Président de la République ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts. » Paris a conclu en assurant « soutenir toutes les initiatives régionales » en vue de restaurer l’ordre et le retour du président élu, Mohamed Bazoum.
Sur RTL, Catherine Colonna a indiqué que les 500 à 600 ressortissants français actuellement présents au Niger « ont été tous contactés, des mesures de précaution sont prises ». « Il n’y a pas de décision d’évacuation au moment où je vous parle, mais nous sommes extrêmement vigilants », a ajouté la ministre des Affaires étrangères.
Ultimatum
Réunis ce dimanche, les membres de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) ont décidé de sanctions financières immédiates et fixé un ultimatum d’une semaine aux putschistes, n’excluant pas « un recours à la force ». La Cédéao a notamment demandé « la libération immédiate » du président Bazoum et le « retour complet à l’ordre constitutionnel en République du Niger », selon les résolutions lues à la fin de ce sommet extraordinaire présidé par le chef d’État nigérian Bola Tinubu.
En parallèle, le président de transition tchadien Mahamat Idriss Déby Itno est arrivé dimanche à Niamey pour « voir ce qu’il peut apporter au règlement de la crise », une initiative indépendante de la position de la Cédéao. L’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou a également annoncé qu’il allait « poursuivre » ses efforts pour tenter de trouver une « sortie de crise négociée » pour « libérer » le président Mohamed Bazoum.
Mercredi 26 juillet, le général putschiste Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger, a pris le pouvoir en lieu et place du président élu, Mohamed Bazoum, séquestré depuis quatre jours. En conséquence, la France, qui a des intérêts stratégiques dans le pays, a suspendu samedi ses aides au développement et d’appui budgétaire, versées au Niger.