NADY BAMBA : « NOUS AURONS AFFAIRE À CHANTAL CAMARA, LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL »

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Nady Bamba
Nady Bamba

Face à plus d’une centaine de militantes réunies le 24 mai à Abidjan dans le cadre du parrainage du président Laurent Gbagbo, Nady Bamba n’a pas mâché ses mots sur le processus électoral en cours et sur le rôle déterminant que jouera le Conseil constitutionnel dans la validation des candidatures.
Elle a dénoncé l’interprétation faite par le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Ibrahim Coulibaly-Kuibiert, concernant l’éligibilité de son époux à la présidentielle de 2025 et affirmé que celui-ci n’a jamais été privé de ses droits civils et politiques, malgré sa condamnation en 2018 dans l’affaire du braquage de la BCEAO.

« Si le président de la CEI avait vraiment lu la décision, il saurait que Laurent Gbagbo n’a pas été privé de ses droits civils et politiques. C’est la raison pour laquelle, il dirige le parti des peuples africains de Côte d’Ivoire », a déclaré Nady Bamba, en réponse au président de l’organe électoral qui assurait à la télévision nationale, avoir vu la décision de justice justifiant le retrait du nom du président du PPA-CI.

Pour rappel, Laurent Gbagbo avait été condamné en son absence à 20 ans de prison en janvier 2018 par la justice ivoirienne, alors qu’il se trouvait encore à La Haye, pour son implication présumée dans le braquage de l’agence nationale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Abidjan, en 2011. Depuis, cette condamnation suscite débats et interprétations juridiques, notamment sur ses conséquences électorales.

L’épouse de l’ancien président ivoirien insiste sur le fait que la décision judiciaire en question ne comporte aucune mention d’une privation des droits électoraux de son époux. Elle en appelle au respect strict du droit et à l’objectivité de l’institution en charge des élections. « C’est une question de droit, pas de politique. Ce que dit la loi doit s’imposer à tous », a-t-elle martelé.

Nanaba Camara, pas Ponce Pilate

Devant les militantes, Nady Bamba a rappelé que le véritable enjeu n’est pas de convaincre la CEI, mais bien de préparer le terrain devant l’instance suprême de validation des candidatures à la présidentielle de 2025.

« Nous n’avons pas affaire au président de la CEI. Nous aurons affaire à madame Chantal Camara, présidente du Conseil constitutionnel. C’est le Conseil constitutionnel qui déclare qui est éligible et qui ne l’est pas », a affirmé Madame Gbagbo.

« Nous verrons comment elle va déclarer candidate une personne, qui peut-être, ne respectera pas la constitution et non candidat, un monsieur dont le nom n’apparaît juste pas sur la liste électorale alors que ce dernier bénéficie d’une décision favorable de la cour africaine de justice et des droits de l’homme. Que Dieu nous épargne des Ponce Pilate! »

Madame Gbagbo a également imploré Dieu d’adoucir les cœurs de nos dirigeants actuellement au pouvoir, rappelant qu’aucun pouvoir n’est éternel. « Que Dieu inspire le président Ouattara afin de faire de l’élection présidentielle de cette année, une élection inclusive et transparente, seul gage d’une élection apaisée », a-t-elle ajouté.

L’appel au parrainage : un point central

Nady Bamba a par ailleurs rappelé que le contexte a changé. En 2020, Gbagbo était à l’étranger. En 2025, il est bel et bien sur le territoire national. À ceux qui affirment qu’il n’est pas électeur, elle répond que son nom figure toujours dans les bases de données de la CEI. La bataille à venir, dit-elle, ne se limite donc pas à la liste électorale.

« En 2020, ils ont inventé une loi pour dire qu’il faut être électeur pour être candidat. Mais cette fois, nous allons remplir toutes les conditions : être électeur, avoir les parrainages, déposer le dossier complet. Quelles que soient les règles, nous allons cocher toutes les cases », a-t-elle insisté.

Ce rassemblement n’était pas en fait une simple tribune politique. Nady Bamba s’adressait en priorité aux “messagères”, ces militantes chargées de mobiliser pour recueillir les parrainages nécessaires à la candidature de Laurent Gbagbo. Formées pour ce travail de terrain, ces femmes doivent constituer le fer de lance d’une campagne de mobilisation ciblée dans les régions.

Elle leur a rappelé l’importance de leur rôle : « Le président sait que sa présence sur la liste électorale sera résolue, mais si nous ne travaillons pas sur les autres conditions d’éligibilité, sa candidature pourrait être rejetée avec une raison valable. »

Sortant du cadre strictement électoral, Nady Bamba a profité de cette tribune pour critiquer avec virulence le modèle économique et social actuel, qu’elle assimile à une version locale du capitalisme sauvage. « Si vous voulez comprendre comment nos adversaires gèrent ce pays, jouez au Monopoly. Ce jeu, c’est la prison, les impôts, la cherté, la captation des richesses par quelques-uns. C’est ça leur modèle. Et nous, on n’en peut plus », a-t-elle dénoncé.

« Trop, c’est trop ! » a-t-elle ajouté, en défendant les dix engagements humanistes de Laurent Gbagbo, qui « placent l’humain avant l’argent », contrairement à ceux qui mettent l’argent avant l’humain.

Samuel KADIO

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