Marche annoncée du 2 août prochain : Pourquoi il s’agit d’une action insurrectionnelle (Journal Le Patriote)

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Le PPA-CI et le PDCI ont décidé d’organiser une marche nationale le 2 août à Abidjan.
Le PPA-CI et le PDCI ont décidé d’organiser une marche nationale le 2 août à Abidjan.

Le PPA-CI et le PDCI ont décidé d’organiser une marche nationale le 2 août à Abidjan. Ils disent protester contre un éventuel 4ᵉ mandat du Président Alassane Ouattara et réclamer des élections inclusives. Ils se donnent pour point de départ l’hôtel Ibis Marcory. Et le point d’arriver, la place de la République, au Plateau. 

« C’est une marche pour la démocratie, pour la paix, pour le respect de la Constitution. Ce n’est pas une marche insurrectionnelle, mais une expression démocratique garantie par notre loi fondamentale », a indiqué à la presse Damana Pickass.

 S’il est vrai que la marche est une expression démocratique, le problème réside dans les éléments avancés par Damana Pickass et ses camarades pour en justifier l’organisation, lesquels n’ont rien de démocratique. En effet, ce n’est ni au PPA-CI ni au PDCI de décider si le Président Ouattara peut briguer un quatrième mandat. Seul le juge constitutionnel est habilité à trancher cette question.

 Concernant la paix, Damana Pickass semble utiliser un instrument de mesure différent de celui des Ivoiriens qui affirment vivre en paix et jouir de la liberté de mouvement. La vraie raison de cette marche est la volonté du PDCI et du PPA-CI d’imposer leur vision : tout doit se faire selon leurs vues, tout autre schéma doit être combattu.

Par cette marche, ils appellent clairement les Ivoiriens à se lever pour instaurer un nouvel ordre qu’ils auront eux-mêmes conçu. D’où le caractère insurrectionnel de cette marche, révélé par Damana Pickass lui-même lorsqu’il déclare : « On ne peut pas exclure le PDCI, le PPA-CI, ni des dirigeants majeurs comme Gbagbo ou Thiam, et prétendre organiser des élections crédibles ».

En clair, sans Gbagbo et Thiam, le scrutin du 25 octobre prochain ne doit pas se tenir. Il faut se mobiliser par tous les moyens pour faire barrage de manière   catégorique à un quatrième mandat du Président Ouattara, jugé par eux comme une « violation de la Constitution ».

 « Si le Président Ouattara est candidat, ce serait déchirer notre droit fondamental, le socle de notre vivre-ensemble », a déclaré le porte-parole du Front commun.

On l’aura compris, l’objectif de l’opposition n’est pas de promouvoir la démocratie, mais plutôt d’instaurer la chienlit. Le choix de l’itinéraire et la date ne sont pas fortuits.  Ibis Marcory est situé sur le boulevard Félix Houphouët-Boigny, l’un des axes les plus importants du pays. En choisissant de le bloquer, l’objectif est clair : empêcher l’accès à l’aéroport d’Abidjan, perturber le transport et les activités commerciales à Koumassi, Marcory, Treichville et au Plateau, destination finale.

Le 2 août, en pleine préparation des festivités des 65 ans de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le PDCI et le PPA-CI donnent une autre preuve de ce qu’ils sont préoccupés par autre chose que l’intérêt national. Ce sont eux ou rien : de véritables adeptes de la politique de la terre brulée.

Contrairement à ce qu’affirme Damana Pickass – « Il ne s’agit pas de semer le désordre. Il s’agit d’éviter une situation tendue après le 25 octobre. Cette marche vise justement à garantir la paix, la transparence et la stabilité » – cette marche, si elle est autorisée, va semer le chaos et la désolation.

C’est précisément ce que recherche l’opposition : contraindre les Ivoiriens à se soumettre à ses désidératas, en dépit de la loi, en cassant toutes les décisions de justice pour la réintégration sur la liste électorale de Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Noël Akossi Bendjo. Un forcing que Laurent Gbagbo et son gouvernement n’avaient jamais accepté en 2000 ni en 2010

Le Plateau déclaré zone rouge

Le 25 avril 2004, pour ceux qui s’en souviennent encore, l’opposition avait annoncé une marche au Plateau, à la place de la République, non loin du palais présidentiel. « Cette manifestation est la provocation de trop», avaient déclaré les jeunes patriotes qui à l’époque faisaient la pluie et le beau temps en Côte d’Ivoire. Charles Blé Goudé, leur leader, avait  prévenu : les manifestants  trouveront du fer sur leur chemin. « Nous n’allons pas marcher pour les affronter. Toutes les dispositions ont été déjà prises. Mais qu’ils sachent qu’ils auront du répondant sur le terrain », avait-il menacé.

Contre toute attente, les commandants de la garde présidentielle et de la garde nationale avaient  décrété les alentours du palais présidentiel, au Plateau, «zone rouge». Les autorités militaires avaient précisé que tout manifestant pénétrant dans le périmètre serait  «considéré comme combattant ennemi et traité comme tel sans sommation».

  Pour le moment, les autorités d’Abidjan ne sont pas allées dans ce sens. Mais ces mesures prises à l’époque par l’actuel président du PPA-CI continuent de faire débat sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, ils sont nombreux les jeunes qui appellent Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam à être au-devant de la marche avec femmes et enfants. Vont-ils répondre à cette sollicitation de nombreux Ivoiriens ?

Thiery Latt

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