Les répercussions des surtaxes américaines en Afrique

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Les pays africains risquent de devoir trouver des alternatives aux marchés américainsImage : ROBERTA CIUCCIO/AFP
Les pays africains risquent de devoir trouver des alternatives aux marchés américainsImage : ROBERTA CIUCCIO/AFP

Les droits de douane élevés annoncés par le président américain Donald Trump ébranlent les liens commerciaux entre les Etats-Unis et les pays étrangers. Les pays africains ne font pas exception.

En Afrique, les pays les plus touchés par les surtaxes américaines seront les exportateurs de pétrole brut, comme l’Angola, le Gabon, le Ghana ou le Nigeria.

Mais aussi ceux qui exportent des produits textiles comme le Lésotho, Madagascar ou le Kenya.

En Côte d’Ivoire, le secteur du cacao pourrait souffrir de ces mesures, ainsi que la vente de véhicules et de métaux précieux en provenance d’Afrique du Sud.

C’est pourquoi ces surtaxes, qui entrent en vigueur aujourd’hui [09.04.25], suscitent des inquiétudes sur l’ensemble du continent. 

Le textile du Lesotho

Parmi les pays africains les plus durement touchés par les droits de douane, il y a le Lesotho. Grand exportateur de textile, ce petit royaume enclavé, entouré par l’Afrique du Sud, est désormais confronté à un prélèvement de 50 % sur ses exportations vers les États-Unis.

Un taux élevé qui n’est pas basé sur « des faits tangibles sur le terrain« , selon le ministre du Commerce du Lesotho. Onze usines du pays approvisionnent le marché américain. Elles emploient plus de 12 000 personnes, ce qui représente environ 42 % de l’emploi total dans l’industrie textile du pays. Si ces droits de douane étaient maintenus au niveau annoncé, ils entraîneraient la fermeture de ces usines ainsi que la perte de milliers d’emplois.

Des emplois menacés dans l’automobile en Afrique du Sud

Autre pays durement touché : l’Afrique du Sud. Elle devra payer 30% de droits de douane, ce qui pourrait faire mal à certaines branches, comme l’explique l’analyste financier Daniel Silke :

« Les droits de douane n’auront pas d’effet dramatique sur le PIB global du pays, mais ils auront un effet dramatique sur certaines industries qui sont les plus durement touchées. Comme le secteur agro-industriel et celui de l’exportation de véhicules.« 

A l’heure actuelle, 10% des voitures produites en Afrique du Sud sont exportées vers les Etats-Unis, tandis que l’Association des producteurs d’agrumes en Afrique australe a indiqué que plus de 35.000 emplois étaient en péril.

L’alternative chinoise ou panafricaine ?

Les pays africains pourraient donc désormais se tourner vers d’autres partenaires, comme la Chine. « Le protectionnisme est l’arme des faibles et (…) le président Trump se rend compte que dans la compétition avec la Chine, les États-Unis sont devenus les plus faibles« , a notamment déclaré Kako Nubukpo.

Ancien ministre au Togo, l’économiste estime que ces droits de douane surviennent dans un environnement politique déjà très difficile en Afrique et ailleurs : « les laissés-pour-compte de la mondialisation semblent de plus en plus nombreux et d’un point de vue politique, il y a une montée des régimes illibéraux« , rappelle-t-il.

En réponse, il préconise que les pays africains promeuvent « leurs propres chaînes de valeur nationales et régionales » en guise de tampons, en quelque sorte, contre les surtaxes imposées à la douane par Donald Trump.

Par ailleurs, l’accès privilégié au marché américain pour certains produits africains, prévu par l’Agoa, pourrait être remis en cause.

Ali Farhat 

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