LE PROCUREUR S’EXPRIME SUR L’ARRESTATION DE DAMANA PICKASS

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Le procureur de la République a confirmé l’arrestation à Bingerville de Damana Pickass, cadre du PPA-CI, accusé d’appels à l’insurrection après la marche interdite du 11 octobre.

Le procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abidjan, Koné Braman Oumar, a confirmé, ce mardi 4 novembre 2025, l’arrestation de Damana Adia Pickass, vice-président du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) et proche collaborateur de l’ancien président Laurent Gbagbo. L’interpellation a eu lieu à Bingerville, en périphérie d’Abidjan, selon un communiqué officiel publié tard dans la nuit.

Pas d’impunité, selon le procureur 

Le procureur précise que cette arrestation intervient dans le cadre d’une enquête ouverte à la suite des appels à l’insurrection et au renversement des institutions lancés, selon lui, par certains responsables politiques après l’interdiction d’une marche prévue le 11 octobre 2025.

« Ces appels, relayés avant et après le scrutin présidentiel du 25 octobre 2025, ont conduit à la formation d’attroupements armés et non armés », indique le communiqué, mentionnant également des « actes de violence, assassinats, vols à main armée, extorsions, destructions et incendies de biens publics et privés ».

Le contexte politique ivoirien reste tendu depuis le scrutin présidentiel du 25 octobre, marqué par la réélection contestée du président Alassane Ouattara. Le PPA-CI et le PDCI, alliés au sein du Front commun, avaient appelé à « marcher chaque jours en orange » sur toute l’étendue du territoire après l’interdiction de leur marche réprimée du 11 octobre, estimant que le processus électoral était biaisé. Plus de 700 personnes ont été arrêtés dont une centaines déjà jugées et condamnées. 

Le magistrat, également directeur de la Section antiterroriste du Tribunal de première instance d’Abidjan, a insisté sur la fermeté de la justice ivoirienne face à ces événements.

« Ces infractions ne resteront pas impunies. Tous leurs auteurs, complices et commanditaires, quelle que soit leur qualité, seront recherchés, interpellés et jugés conformément à la loi », a-t-il averti.

Cette arrestation marque un nouveau tournant dans le conflit latent entre le pouvoir et le PPA-CI, le parti fondé par Laurent Gbagbo après son retour d’exil. Depuis plusieurs semaines, les autorités judiciaires multiplient les convocations et interpellations de cadres du mouvement.

Multiples arrestations 

Le 29 septembre dernier, Damana Pickass avait déjà été entendu par le procureur de la République, en compagnie de plusieurs figures du parti, dont Koua Justin, Nestor Dahi et Blaise Lasm. À la sortie de cette audition, l’ancien président de la Commission électorale indépendante (CEI) de 2010 avait confié à la presse avoir été mis en garde. « Le procureur nous a prévenus que si un quelconque mouvement venait à troubler l’ordre public, il se verrait dans l’obligation de nous interpeller », avait-il déclaré.

Si Pickass et Justin Koua avaient pu regagner leurs domiciles , Blaise Lasm et Nestor Dahi, deux secrétaires généraux adjoints du parti, avaient été déférés au pôle pénitentiaire d’Abidjan le 30 septembre. Ils sont poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’État, appel à l’insurrection et troubles à l’ordre public, des chefs d’accusation que le parti a immédiatement qualifiés de « politiques ».

Ces interpellations s’ajoutent à celles d’onze membres du PPA-CI arrêtés début août, à la suite d’incidents survenus dans la commune de Yopougon, à Abidjan. Ces derniers, parmi lesquels l’ancien ministre de la Défense Moise Lida Kouassi et l’ambassadeur Koné Boubacar, sont poursuivis pour actes terroristes, une qualification pénale que l’opposition juge disproportionnée.

Dans les rangs du PPA-CI, l’arrestation de Damana Pickass suscite l’inquiétude et l’indignation. Si aucune déclaration officielle du parti n’avait encore été publiée ce mardi soir, le chef de la formation politique Laurent Gbagbo a convoqué une session extraordinaire du Comité Central du parti le jeudi 6 novembre à 15 heures, à son cabinet situé à Attoban, à Abidjan. Cette réunion aura pour ordre du jour la conduite à tenir après l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, apprend-on.

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