Le révisionnisme historique gagne du terrain aux États-Unis, où les conservateurs tâchent de nier les violences raciales anti-Noirs qui ont structuré le pays.

Sous la gouvernance de l’ultraconservateur Ron DeSantis, l’État de Floride poursuit son projet de réforme de l’enseignement public, suivant une ligne réactionnaire et révisionniste. Un an après le «Don’t say gay» («Ne parlez pas des gays») et le Stop Woke Act, qui interdisaient coup sur coup d’évoquer à l’école des sujets en lien avec les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre, et l’enseignement de la théorie critique de la race, le conseil de l’éducation de Floride vient d’approuver ce mercredi 19 juillet 2023 une nouvelle règlementation sur la façon dont l’histoire noire doit être enseignée.

Au programme, une séquence sur les supposés bienfaits de l’esclavage, qui aurait permis aux Noirs de «développer des compétences qui, dans certains cas, pouvaient être appliquées pour leur bénéfice personnel», explique ainsi un document de 216 pages recensant les nouvelles directives éducatives.

Une attention particulière sera également donnée aux «actes de violence perpétrés par les Africains-Américains», dans lesquels sont curieusement comprises les émeutes d’Atlanta de 1906, qui avaient mené au meurtre d’au moins une douzaine d’Afro-Américains après qu’une rumeur de viols commis par des Noirs sur des femmes blanches a été répandue dans la ville, ainsi que le massacre de Tulsa, l’un des plus importants lynchages de l’histoire américaine, qui avait mené au massacre de centaines de Noirs en mai 1921.

Effacer de l’histoire les violences raciales

Le vendredi 21 juillet, Kamala Harris, la vice-présidente des États-Unis, s’est rendue en Floride pour dénoncer ces nouvelles normes d’enseignement qui visent à effacer l’histoire de violences raciales perpétrées contre les populations noires aux États-Unis: «Dans le monde entier, les gens connaissent notre histoire, […] et nous enverrions nos enfants à leur rencontre, ignorants de leur propre histoire? C’est construire un handicap pour nos enfants», a-t-elle déclaré.

Lors d’une conférence donnée la veille à la sororité afro-américaine Delta Sigma Theta, à Washington, Kamala Harris avait désigné ces mesures comme relevant d’une «histoire révisionniste»«Ils nous insultent pour tenter de nous manipuler [gaslighter], mais nous ne le permettrons pas.»

La Florida Education Association, un syndicat représentant plus de 150.000 éducateurs de l’État, a qualifié le nouveau programme de «mauvais service rendu aux élèves de Floride» et de «grand pas en arrière». Son président Andrew Spar, a ainsi déclaré que «les élèves de Floride méritent une éducation de classe mondiale qui les prépare à devenir des adultes prospères, capables de guérir les divisions de notre pays au lieu de les aggraver».

 

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