Jimmy Cliff, légende du reggae, est décédé

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Le chanteur et compositeur de reggae jamaïcain Jimmy Cliff est décédé d’une pneumonie à l’âge de 81 ans.

On doit à l’artiste, entré en 2010 au Rock and Roll Hall of Fame, des tubes internationaux comme Many Rivers to Cross (1969), Reggae Night (1984) ou encore Hakuna Matata (1995).

Sa femme Latifa a publié un message sur les comptes Facebook et Instagram de l’artiste.

Jimmy, mon chéri, repose en paix. Je suivrai tes souhaits. J’espère que vous pourrez respecter notre intimité en ces moments difficiles, a-t-elle écrit.

À tous ses admirateurs du monde entier, sachez, s’il vous plaît, que votre soutien a été sa force tout au long de sa carrière, a-t-elle ajouté.

Des influences multiples

Né en juillet 1944 dans un milieu modeste, Jimmy Cliff n’a cessé de s’intéresser à des influences musicales multiples – soul, ska, funk, punk, folk – tout en conservant un discours politique engagé.

J’ai été inspiré par les émeutes de Londres [en 2011], mais aussi par le « printemps arabe », avait-il expliqué, en entrevue, au journal français Le Monde en 2012, évoquant aussi les injustices sociales, l’hypocrisie religieuse, et les clans politiques.

Au fil des années, Jimmy Cliff a collaboré avec des artistes comme The Clash, Kool and the Gang, Sting, Annie Lennox et Wyclef Jean, mais aussi le Français Bernard Lavilliers, et comme musicien de studio avec les Rolling Stones.

Les sandinistes au Nicaragua ont utilisé You Can Get it If You Really Want comme hymne de campagne dans les années 1990 et Bruce Springsteen a contribué à élargir le public américain de Cliff avec sa reprise en spectacle de Trapped, un titre de la vedette du reggae, figurant sur l’album caritatif à succès de 1985, We Are the World. Parmi les autres artistes ayant interprété ses chansons figurent John Lennon, Cher et UB40.

Jimmy Cliff a été nommé sept fois au gala des prix Grammy et a remporté deux fois le trophée du meilleur album reggae : en 1986 pour Cliff Hanger et en 2012 pour Rebirth, un album au titre évocateur, largement considéré comme son meilleur opus depuis des années. Parmi ses autres albums, on compte The Power and the Glory, nommé aux Grammy, Humanitarian et Refugees, sorti en 2022.

Jimmy Cliff au cinéma

Jimmy Cliff a aussi composé à plusieurs reprises pour le cinéma, notamment pour le film The Harder They Come et Les apprentis champions (Cool Runnings).

Dans The Harder They Come, il incarne, à la demande du réalisateur Perry Henzell, le personnage principal : Ivanhoe Ivan Martin, un musicien de reggae en devenir qui bascule dans le crime lorsque sa carrière stagne.

Sorti en 1972, le film, retardé de deux ans en raison d’un financement irrégulier, fut le premier grand succès commercial jamaïcain. Malgré les éloges de Roger Ebert et d’autres critiques, ses ventes initiales furent faibles.

Il est aujourd’hui considéré comme une référence culturelle, sa bande originale étant largement citée parmi les meilleures de tous les temps et comme un tournant dans l’essor mondial du reggae.

Différent de Bob Marley

Toutefois, Jimmy Cliff n’aura jamais atteint les sommets du Dieu du reggae, Bob Marley, qui était né quelques mois après lui.

La première fois que j’ai enregistré un disque, avait-il raconté au Monde en 2012, on m’a donné 1 shilling. Les Wailers [le groupe de Marley, ndlr] étaient plus chanceux que moi chez Studio One, on leur donnait 2 livres par semaine.

Sa maison de disques Universal France a écrit sur son site que Jimmy Cliff était un paradoxe de la musique jamaïcaine.

Reconnu dès sa période ska, premier artiste de reggae à signer pour Island, acteur et chanteur […], auteur de multiples tubes planétaires, star en Amérique latine et en Afrique, il est aussi resté un mal aimé du public reggae à cause de son image « variété », « grand public » et son côté star très assumé, loin de l’imagerie rasta – il ne l’est d’ailleurs pas – habituelle.

Un géant culturel, selon le premier ministre de la Jamaïque

Le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, a déclaré que la nation insulaire marquait une pause pour honorer Jimmy Cliff, un véritable géant culturel dont la musique a porté le cœur de notre nation au monde.

Sa musique a élevé les gens pendant les périodes difficiles, inspiré des générations et contribué à façonner le respect mondial dont jouit aujourd’hui la culture jamaïcaine, a-t-il ajouté.

Marche bien, Jimmy Cliff. Ton héritage perdure dans chaque recoin de notre île et dans le cœur du peuple jamaïcain.

Le groupe britannique de reggae UB40 lui a aussi rendu hommage. Il a finalement traversé la dernière rivière. Repose en paix Jimmy, ta musique vivra éternellement, a-t-il écrit sur son compte officiel sur X.

Avec les informations de Reuters et Agence France-Presse

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