Israël a continué dimanche à mobiliser ses troupes aux abords de la bande de Gaza en vue d’une probable offensive terrestre contre le Hamas palestinien, qui fait craindre un embrasement de toute la région.

Au neuvième jour du conflit, l’armée de l’air israélienne a bombardé sans relâche des cibles dans la bande de Gaza, alors que les combattants du Hamas ont continué de tirer des roquettes en direction d’Israël.

Face aux frappes aériennes et après les appels de l’armée à évacuer le nord de la bande de Gaza, plus d’un million de personnes ont été déplacées en une semaine dans ce territoire de 362 km2, qui compte au total 2,4 millions d’habitants, selon l’ONU.

Un militaire de la FINUL avec un béret bleu patrouille dans une jeep munie d'une mitrailleuse.
Des Casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban patrouillent dans le secteur de Naqoura à la frontière entre Israël et le Liban. (Photo d’archives) PHOTO : GETTY IMAGES / THOMAS COEX / AFP

L’armée israélienne a confirmé qu’elle se préparait à une prochaine étape de son opération de représailles contre le Hamas, responsable de l’attaque la plus meurtrière depuis la création d’Israël, se disant dans l’attente d’une décision politique.

Proche-Orient, l’éternel conflit

Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

Ces préparatifs inquiètent au plus haut point la communauté internationale, qui redoute que le conflit embrase la région.

Visites diplomatiques

À la manœuvre depuis plusieurs jours, le secrétaire d’État américain Antony Blinken doit retourner en Israël lundi, pour une deuxième visite en une semaine, après une tournée dans plusieurs pays arabes.

Au Caire, il a assuré que les alliés arabes des États-Unis ne voulaient pas de débordement du conflit.

Antony Blinken entouré de micros.
Antony Blinken s’adresse aux médias en Égypte. PHOTO : GETTY IMAGES / JACQUELYN MARTIN / AFP

Personne ne doit jeter de l’huile sur le feu ailleurs, a-t-il dit, ajoutant que les différentes capitales arabes visitées, dont Riyad, utilisaient leurs propres canaux pour s’assurer que cela n’arrive pas.

Les États-Unis ont enjoint à l’Iran, un allié du Hamas et du Hezbollah libanais, de ne pas étendre le conflit.

L’Iran a prévenu que nul ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d’un élargissement du conflit si Israël envahit Gaza.

La conseillère spéciale de l’ONU sur la prévention des génocides, Alice Wairimu Nderitu, a quant à elle évoqué le risque très grave d’une escalade militaire dans la région.

Tensions entre le Liban et Israël

La tension monte dangereusement à la frontière entre le Liban et Israël, où les accrochages meurtriers se multiplient entre le Hezbollah et l’armée israélienne.

Dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs autres blessés à Shtula, dans le nord d’Israël, par un tir de missile du Hezbollah. Et le siège des Casques bleus de l’ONU dans le sud du Liban a été touché par une roquette.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé que son pays ne voulait pas d’une guerre à sa frontière avec le Liban, mais si le Hezbollah choisit la voie de la guerre, il en paiera un très lourd tribut.

L’armée a dit samedi avoir tué à cette frontière plusieurs terroristes tentant de s’infiltrer. Le Hamas a confirmé la mort de trois combattants infiltrés.

Israël a frappé en outre samedi à l’artillerie la Syrie voisine après des alertes aériennes dans la partie du plateau du Golan annexé par Israël en 1967.

Lourdes pertes humaines

Plus de 1400 personnes, surtout des civils dont des enfants, ont été tuées en Israël dans l’attaque du Hamas, selon un dernier bilan israélien.

Les autorités du Hamas ont fait état d’au moins 2670 personnes, dont des centaines d’enfants, tuées dans les frappes israéliennes qui ont dévasté des quartiers entiers.

Une enfant allongée sur un lit tandis que sa grand-mère est assise à côté d'elle.
Une jeune Palestinienne de 4 ans blessée lors d’une frappe israélienne qui a tué 14 membres de sa famille, dont ses parents et tous ses frères et sœurs. PHOTO : REUTERS / MOHAMMED SALEM

Quelque 155 personnes ont été en outre enlevées par le Hamas, selon Israël qui a annoncé avoir retrouvé lors d’incursions à Gaza des cadavres d’otages. Le Hamas a fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens.

Dans l’attente d’une opération terrestre à Gaza où il a juré d’en finir avec le Hamas, Israël n’a cessé depuis vendredi d’exhorter les Gazaouis à fuir le nord de la bande de Gaza vers le sud.

L’armée affirme cibler la ville de Gaza, dans le nord, pour y détruire le centre des opérations du mouvement palestinien, classé organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.

Elle a annoncé dimanche la mort dans des frappes d’un troisième chef militaire du Hamas, responsables selon elle de l’attaque du 7 octobre.

Catastrophe humanitaire inédite

À Gaza, une catastrophe humanitaire inédite est en cours, a affirmé l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours.

Une citation dePhilippe Lazzarini, chef de l’UNRWA

Seule lueur d’espoir, l’eau est revenue dans certaines localités du sud du territoire palestinien où s’entassent des dizaines de milliers de personnes.

Mais la situation y reste très difficile pour ces milliers de réfugiés. Chaque jour, nous réfléchissons à la façon d’économiser l’eau. Si l’on prend une douche, on ne boira pas d’eau, regrette Assem, un habitant de Kan Younès, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a comparé le déplacement en cours à l’exode de quelque 760 000 Palestiniens à la création en 1948 de l’État d’Israël, l’Égypte et la Jordanie, s’opposant pour leur part à toute nouvelle dispersion de Palestiniens hors de leurs terres.

Il a par ailleurs affirmé, lors d’un entretien avec son homologue vénézuélien Nicolás Maduro, que les politiques et les actions du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien, selon l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.

Des femmes marchents avec des enfants et des effets personnels.
À Rafah, des femmes palestiniennes fuient les bombardements avec des enfants, le 13 octobre 2023. PHOTO : GETTY IMAGES / AFP / SAID KHATIB

L’aide humanitaire bloquée

Dans le sud de la bande de Gaza, où les déplacés affluent par dizaines de milliers, manquant de tout, les frappes israéliennes se poursuivent, selon des habitants.

Regardez les destructions massives. Ils prétendent qu’il y a du terrorisme ici, crie Alaa al-Hams en montrant les décombres d’une habitation bombardée dimanche à Rafah.

Où est l’humanité dont ils parlent? Ici, tous sont des civils, sans lien avec aucun groupe, mais ils sont tous morts.

Une citation deAlaa al-Hams, résidente de Rafah

Au poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et Gaza, l’aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passe toujours pas.

Ce seul passage entre Gaza et l’extérieur qui ne soit pas sous contrôle israélien reste fermé, bombardé à plusieurs reprises par la chasse israélienne.

Des gens un peu partout dans un camp de régugiés.
Des Palestiniens dans un camp de réfugiés aménagé dans une école à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. PHOTO : GETTY IMAGES / MOHAMMED ABED

De l’autre côté de la barrière israélienne clôturant la bande de Gaza, les habitants de Sdérot sont aussi évacués.

C’est dur […] la peur à chaque alerte, il faut partir, c’est mieux pour les enfants, dit Helen Afteker, 50 ans.

Le 7 octobre à l’aube, en plein sabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël par la terre et les airs, tuant plus d’un millier de civils et semant la terreur sous un déluge de roquettes.

Environ 270 personnes, d’après les autorités, ont été abattues ou brûlées dans leur voiture dans un festival de musique.

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