Israël a ordonné vendredi l’évacuation sous 24 heures vers le sud de « tous les civils » de la ville de Gaza, au septième jour de sa guerre contre le Hamas, mouvement islamiste palestinien que le premier ministre israélien a promis d’« écraser ».

Depuis le début des hostilités, déclenchées le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien, environ 1200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées en Israël. Dans la bande de Gaza, les frappes israéliennes massives lancées en riposte ont fait 1417 morts, dont de nombreux civils, selon les autorités locales.

L’armée israélienne ordonne l’évacuation de tous les civils de la ville de Gaza de leurs domiciles vers le sud, pour leur propre sécurité et protection, a-t-elle annoncé dans un communiqué vendredi à l’aube.

Les civils devront se rendre dans le secteur au sud du Wadi Gaza, un ruisseau situé au sud de la ville, a-t-elle ajouté. Vous ne serez autorisés à retourner dans la ville de Gaza que lorsqu’une autre annonce le permettant sera faite, a précisé ce communiqué.

À New York, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a confirmé que l’armée israélienne avait informé l’organisation de cet ordre d’évacuation, qui concerne selon lui environ 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza.

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Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

Il a averti qu’une évacuation d’une telle ampleur était impossible sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices.

Les Nations unies appellent fortement à ce que cet ordre, s’il est confirmé, soit annulé pour empêcher de transformer ce qui est déjà une tragédie en une situation calamiteuse.

Une citation deStéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, a vivement réagi. La réponse de l’ONU à l’alerte préalable d’Israël envers les habitants de Gaza est honteuse, a-t-il écrit dans un message envoyé à l’AFP, accusant l’ONU d’avoir fermé les yeux face au Hamas qui s’armait et utilisait la bande de Gaza pour cacher ses armes.

« Écraser » le Hamas

Quelques heures plus tôt, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait promis, après un entretien à Tel-Aviv avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, d’anéantir le Hamas.

Tout comme l’EI a été écrasé, le Hamas sera écrasé.

Une citation deBenyamin Nétanyahou, premier ministre israélien

Des déclarations qui laissent présager une offensive terrestre à Gaza contre le Hamas.

Le 7 octobre à l’aube, au dernier jour des fêtes juives de Souccot, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer, pour tuer plus d’un millier de civils dans la rue, chez eux ou en plein festival de musique, semant la terreur sous un déluge de roquettes. Le Hamas a également emmené à Gaza des dizaines d’otages.

Benyamin Nétanyahou en point de presse.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou rencontre la presse après sa rencontre avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Tel-Aviv, le 12 octobre 2023.

PHOTO : VIA REUTERS / POOL

Cette attaque d’une extrême violence a sidéré le pays et traumatisé les survivants et les personnes venues porter secours aux victimes.

Dans la ville de Sdérot, proche de la frontière avec Gaza, Yossi Landau, un bénévole de l’organisation de secours israélienne Zaka, a presque atteint le point de rupture en récupérant les cadavres des victimes et a été témoin d’une violence qu’il n’avait jamais vue auparavant.

Pendant que les combats faisaient rage entre le Hamas et les forces israéliennes, un tronçon de route qui aurait dû prendre 15 minutes nous a pris 11 heures, parce que nous sommes allés chercher tout le monde et les avons mis dans des sacs, raconte cet homme de 55 ans.

J’ai senti que je m’effondrais, pas seulement moi, mais toute mon équipe.

Une citation deYossi Landau, un bénévole de l’organisation de secours israélienne Zaka

Après l’attaque, l’armée a affirmé avoir récupéré les corps de 1500 combattants du Hamas infiltrés.

Le mouvement islamiste a par ailleurs enlevé plusieurs dizaines d’Israéliens et d’étrangers. Israël recense 150 otages, mais des centaines de personnes sont encore portées disparues et des corps sont en cours d’identification.

Des hommes évacuent un homme sur une civière au milieu de décombres.

Des Palestiniens évacuent un blessé après un raid israélien contre le camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

PHOTO : AP / HATEM ALI

Israël a riposté en déclarant une guerre pour détruire le Hamas. L’armée israélienne a annoncé jeudi avoir largué sur la bande de Gaza environ 6000 bombes pour un total de 4000 tonnes d’explosifs depuis samedi.

Dans l’enclave palestinienne, le fracas des explosions, des drones et autres déflagrations est incessant, de jour comme de nuit.

Pourquoi? On n’a rien fait!, hurle un homme en regardant des brancardiers emmener le corps sans vie d’un proche, tout juste sorti des décombres dans un quartier bombardé.

Gaza assiégée

Plus de 423 000 Palestiniens ont été déplacés ces derniers jours dans la bande de Gaza pour fuir les bombardements, selon l’ONU, qui a lancé un appel d’urgence aux dons à hauteur de 294 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents des territoires palestiniens.

L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (OCHA), qui opère notamment des écoles dans la bande de Gaza, accueille environ 64 % de ces déplacés dans 102 de ses établissements.

Des chars d'assaut sur une route de terre.

Un convoi de chars israéliens s’avance vers la bande de Gaza, le 12 octobre 2023.

PHOTO : GETTY IMAGES / AFP / MENAHEM KAHANA

L’unique centrale électrique de la bande de Gaza s’est trouvée à court de carburant et a cessé de fonctionner, coupant la seule source d’électricité de l’enclave, dont la plupart des habitants n’ont plus accès à l’eau potable, a rapporté l’OCHA dans un communiqué.

Selon cette organisation, un réservoir d’eau et une usine de désalinisation avaient été touchés par des frappes aériennes.

L’UNICEF a indiqué que certains ont commencé à boire de l’eau de mer, très salée, et contaminée par 120 000 mètres cubes d’eaux usées non traitées chaque jour.

Une citation deExtrait d’un communiqué de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens

La bande de Gaza, enclave pauvre et exiguë où s’entassent 2,4 millions d’habitants qui subissent un blocus terrestre, aérien et maritime depuis 2006, est désormais en état de siège, privée d’approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.

Outre les bombardements, l’armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour de Gaza et à la frontière avec le Liban, pays depuis lequel le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, lance régulièrement des roquettes contre Israël.

Visites diplomatiques

Pendant sa visite-éclair en Israël, Antony Blinken a dit avoir discuté des moyens de répondre aux besoins humanitaires des habitants de Gaza afin de les protéger, tandis qu’Israël mène ses opérations de sécurité légitimes pour se défendre contre le terrorisme et tenter de faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais.

Nous serons toujours à vos côtés, a assuré à M. Nétanyahou le chef de la diplomatie américaine.

En Jordanie, où il est arrivé dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d’État doit rencontrer le roi Abdallah II et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Ce dernier a rejeté le meurtre de civils des deux côtés et exigé la fin immédiate de l’agression contre le peuple palestinien.

Antony Blinken en point de presse.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est en visite au Proche-Orient afin de démontrer le soutien des États-Unis à Israël, dans la foulée des attaques de samedi.

PHOTO : REUTERS

M. Blinken est ensuite attendu au Qatar, avant d’aller en Arabie saoudite, en Égypte et aux Émirats arabes unis.

Vendredi également, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir à New York à l’initiative du Brésil, qui assure la présidence tournante de l’institution, pour aborder la situation dans la bande de Gaza. Une première réunion du Conseil, le 8 octobre, n’avait abouti à aucune condamnation unanime de l’attaque du Hamas.

Les présidentes de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Parlement européen Roberta Metsola sont à leur tour attendues vendredi en Israël pour exprimer leur solidarité avec les victimes des attaques terroristes du Hamas et rencontrer les dirigeants israéliens, selon un communiqué conjoint des deux institutions.

Les cheffes de la diplomatie allemande et française, Annalena Baerbock et Catherine Colonna, doivent aussi se rendre en Israël, respectivement vendredi et dimanche.

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