Le territoire de la bande de Gaza illustre bien l’histoire de la géographie du conflit israélo-palestinien. Une carte qui parle de la naissance d’Israël et de celle du Hamas.
Pour comprendre la complexité des territoires si étroitement enchevêtrés dans la région, il faut des cartes. Celle que présente Delphine Papin, cartographe au Monde, remonte le cours de l’histoire. Elle commence en 1948.
Avant cela, la bande de Gaza est une partie de la Palestine, une région qui après avoir été ottomane, est passée sous mandat britannique en 1922. Lorsque ce mandat prend fin, en 1948, les Nations Unis proposent un plan de partage qui divise ce territoire en deux États, un juif et un arabe. Il n’est pas accepté par la partie arabe, l’Etat d’Israël proclame par contre son indépendance le 14 mai. Le lendemain, les pays arabes déclarent la guerre. Une guerre qui s’achève en 1949 par la victoire d’Israël.
Après l’armistice de 1949, c’est l’Égypte qui prend sous tutelle Gaza avec ses 279 000 habitants à l’époque.
Parmi eux, 197 000 réfugiés palestiniens qui ont fui l’État hébreux et pour lesquels l’ONU va créer huit camps de réfugiés. « Ces camps existent toujours, et ce sont les descendants des premiers réfugiés qui y vivent » explique Delphine Papin. « C’est pourquoi vous avez actuellement dans la bande de Gaza des Palestiniens de Gaza et des réfugiés Palestiniens. »
« Pendant un temps, jusqu’en 1967, Gaza est sous administration militaire de l’Égypte. La situation change alors, avec la Guerre des 6 jours. Israël prend à l’Egypte, le Sinaï cette vaste péninsule désertique et la bande de Gaza. En 1979, l’Égypte et Israël signent un accord de paix. Israël restitue le Sinaï mais pas la bande de Gaza, où des colons israéliens se sont installés entre-temps.La cohabitation à Gaza est extrêmement tendue« , explique Delphine Papin.
En 1987, éclate depuis Gaza, la première Intifada. C’est dans ce contexte que naît à Gaza le Hamas, la branche palestinienne des Frères musulmans qui ne reconnaît pas l’État d’Israël.
Dans la foulée de la deuxième Intifada et d’une vague d’attentats-suicides qui s’abat sur Israël, Ariel Sharon, devenu premier ministre en 2001, décide qu’il est trop coûteux économiquement et militairement de rester à Gaza. Les 21 colonies juives qui s’y trouvent sont démantelées par Israël et l’armée israélienne se retire.
Gaza devient palestinienne en 2005, mais Israël conserve le contrôle des frontières terrestres, aériennes et maritimes de Gaza. L’influence du Hamas ne fait que croître, jusqu’à sa victoire électorale contre le Fatah en 2006.
« Nombre de bailleurs internationaux interrompent alors leurs aides à Gaza, pour ne pas financer le Hamas, qu’ils considèrent comme une organisation terroriste. » Delphine Papin
Sa tête de liste, Ismaïl Haniyeh, qui est aujourd’hui encore le chef politique du Hamas, devient premier ministre de l’Autorité palestinienne. Mais le Fatah refuse de participer à un gouvernement d’union nationale et c’est le début d’une guerre fratricide entre le Hamas et le Fatah. Ces violents affrontements aboutissent le 14 juin 2007, à la prise de contrôle totale de la bande de Gaza par le Hamas. Le Fatah est chassé de l’enclave. et vous avez donc deux territoires palestiniens la Cisjordanie du Fatah et la bande de Gaza du Hamas qui se tournent le dos.
Le blocus va alors se durcir encore… Et sans compter celle qui s’ouvre, Gaza a connu, depuis 2007, au moins cinq guerres.
« Des privations laissent la population exsangue, mais n’affaiblissent pas le Hamas pour autant« . Delphine Papin
Aujourd’hui, 2,2 millions de personnes vivent à Gaza, c’est l’une des densités de population la plus forte au monde, sur 365 kilomètres carrés.