Selon « La Tribune de Genève », l’islamologue, actuellement incarcéré, aurait séquestré, frappé et violé une femme en octobre 2008 dans un hôtel genevois.
Après les trois plaintes pour viol déposées en France et la plainte pour agression sexuelle venant des États-Unis, cette fois, les accusations partent de la Suisse, le pays natal de Tariq Ramadan. Une femme âgée d’une quarantaine d’années au moment des faits, convertie à l’islam, a déposé aujourd’hui, vendredi 13 avril, une plainte auprès du ministère public genevois pour « séquestration, contrainte sexuelle, viol avec la circonstance aggravante de cruauté ». Elle évoque une agression de plusieurs heures en 2008 dans un hôtel de la rive droite de Genève.
Selon l’information, révélée par La Tribune de Genève, cette femme affirme avoir été séduite par cette « figure de l’islam » vivant près de chez elle. Selon ses dires, elle l’aurait rencontré à l’occasion d’une séance de dédicaces en septembre 2008. Ce dernier lui aurait donné sa carte de visite. Ils auraient communiqué ensuite via les réseaux sociaux. Quelques semaines plus tard, selon le quotidien, le 28 octobre 2008, le prédicateur lui aurait proposé d’aller boire un café dans un hôtel. Sous prétexte de l’aider à monter une planche à repasser et un fer, en prévision d’une émission de télévision, Tariq Ramadan l’aurait entraînée dans sa chambre.
« Les prostituées et les espionnes »
Ensuite, le scénario ressemble à celui décrit par les autres victimes : en un quart de seconde, le petit-fils d’Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans, change totalement de comportement. La jeune femme aurait été basculée sur le lit, puis insultée. Malgré sa résistance, elle aurait été contrainte à des actes sexuels. Elle aurait été giflée à plusieurs reprises. « Il me disait qu’il y avait deux catégories de femmes qui refusaient d’embrasser : les prostituées et les espionnes. Il m’a alors redemandé si j’étais des RG [Renseignements généraux] », raconte la victime dans le quotidien genevois.
L’auteur de l’article peut en témoigner : l’une des accusations favorites de Tariq Ramadan est de reprocher systématiquement à tous ceux qui s’opposent à lui d’appartenir à ce service de police. Accusation qu’il a continué à porter même après la disparition des RG. La victime, qui n’a pu s’enfuir de la chambre d’hôtel que le lendemain matin vers 6 h 30, reconnaît qu’ensuite elle a continué à correspondre avec son agresseur, « dans l’espoir de comprendre son geste, dans l’espoir qu’il s’excuse ».
Perte de l’usage de ses membres
Elle explique que ce qui a pu la motiver à porter plainte, presque dix ans après les faits, « est né du courage des autres victimes qui se sont exprimées ». En novembre 2017, La Tribune de Genève avait recueilli le témoignage de quatre des anciennes élèves de Ramadan. Dans les années 80 et 90, ce dernier était professeur de français dans un collège à Genève. Trois des collégiennes reconnaissaient avoir eu des relations sexuelles avec lui. L’une d’entre elles décrit un « homme tordu, intimidant, qui usait de stratagèmes relationnels et pervers et abusait de la confiance de ses élèves ».
Le 10 avril, le docteur Aymen Ramadan, le frère aîné de Tariq, déclare dans un communiqué : « Entré en prison debout, Tariq Ramadan a aujourd’hui perdu partiellement l’usage de ses membres inférieurs et de son bras droit. Il souffre de maux de tête insupportables. » Il ajoute que son frère « nie catégoriquement toutes les accusations portées contre lui et s’est présenté de lui-même pour prouver son innocence et n’a jamais eu l’intention de fuir ni d’exercer de quelconques menaces à l’encontre de ses accusatrices ».
Ian Hamel