Dans un discours devenu viral, l’évêque Marcellin Yao Kouadio a dénoncé la « corruption généralisée » des élites politiques, les inégalités économiques et, pêle-mêle, le « tribalisme » et la « justice sélective ».
C’est devenu une plaisanterie récurrente sur les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire : « Et toi, tu vis dans le monde de Kouadio ou dans le monde d’Ams ? » Ams, c’est Amadou Coulibaly, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement ; Kouadio, c’est l’évêque Marcellin Yao Kouadio, du diocèse de Daloa (centre-ouest), devenu il y a peu le nouveau président de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cecci).

L’organisation religieuse tenait début juin son habituelle assemblée générale plénière, pour la 123e fois de son histoire. C’est au président fraîchement désigné, Mgr Kouadio, qu’est revenue la parole pour la messe de clôture, le 4 juin. Dénonçant le climat sociopolitique régnant dans le pays, les inégalités économiques et, pêle-mêle, le « tribalisme » et la « justice sélective », le prélat s’est lancé dans une flamboyante homélie, plusieurs fois acclamée par les fidèles.
Son discours, filmé, est devenu viral sur les réseaux sociaux. « A qui profite la croissance économique tant chantée en chœur ?, s’est-il exclamé. L’économie ivoirienne serait l’une des plus performantes au monde, dit-on. Quel monde, le monde réel ou le monde invisible ? Les populations sont attristées, nous assistons à une vraie paupérisation des zones rurales. » Le développement en Côte d’Ivoire, a affirmé l’évêque, est « effectué en morceau choisi, en reconnaissance au militant docile ou en représailles aux localités insoumises ».
Mgr Kouadio a ensuite durci le ton contre la « corruption généralisée » des élites politiques, un « peuple constamment humilié et pris en otage », une « démocratie armée » où « la plupart du temps, ceux qui parlent de paix se promènent en gilet anti-balles ». Et de conclure sur l’influence jugée délétère d’un « Occident décadent » qui souhaiterait « continuer de dominer et moraliser le monde, particulièrement notre Afrique ». « L’immoralité est exportée à travers l’homosexualité », a-t-il assuré, ajoutant qu’« on parle de LGBT comme s’il s’agissait d’une société immobilière, on parle de zoophilie, de légalisation de l’avortement, d’euthanasie, de la pratique de la peine de mort… »
Les journaux d’opposition se sont régalés ; ceux proches du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), se sont indignés.
Un prélat « sorti de son rôle »
Interpellé sur le sujet le 7 juin, lors de la traditionnelle conférence de presse de fin de conseil des ministres, Amadou Coulibaly a répliqué vertement en défendant le bilan du gouvernement. « Moi, mon monde, c’est qu’aujourd’hui en Côte d’Ivoire, un citoyen ne fait pas plus de cinq kilomètres pour trouver un centre de santé. […] Moi, mon monde, c’est qu’un enfant ne fait pas plus de cinq kilomètres pour aller au collège… » Et de conclure : « C’est dans ce monde que je vis. Je ne peux pas dire s’il est invisible ou s’il est réel. Mais comme l’évêque et moi ne sommes pas dans le même monde, je ne ferai pas plus de commentaires que cela. »

Ce n’est pas la première fois que l’épiscopat se met le pouvoir à dos en Côte d’Ivoire. Lors de sa 114e assemblée plénière, en janvier 2020, la Cecci avait déjà pointé les failles du processus de réconciliation nationale, de la commission électorale indépendante et du dialogue politique. Elle s’était attiré les foudres du porte-parole du gouvernement, à l’époque Sidi Tiémoko Touré, qui avait nié ces accusations, et de la presse proche du pouvoir, qui avait accusé les évêques de prendre fait et cause pour l’opposition.
En septembre 2020 encore, une délégation de ministres et de cadres du RHDP s’était rendue à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan pour signifier son mécontentement à l’archevêque de la ville, le cardinal Jean-Pierre Kutwa, qui avait osé juger que la candidature du président Alassane Ouattara à un troisième mandat n’était « pas nécessaire ».
La Cecci n’a pas communiqué ces derniers jours à la suite de la sortie de son nouveau président. Mais la Conférence des évêques pentecôtistes et évangéliques de Côte d’Ivoire (Cepeci) s’est vite désolidarisée par la voix de son secrétaire général, Jonathan Gba. Dans une déclaration communiquée à la presse, il a jugé que Mgr Kouadio était « sorti de son rôle de prélat » pour tenir le discours « d’un homme politique », et affirmé qu’il n’appartenait pas à l’Eglise de dénoncer le bilan d’un gouvernement.
« Nonobstant ce que l’on peut reprocher à l’autorité étatique, a-t-il conclu, il n’en demeure pas moins que la Côte d’Ivoire a amorcé sa vitesse de croisière en développement, en infrastructures, en paix, car ses fils et filles aujourd’hui marchent main dans la main sous un soleil de sécurité et d’amour. »
Marine Jeannin
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