ELECTION A LA TETE DE LA BAD : Le nouveau président sera-t-il à la hauteur des défis ?

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Sidi Ould Tah qui a été élu parmi les cinq candidats qui étaient en lice pour succéder au Nigérian.
Sidi Ould Tah qui a été élu parmi les cinq candidats qui étaient en lice pour succéder au Nigérian.

Les Assemblées annuelles 2025 de la Banque africaine de développement (BAD) n’étaient pas comme les autres. Elles étaient spéciales. En effet, celles-ci coïncidaient avec l’élection d’un nouveau président à la tête de l’Institution bancaire panafricaine, le président sortant, le Nigérian Akinwumi Adesina, étant au terme de ses deux quinquennats. Ainsi, ouvertes depuis le 27 mai dernier à Abidjan en Côte d’Ivoire, ces Assemblées annuelles ont attiré plus de 6 000 participants. Le point d’orgue de cette importante rencontre annuelle qui s’est penchée sur plusieurs questions majeures de la BAD, a été, comme on pouvait s’y attendre, l’élection le 29 mai dernier, du nouveau président, par les gouverneurs du Groupe de la Banque. Et c’est le Mauritanien Sidi Ould Tah qui a été élu parmi les cinq candidats qui étaient en lice pour succéder au Nigérian.

Les défis restent nombreux pour le nouveau patron de la BAD

Cette élection vient donc mettre fin à 10 bonnes années que Dr Akinwumi Adesina aura passées à la tête de l’une des plus grandes banques multilatérales de développement au monde, avec 81 pays membres, dont 54 africains. Une décennie qui reste marquée par des réalisations historiques à mettre à l’actif du Nigérian qui, lors de ses adieux, a eu droit à un florilège d’hommages mérités. En effet, le président sortant qui a déclaré avoir «donné sincèrement son cœur, son esprit et tout son être à l’Afrique», a un bilan qui force l’admiration et le respect.

En effet, c’est sous son leadership que la BAD a réalisé la plus importante augmentation de capital de son histoire, le faisant passer de 93 milliards de dollars en 2015, quand il prenait ses fonctions, à 318 milliards de dollars aujourd’hui. Sans oublier les nombreuses innovations financières mondiales qu’il a apportées au groupe bancaire, faisant de lui un leader mondial du financement du développement. Dr Adesina a su donc dynamiser son institution qui a eu un impact transformateur sur le continent. C’est dire si le banquier nigérian a placé la barre très haute. Toute chose qui met plus la pression sur les épaules du Mauritanien fraîchement élu, dont le bilan sera jugé à l’aune des réalisations majestueuses de son prédécesseur. C’est donc dire que la tâche s’annonce ardue pour celui qui dirige actuellement la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). En effet, les défis restent nombreux pour le nouveau patron de la BAD.

Parce qu’en dépit du bilan mirifique de Dr Akinwumi Adesina, couronné par de nombreux investissements dans plusieurs pays du continent, le quotidien de la majorité des Africains n’est guère reluisant. Durement éprouvées par le renchérissement continu du coût de la vie dans certains pays, empêtrées dans une pauvreté endémique, de nombreuses familles en Afrique, peinent encore à s’offrir les deux repas par jour. Et l’accès à l’eau potable, à une couverture sanitaire digne et à une éducation de qualité, demeure un luxe pour beaucoup de citoyens africains.  Pourtant, les perspectives de croissance de l’Afrique restent insuffisantes pour répondre aux besoins pressants de ses populations.

L’homme qui a été choisi par le conseil des gouverneurs de la BAD, a le profil de l’emploi

 Et l’environnement économique international vers lequel on se tourne en pareille situation, n’est pas non plus des plus sereins. Il reste marqué par une baisse de l’aide internationale au développement, depuis que le président milliardaire a effectué son come-back tonitruant à la Maison Blanche. En effet, Donald Trump, pour ne pas le nommer, a coupé le robinet des financements américains à de nombreux pays africains, et imposé de nouveaux droits de douane affectant 47 pays du continent, selon certaines données, avec des risques élevés d’inflation. Et le dirigeant américain ne compte pas s’arrêter là. En effet, outre ces droits de douane, les Etats-Unis veulent supprimer leur contribution d’un demi-milliard de dollars au fonds de la BAD destiné aux pays africains à faible revenu. 

C’est dans ce contexte précaire et de fragilité économique que le nouveau président Sidi Ould Tah prend les rênes de l’institution financière (il devrait officiellement prendre fonction le 1er septembre 2025). C’est donc peu dire, qu’il a du pain sur la planche. Sera-t-il à la hauteur des nombreux défis qui l’attendent ? On attend de le voir à l’œuvre. Toujours est-il que l’homme qui a été choisi par le conseil des gouverneurs de la BAD, a le profil de l’emploi. D’autant plus qu’il a déjà fait ses preuves ailleurs, notamment au sein de la banque qu’il dirige actuellement. On est d’autant plus optimiste que la BAD se trompe rarement dans le choix de ses dirigeants qui, en général, ont des compétences avérées dans les domaines qui concernent les activités, la gestion et l’administration de la Banque. Et c’est tout à l’honneur de cette institution qui dispose de l’un des processus les plus démocratiques pour élire ses présidents.

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