CRISE FONCIÈRE, SCANDALE KOMÉ BAKARY… LE MINISTRE BRUNO KONÉ CONVOQUÉ À L’ASSEMBLÉE NATIONALE

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Le ministre de la Construction est convoqué ce 17 juin 2025 à l’Assemblée nationale pour s’expliquer devant les députés, dans un climat particulièrement tendu, entre scandales fonciers, colère des victimes et soupçons de corruption.

La séance parlementaire de ce mardi 17 juin s’annonce particulièrement tendue. Le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Koné, devra répondre devant les députés des graves dysfonctionnements qui minent son secteur.

Cette convocation officielle, matérialisée par le document N°1199/AN/SG que Linfodrome a pu consulter, intervient dans un contexte de crise aiguë du foncier, marquée par plusieurs scandales dont l’embarrassante affaire Komé Bakary.

Un ministre affaibli ?

La question orale est l’un des moyens d’information de l’Assemblée nationale à l’égard de l’action de l’administration gouvernementale. À l’origine de cette initiative parlementaire, le député Sehi Gaspard, élu de Facobly et membre influent du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo.

Ce dernier a récemment dénoncé ce qu’il présente comme une « disparition programmée des terres autochtones », accusant ouvertement des « réseaux mafieux » et des « accaparements étrangers ». Une position qui donne à ce débat une coloration éminemment politique, à quatre mois seulement de l’élection présidentielle.

Le ministre Bruno Koné, en poste depuis juillet 2018, arrive à cette séance affaibli par une série de révélations compromettantes. Vingt agents de son ministère ont dernièrement été licenciés pour délivrance de titres fonciers frauduleux.

Son administration est également mise en cause dans plusieurs dossiers sensibles, dont le plus médiatisé reste celui de Komé Bakary, symbole des dérives du système foncier avec des cas de spoliation et de faux documents à la clé.

Crise de confiance

Komé Bakary est au cœur d’un vaste scandale foncier en Côte d’Ivoire. Il est poursuivi pour faux et usage de faux sur plusieurs titres fonciers jugés frauduleux, notamment à Bessikoi, où il est accusé d’avoir illégalement acquis des terrains à l’aide de documents falsifiés.

Trois plaintes ont été déposées contre lui, dont celle de Dame Traoré, qui se dit expropriée sans fondement juridique. Placé sous contrôle judiciaire, il est interdit de quitter le territoire. Malgré l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Bingerville, son absence de détention provisoire alimente les soupçons d’impunité.

Certains dénoncent des protections politiques à l’approche de la présidentielle de 2025. Des soupçons de complicités au sein de l’administration foncière et des autorités traditionnelles sont également évoqués.

Sur le plan social, cette affaire a déclenché une vive mobilisation des victimes. Plusieurs plaignants ont pris la parole dans les médias et sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un vol organisé de leurs terres. Cela a ravivé le débat sur la sécurisation foncière en Côte d’Ivoire et nourrit une crise de confiance à l’égard des institutions censées garantir la justice et la transparence dans la gestion du foncier.

Le ministre en charge de la Construction joue donc une partie serrée ce mardi. Face aux députés et à l’opinion, Bruno Koné devra restaurer la confiance et convaincre qu’il reste encore un pilote crédible à la tête d’un ministère en pleine tempête.

Samuel KADIO

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