« Tidjane Thiam n’est pas apatride. Il est Ivoirien d’origine. Il a été radié de la liste électorale car il n’avait pas encore renoncé à sa nationalité française au moment de son inscription, selon la décision rendue par la présidente du tribunal de première instance du Plateau, le 22 avril 2025 ». C’est en substance ce qui ressort de la conférence de presse qu’a animée Augustin Kouamé, directeur des Affaires civiles et pénales (DACP) du ministère de la Justice et des Droits de l’homme, le 28 avril 2025 au palais de justice du Plateau.

En effet, le ministère de la justice ivoirienne à travers son DACP a bien voulu éclairer la lanterne des Ivoiriens sur cette décision rendue par le tribunal du Plateau, à l’égard du candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) Tidjane Thiam, dans le cadre du contentieux sur la liste électorale.
Le conférencier a dans un premier temps présenté les différents cas de figure par lesquelles un individu peut être ivoirien. Il s’agit notamment de la nationalité par attribution ou par acquisition. Pour ce qui concerne Tidjane Thiam, il est ivoirien par attribution. C’est la nationalité par filiation, c’est-à-dire par le sang. Il est né de parents ivoiriens. Il est donc un ivoirien d’origine.
Selon les propos du DACP, le candidat du PDCI-RDA n’est pas frappé d’apatridie. Il est bien ivoirien d’origine comme la présidente du tribunal de première instance du Plateau a pu le démontrer. Pourtant, il a été radié de la liste électorale. Comment cela est-il possible ? Conformément au code de la nationalité de 1961, « La nationalité ivoirienne s’acquiert ou se perd après la naissance par l’effet de la loi ou par l’effet d’une décision d’une autorité publique prise dans les conditions fixées par la loi », a expliqué le conférencier.
Depuis le 24 février 1987 Thiam a volontairement acquis la nationalité française à la suite de sa naturalisation alors qu’il était majeur, selon l’ordonnance de la présidence du tribunal. Il a ainsi automatiquement perdu la nationalité ivoirienne, par l’effet de l’article 48 du code de la nationalité.
« Dans le cas d’espèce, Thiam a perdu la nationalité ivoirienne d’origine non par décision de l’autorité publique, mais par l’effet de la loi elle-même », a précisé Augustin Kouamé. C’est dans ces circonstances que Tidjane Thiam s’est inscrit sur la liste électorale pour les élections de 2025.
La justice a été donc saisie par des personnes opposées à son inscription sur la liste électorale. Suite à ce contentieux, le juge a ordonné la radiation de Thiam, conformément au code de la nationalité de 1961. Et cela bien que le 19 mars 2025, il ait abandonné la nationalité française par décret signé par le Premier ministre français. Et est redevenu donc automatiquement ivoirien, car étant ivoirien par filiation, selon le même code de la nationalité. « Thiam est Ivoirien d’origine, Ivoirien par filiation. C’est la filiation qui fait de Thiam un Ivoirien. Donc sa naturalisation en tant que français ne remet pas en cause sa filiation. Alors s’il renonce à la nationalité française, il devient automatiquement Ivoirien », a précisé le conférencier. Pourquoi la justice a-t-elle alors ordonné sa radiation de la liste électorale ? A cette question des journalistes, il a répondu : « le juge dit au moment où M. Thiam s’inscrivait sur la liste électorale, il n’avait pas la qualité d’ivoirien. Et cette qualité s’apprécie au moment de l’inscription. Au moment où il s’inscrivait, il n’avait pas encore renoncé à son allégeance à l’État français ».
Diomandé Karamoko