
« Le Temps de la Retraite, le Goût du Relais »
Mes chers amis, mes compagnons de lutte,

Dans notre combat contre les autocrates, les kleptocrates, les dictateurs — et tous ces potentats qui brisent les peuples et piétinent nos espérances — il arrive un moment où l’on doit s’arrêter, se retourner, et accepter l’évidence : le temps nous a rattrapés.
Il ne s’agit pas de fuir le combat, encore moins de l’abandonner.
Il s’agit d’un choix. Celui de ne pas devenir ce que nous avons passé notre vie à dénoncer.
Mon temps est passé.
Je suis à la retraite.
Mais que l’on ne confonde pas retraite et renoncement. Je ne suis ni inactif, ni isolé. Je suis là, vivant, vibrant, habité par une flamme qui ne s’éteint pas.
Seulement, aujourd’hui, je ne suis plus en première ligne.
Désormais, je prête mes épaules, ma force, mes armes, ma mémoire… et ma tête —
à ceux et celles qui montent.
À ceux et celles qui croient encore qu’on peut conquérir l’inaccessible étoile.
Et s’ils trébuchent, je serai là. S’ils doutent, je parlerai. S’ils tombent, je les relèverai.
Peu m’importe le temps que cela prendra,
peu m’importe les obstacles sur leur route.
Ce qui me touche, ce qui me porte,
c’est leur volonté.
Elle donne un sens lumineux à cette étape de ma vie.
Oui, j’ai quitté les mandats, les estrades, les joutes publiques.
Mais ma vie n’a rien perdu de sa passion.
Je vis, pleinement. Et avec un calme nouveau,
je contemple la relève avec fierté.
Je leur tends la main non pas pour les guider,
mais pour les soutenir.
Car si la lumière doit changer de porteur,
que le flambeau au moins ne faiblisse jamais.
« Le temps venu »
Dans le combat contre les autocrates, les kleptocrates, les dictateurs et autres potentats de chez nous, il devient crucial, à un certain moment, de savoir envisager une forme de retraite. Non par renoncement, mais pour éviter le piège de devenir, à notre insu, ce que nous avons toujours combattu.
Mon temps est passé.
Je suis à la retraite.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : je ne suis ni oisif, ni solitaire.
Je poursuis ma quête autrement, en mettant mes épaules, ma force, mes armures — et ma tête — au service de nouveaux combattants, sincèrement engagés. Peu m’importe le temps que leur lutte prendra, peu m’importe leurs chances de conquérir l’inaccessible étoile. Ce qui m’importe, c’est leur volonté.
C’est elle qui me donne une raison de vivre cette étape de ma vie avec fierté, gaieté — et sans désespérance.
J’ai une vie en dehors des mandats politiques.
Et elle me passionne.
Mamadou Koulibaly, ex-Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire (2000-2011), ex-président de Lider.