CE QU’ON SAIT SUR LES IMAGES DU FRONT DE LIBÉRATION DE L’AZAWAD À ABIDJAN

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Des images circulant sur les réseaux sociaux suggèrent l’ouverture d’un bureau du Front de Libération de l’Azawad à Abidjan, dans un contexte déjà tendu avec les pays de l’AES. Le gouvernement ivoirien dément formellement toute existence réelle.

La vidéo publiée sur les réseaux sociaux, notamment TikTok et Facebook, présente un groupe d’hommes entièrement voilés, vêtus comme des membres de communautés touarègues (tenues traditionnelles sahéliennes), assis autour d’une table sur laquelle sont disposées des boissons et des bouteilles d’eau. Une femme non voilée est également présente à la table.

Derrière eux, on distingue un drapeau tricolore rouge-jaune-blanc, qui est fréquemment associé à l’Azawad dans les communications militantes.

Une cellule en territoire ivoirien ?

Les publications relayant ces images avancent deux affirmations : « Le bureau de FLA en Côte d’Ivoire », « Formation du Front de Libération de l’Azwad en Côte d’Ivoire aujourd’hui ». De quoi laisser entendre que le Front de Libération de l’Azwad (FLA), coalition séparatiste touarègue active dans le nord du Mali, disposerait désormais d’une cellule en territoire ivoirien.

L’Azawad — vaste région désertique du nord du Mali, s’étendant sur les zones sahariennes et sahéliennes — est revendiqué par des mouvements touaregs qui ont proclamé son indépendance en 2012.

Le FLA, créé le 30 novembre 2024, est l’héritier d’une coalition de groupes armés séparatistes déterminés à instaurer un État indépendant. Engagés dans un conflit ouvert contre le pouvoir de Bamako, ces groupes affrontent régulièrement les Forces armées maliennes (FAMa) et leurs alliés du groupe paramilitaire russe Wagner.

Un contexte diplomatique explosif

La Côte d’Ivoire évolue dans un climat tendu avec les États de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger), tous dirigés par des juntes militaires. Les relations se sont nettement dégradées depuis 2022, Bamako et ses alliés accusant régulièrement Abidjan d’accueillir des opposants ou des acteurs jugés hostiles à leurs régimes.

Dans ce contexte, la prétendue apparition d’un « bureau du FLA » à Abidjan a immédiatement suscité interrogations et inquiétudes sur les réseaux sociaux. D’autant qu’une vidéo circulant sur TikTok montre un ressortissant de la région tenter d’expliquer la scène.

« Dans la vidéo en tamasheq (langue touarègue) partagée hier, il n’a jamais été question de violence ni de menace, affirme ce dernier. Ce qui a été dit est simple : l’ouverture d’un bureau du FLA en Côte d’Ivoire pour coordonner et organiser la population azawadienne qui vit déjà dans le pays. Uniquement cela. Rien de plus. Mais comme beaucoup ne comprennent pas le tamasheq, certains propagandistes de l’AES en ont profité pour raconter que “les terro-terro” auraient ouvert un bureau en Côte d’Ivoire. C’est complètement faux. La Côte d’Ivoire est un État stable, souverain, où toutes les communautés – y compris les Azawadiens – vivent paisiblement et légalement, comme partout dans la diaspora africaine. »

Ce que dit le gouvernement ivoirien

Mais qu’en est-il réellement ? Un bureau du FLA existe-t-il vraiment en Côte d’Ivoire ? Interrogé à l’issue du Conseil des ministres du 3 décembre 2025, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a livré un démenti clair.

« Ces images n’ont pas été authentifiées par nos services, a déclaré le ministre. Beaucoup ont prétendu que c’était en Côte d’Ivoire, mais rien ne permet de dire que c’est en Côte d’Ivoire. Vous savez très bien qu’avec les images, on peut tout dire, mais vous savez également qu’aujourd’hui, avec l’intelligence artificielle générative, on peut tout créer, notamment des deepfakes ».


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