
La CEI s’apprête à organiser les législatives en décembre de cette année. Pourtant, elles étaient initialement attendues au plus tôt en mars 2026, soit cinq mois après la présidentielle. Officiellement, les législatives de décembre 2025 ont pour but de respecter la Constitution [2 sessions parlementaires/an, dont la première en janvier].
Mais force est de constater que depuis 2011, les élections municipales, législatives et régionales sous Alassane Ouattara ont été rythmées par des changements de dates, souvent annoncés tardivement. Comme si le calendrier électoral était une denrée rare qu’il fallait voir se concrétiser pour y croire.
1. Historique des reports et avances
- Législatives 2011 : prévues avant fin 2011, finalement tenues le 11 décembre, huit mois après la crise post-électorale.
- Municipales et régionales 2013 : reportées à plusieurs reprises (2011 → 2012 → 2013), finalement le 21 avril 2013.
- Régionales et municipales 2018 : initialement en 2017, repoussées au 13 octobre 2018.
- Législatives 2021 : fixées au 6 mars 2021 après plusieurs hésitations, dans un contexte politique tendu.
- Municipales et régionales 2023 : prévues fin 2022, déplacées au 2 septembre 2023, après modification du Code électoral et du nombre de conseillers.
2. Les raisons officielles et officieuses
Officiellement, ces changements s’expliquent par des contraintes techniques : recensement incomplet, révision du fichier, budget, calendrier scolaire ou religieux.
Officieusement, ils permettent au parti au pouvoir :
- de gérer le temps à sa guise pour consolider ses alliances locales et préparer ses candidats, et surprendre ses adversaires
- de réduire la marge de manœuvre de l’opposition pour s’organiser,
- de faire coïncider le scrutin avec des modifications législatives stratégiques.
3. Un outil politique assumé
En ajustant le calendrier et en modifiant les lois électorales, le pouvoir conserve la maîtrise du tempo politique, un tempo qu’il a toujours su transformer en victoire. Dans un système où la neutralité de l’administration électorale est régulièrement contestée, ces reports et avances sont bien plus qu’un simple aménagement technique : ce sont des leviers politiques décisifs.