APPEL À LA CPI : LE PPA-CI PRÉCISE QUE GUILLAUME SORO “N’EST PAS VISÉ’’

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Lors d’une tribune du PPA-CI, Justin Koné Katinan a assuré que Guillaume Soro « n’est pas visé » par l’initiative de Laurent Gbagbo. La recherche de vérité, a-t-il affirmé, concerne surtout les commanditaires.

Guillaume Soro, qui a reconnu être le chef de la rébellion, « n’est pas visé » par l’initiative de Laurent Gbagbo, a assuré Justin Koné Katinan, tout en précisant que les interrogations portent avant tout sur « les mains derrière ». Le président du conseil stratégie et politique du PPA-CI s’exprimait jeudi 11 décembre 2025, lors d’une tribune organisée par le parti pour revenir sur l’appel lancé par l’ancien président à faire éclater la vérité sur les crises ivoiriennes — un appel qui suscite depuis de fortes réactions et qui semble avoir relégué au second plan l’investiture du président Alassane Ouattara.

« Convergence de vues », mais…

Laurent Gbagbo a rendu publique, le 8 décembre 2025, une lettre adressée au Procureur de la CPI, dans laquelle il affirme vouloir obtenir des éclaircissements sur les « causes profondes » de la rébellion armée de 2002, ainsi que sur les violences qui ont culminé lors de la crise post-électorale de 2010–2011. Dans ce document, l’ancien chef de l’État estime que « tant qu’un fait n’est pas jugé totalement, il devient une injustice ». 

Interrogé par Linfodrome sur un paradoxe apparent — la demande de « vérité totale » sur la rébellion alors que Guillaume Soro, ancien chef politique du mouvement rebelle, est aujourd’hui engagé dans une dynamique de convergence avec l’opposition — Justin Koné Katinan a tenu à corriger ce qu’il considère comme une interprétation erronée. « Première chose : GPS ne fait pas partie du Front commun », a-t-il déclaré. Il a reconnu une « convergence de vues » sur certaines questions politiques, notamment l’organisation d’élections jugées crédibles, mais a insisté sur le fait que cette entente « n’a pas été créée pour préserver l’impunité ».

« Qui a financé la rébellion ? Qui en a tiré profit ?”
Koné Katinan

Selon lui, les questions soulevées par Laurent Gbagbo ne visent pas directement l’ancien président de l’Assemblée nationale. « Le président Soro, lui-même, doit se poser ces questions : “J’ai gagné quoi dedans même ? Qui a financé la rébellion ? Qui en a tiré profit ?” », a-t-il estimé. Il a rappelé que Guillaume Soro a « publiquement revendiqué être le chef de la rébellion », mais que le PPA-CI cherche avant tout à établir « qui a guidé et financé cette insurrection ». « Dans cette affaire, il y a la culpabilité et la responsabilité. Les deux se jouent ici », a-t-il ajouté.

« À la CPI, il y a un dossier “Côte d’Ivoire 2” »

Concernant les amnisties accordées aux ex-rebelles durant la présidence de Laurent Gbagbo, qui rendraient en théorie impossible leur poursuite devant la CPI, Justin Koné Katinan a indiqué que certains crimes, notamment le massacre des populations Wè dans l’Ouest, « n’ont jamais été amnistiés ».

L’ancien ministre a rappelé que les crimes contre l’humanité, relevant de la compétence de la CPI, « sont imprescriptibles » et qu’« aucune amnistie ne les couvre ». Selon lui, seule la CPI est habilitée à apprécier la recevabilité ou l’opportunité de rouvrir des enquêtes liées aux violences de 2002 et des années suivantes.

« À la CPI, il y a un dossier “Côte d’Ivoire 2” », a-t-il précisé, estimant que la démarche de Laurent Gbagbo consiste simplement à demander à la Cour « de faire ce qu’elle a elle-même annoncé » : juger les deux camps. Le PPA-CI dit inscrire cette initiative dans une dynamique de vérité et de réconciliation nationale, au lendemain de la réélection du président Alassane Ouattara pour un quatrième mandat.

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