Comme chacun le sait, l’affaire des candidatures de précaution a été déclenchée par cette fameuse lettre du Vice-Président Exécutif (VPE) Ahoua Don Mello, qui a fuité dans la presse et sur les réseaux sociaux, a été qualifiée de lettre-ouverte par certains avant de finir comme une « simple note d’analyse » dans une mise au point du VPE en réaction à un communiqué du PPA-CI.
Après une légère accalmie, et alors que certains pensaient que le VPE avait acté l’échec de son initiative et rentrait dans les rangs, il a continué d’animer l’actualité notamment par l’annonce par l’hebdomadaire Jeune Afrique d’une interview à lui donnée par le VPE dans laquelle il annonce sa décision de se porter candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Depuis, certaines informations annoncent que le VPE serait entrain de recueillir ses propres parainnages. Il s’est également longuement exprimé dans l’émission l’Appart Politique, mise en ligne le 25 juillet 2025 par Muntu.
De mon point de vue, la légitimité d’une telle ambition présidentielle ne saurait être efficacement discutée (I). Par contre, sa démarche, individualiste et cousue de fil blanc (II), est vouée à l’échec (III).
I – Une ambition légitime
Personne ne peut nier à Ahoua Don Mello son droit de se porter candidat à l’élection présidentielle, au vu de son âge et de son parcours, surtout lorsqu’on voit ceux qui ont déjà été candidats ou vont l’être (Mamadou Koulibaly, Adama Dahico, KKB, Assalé Tiemoko, Vincent Toh Bi etc).
La différence avec ceux que je viens de citer (liste non exhaustive) est que lui, depuis longtemps a chois de militer dans un parti politique avec un président qui est son mentor qui n’a pas renoncé à cette même ambition. Cette différence peut en effet interroger.
Sauf que, ce faisant, il n’innove pas. il rejoint d’illustres devanciers qui, se disputant l’héritage du « gbagboïsme » du vivant (politiquement et physiquement) du Président Laurent GBAGBO, ont perdu patience et ont décidé de voler de leurs propres ailes., sans jamais vraiment couper avec le Maître dont ils ont besoin des troupes. Je cite Affi Nguessan Pascal, Simone Ehivet et Blé Goudé Charles. Tous ceux là ont en commun d’avoir espéré, à un moment ou à un autre « hériter politiquement » du CHEF et avec son onction. Quelqu’un a même pu dire « sa conclusion sera mon introduction » avant de se rétracter et vouloir « être devant, fatigué d’être derrière »….. Tous ceux-là, dis-je, ne croyaient pas vraiment, après le 11 avril 2011 et ses suites, au retour, sinon en Côte d’Ivoire, du moins en politique, du CHEF. Or, voici qu’il est revenu, et voici qu’il tonne « je ne laisse à personne le droit de décider de la fin de ma vie politique, je ferai la politique jusqu’à ma mort, moi seul choisirai sous quelle forme je ferai la politique…. »
II – Une démarche individualiste et cousue de fil blanc
La différence entre Ahoua Don Mello avec les autres cités est que, lui est resté avec le Président Laurent GBAGBO, décidant, contrairement aux autres, d’adhérer au PPA-CI, le nouvel instrument de lutte. Il en devient Vice-Président Exécutif. Pour autant, il ne se montre pas plus patient que les autres. Après avoir soutenu et défendu la candidature de Laurent GBAGBO à l’élection présidentielle, telle que proposée par le Comité central et la Convention du parti, il finit, à 3 mois de l’élection, par sortir du bois, sous le prétexte d’éviter la politique de la chaise vide, pour engager une offensive individualiste, maquillée et présentée comme le besoin de « 2 ou 3 candidatures de précaution ». J’ai déjà expliqué, dans une précédente publication que cette proposition n’était ni sérieuse, ni sincère. Si elle l’avait été, il ne se serait pas porté candidat dans les circonstances actuelles, à moins de considérer qu’il est plus légitime et plus intelligent que tous les organes compétents du parti.
III – Une démarche vouée à l’échec
Cette démarche est vouée à l’échec, d’abord parce qu’elle vise en réalité l’échec du combat mené pour faire aboutir la candidature du Président Laurent GBAGBO et basé sur le refus d’un plan B. D’ailleurs, TV5 monde n’a pas manqué d’affirmer que le « front du GBAGBO ou rien se fissure ». Personne ne croit en effet que, dans les conditions actuelles, avec un tel fichier électoral et une telle CEI, remplacer Laurent GBAGBO par Ahoua Don Mello suffirait à garantir la victoire du PPA-CI à la prochaine élection présidentielle.
Ensuite, le VPE, qui continue de vanter les qualités exceptionnelles du Président Laurent GBAGBO (capacité d’écoute et de persuasion, patience, grand démocrate, patriote, etc) sait que, historiquement, à chaque fois qu’il s’est éloigné politiquement du Président Laurent GBAGBO, il n’est pas allé bien loin. Il aura besoin de l’onction agissante du CHEF. Si on fait référence au Sénégal, comme certains aiment bien le faire avec une certaine facilité, chacun sait que Diomaye ne serait pas allé bien loin s’il n’avait été choisi et oint par Sonko dans un contexte où Macky SALL, non seulement n’était pas candidat, mais avait créé les conditions minimales nécessaires pour un scrutin inclusif et apaisé.
Enfin, le VPE sait que sa tentative de contournement du parti a échoué. En effet, s’il est finalement sorti du bois comme on le voit, c’est qu’il n’a pas réussi à imposer un plan B ni de l’intérieur par certaines fédérationsqu’il avait contacté ni de l’extérieur par des mouvements de soutien.
Il ne lui reste plus qu’à tirer toutes les conséquences de cet échec, soit en en prenant acte de cet échec politique et reprenant sa place auprès du Président Laurent GBAGBO, soit, au minimum, en se mettant en congés du parti pour mieux gérer sa candidature, qui ne pourrait être qu’indépendante. Croire que Simone ou Affi (il n’a pas cité CBG), après ce qu’ils ont vécu, vont s’effacer derrière lui pour « reconstituer la gauche » est une belle blague. D’un autre côté, s’il devait quitter Laurent GBAGBO pour se mettre derrière Simone, Affi ou Blé, ce serait à ne plus rien y comprendre.
Quant à Mamadou Koulibaly, qui a récemment annoncé son retrait de la vie politique, il est curieux que le VPE le cite parmi les hommes qu’il contacté pour faire l’union de la gauche. Depuis quand est-il de gauche? N’est-ce pas son recrutement au début des années 1990 par Laurent GBAGBO qui a servi de base aux accusations de dérive droitière portées notamment par le courant Renaissance transformé en parti politique plus tard?
Telle est mon opinion à cette étape de ce dossier qui pourrait connaitre des rebondissements, sachant que le parti n’a pas encore réagi à cette annonce da candidature de son VPE. En même temps, comment réagir à une information parue dans la presse concernant son VPE qui ne lui a encore rien dit. Il y a sans doute mieux à faire: les parrainages du Président Laurent GBAGBO et les actions du Front commun par exemple.
Que Dieu nous aide…
Ambroise Gnahoua