Accusé de semer le doute au sein du PPA-CI, Ahoua Don Mello contre-attaque. Dans une mise au point transmise à Linfodrome, le vice-président du parti dénonce une « instrumentalisation politique » autour d’un document stratégique adressé à Laurent Gbagbo. Il revient, point par point, sur ce qu’il appelle une tentative de diabolisation.
Depuis plusieurs jours, une lettre attribuée à Ahoua Don Mello fait couler beaucoup d’encre au sein de la famille politique de Laurent Gbagbo. Présentée comme une proposition de plan B à la candidature du président du PPA-CI, cette missive a provoqué une levée de boucliers dans l’appareil du parti. Mais l’intérêt sort enfin du silence, pour rétablir sa version.
Dans un document officiel daté du 16 juillet, signé par son cabinet, Don Mello nie catégoriquement avoir remis une lettre ou appelé à un quelconque « plan B ». Pour lui, tout est parti d’une note d’analyse confidentielle, transmise le 29 juin dernier à Laurent Gbagbo, dans un cadre strictement privé.
« Ce n’était pas une lettre »
Le document que certains médias ont qualifié de « lettre explosive » n’aurait, selon son auteur, aucune valeur épistolaire ni injonctive. Il s’agissait, précise le communiqué, d’un simple document de travail stratégique, comme il en a souvent échangé avec Laurent Gbagbo au cours de leur longue collaboration.
L’objectif ? Proposer des axes de réflexion internes en vue d’anticiper les conséquences d’une éventuelle non-validation de la candidature de Gbagbo, écarté de la liste électorale. Rien de plus. Une tradition de dialogue entre le président du parti et l’un de ses plus anciens compagnons.
« C’est un simple document de travail servant de base de discussions comme il en a été toujours ainsi dans les échanges entre eux. Le Président Laurent GBAGBO a toujours favorablement accueilli les notes stratégiques du camarade Ahoua DON MELLO, cela dans des situations particulières comme celle que connaît le parti à trois (3) mois de l’élection présidentielle. Cette pratique a toujours gouverné la collaboration entre le Président du Parti et son compagnon de lutte de plus de 40 ans », lit-on dans la mise au point.
Une fuite embarrassante… et incomprise
On y apprend que le Président Laurent GBAGBO, fort de son pouvoir discrétionnaire, a bien voulu transmettre la note à un groupe de travail composé du Président Exécutif Sébastien DANO DJEDJE, du Secrétaire Général Jean-Gervais TCHEIDE et du Président du Conseil Stratégique et Politique Justin Katinan KONE pour des échanges directs avec le Vice-président Ahoua DON MELLO et leur a demandé de revenir vers lui à l’issue de leurs échanges.
Mais ce document, confidentiel à l’origine, a fuité dans la presse sous trois versions différentes, selon le cabinet de Don Mello, qui dénonce une « opération orchestrée » pour nuire à son auteur.
« Qui avait intérêt à court-circuiter une seconde rencontre avec le président du parti ? À qui profite la fuite ? », s’interroge la note. L’entourage du vice-président dénonce un « terrorisme idéologique », un climat de méfiance et un manque de respect des règles de camaraderie.
Plus grave encore, le communiqué officiel du PPA-CI en date du 13 juillet, signé de Sébastien Dano Djédjé, affirme ne jamais avoir eu connaissance de cette note, ce que Don Mello juge « anti-démocratique ».
Pas un plan B, aucun mouvement parallèle
Don Mello insiste : il ne s’agissait ni d’un plan B, ni d’un plan C, encore moins d’une candidature de substitution. Il proposait uniquement de réfléchir à deux ou trois « candidatures de précaution », prêtes à se retirer si une solution politique venait confirmer la candidature de Gbagbo.
Une démarche, selon lui, pragmatique et lucide, face à la possibilité que le PPA-CI se retrouve encore une fois sans candidat. « Depuis 2011, nous avons fait le choix de la chaise vide. Pouvons-nous encore prendre ce risque en 2025 ? », questionne le document.
Pour Don Mello, la note avait pour but d’ouvrir un débat stratégique, à l’heure où le parti approche une échéance cruciale. Mais la réponse à sa démarche, dit-il, a été une fin de non-recevoir.
Enfin, Don Mello réfute formellement la rumeur selon laquelle il serait en train de créer un mouvement politique parallèle. Le nom de « Mouvement Souverainiste de Côte d’Ivoire », qui lui a été attribué sur les réseaux sociaux, serait totalement imaginaire.
« Le camarade Ahoua Don Mello reste et demeure militant du PPA-CI n’en déplaise à ceux qui lui indiquent la porte de sortie », tranche le texte, signé par son cabinet.
Samuel KADIO