À Yopougon, Dia Houphouët conduit une liste PDCI–FPI–ADCI pour défier Adama Bictogo, dans un scrutin décisif marqué par le boycott du PPA-CI de Laurent Gbagbo.
À quelques semaines du scrutin législatif du 27 décembre 2025, la circonscription de Yopougon, bastion politique stratégique du pays, s’impose une nouvelle fois comme le principal terrain d’affrontement entre le pouvoir et l’opposition.
Le député sortant, Yohou Dia Houphouët Augustin, a été reconduit par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) pour conduire une liste commune oppositionnelle, rassemblant cette fois le PDCI, le Front populaire ivoirien (FPI) et Aujourd’hui et demain, la Côte d’Ivoire (ADCI).
Une élection cruciale pour l’opposition
L’annonce a été faite vendredi par l’élu, dans un communiqué diffusé sur Facebook. Dia Houphouët, qui avait remporté, avec Michel Gbagbo, la législative de mars 2021 sous la bannière PDCI–EDS, s’est dit « honoré » par cette nouvelle investiture.
« La Direction de notre parti a porté son choix sur ma modeste personne », a-t-il déclaré, remerciant le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, et le comité électoral pour cette « confiance renouvelée ».
Yopougon, la commune la plus peuplée du pays, reste une zone électorale hautement symbolique. En 2021, l’opposition unie avait infligé un revers retentissant au RHDP, en battant Gilbert Kafana Koné. Cette défaite avait poussé le pouvoir à repositionner Adama Bictogo, figure centrale du parti présidentiel, qui avait remporté la mairie en 2023 avec 44,32 % des voix.
Pour les législatives de 2025, le RHDP a confirmé la reconduction de Bictogo comme candidat dans la circonscription. Le président de l’Assemblée nationale mènera donc une nouvelle fois la bataille électorale à Yopougon, où il affrontera Dia Houphouët et la coalition PDCI–FPI–ADCI.
Un Front commun fragilisé
Cette élection se déroule toutefois dans un contexte d’opposition recomposée et fragilisée. Le Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA-CI), formation de Laurent Gbagbo et allié du PDCI dans le Front commun, a annoncé son boycott des législatives, dénonçant un scrutin « dont l’issue est verrouillée d’avance ». Cette décision rompt avec la dynamique de 2021, lorsque l’alliance PDCI–EDS, soutenue par les forces proches de Gbagbo, avait permis une victoire de l’opposition à Yopougon.
Cette fois, Dia Houphouët devra mener campagne sans l’appui électoral du PPA-CI, un acteur majeur du paysage politique local. La coalition qui l’accompagne est profondément différente : l’ADCI d’Assalé Tiémoko Antoine participe pour la première fois à une législative à Yopougon, tandis que le FPI d’Affi N’Guessan, aujourd’hui partenaire de la liste, n’était pas engagé aux côtés du PDCI lors du scrutin de 2021.
Cette redistribution des alliances crée une nouvelle équation politique, marquée à la fois par l’absence d’un poids lourd de l’opposition et par l’arrivée de forces inédites. Elle entretient l’incertitude sur la capacité de la coalition PDCI–FPI–ADCI à retrouver le niveau de mobilisation qui avait favorisé sa victoire quatre ans plus tôt.
Dans son communiqué, Dia Houphouët appelle néanmoins ses alliés et sympathisants à « mettre de côté les divergences » et à renforcer la cohésion interne. « L’unité est notre première victoire », insiste-t-il, en invitant les différentes composantes de l’opposition engagées à Yopougon à mener une campagne commune et disciplinée.
L’élu sortant, qui affirme avoir « gagné en maturité politique » durant son mandat de 2021 à 2025, dit vouloir se présenter comme une voix de « défense des intérêts » de la population. « Je ne peux vous abandonner », assure-t-il, rappelant que son action au Parlement a été limitée par la faible présence de l’opposition dans l’hémicycle.
Selon lui, la législative du 27 décembre constitue une « occasion historique » pour bâtir « une opposition majoritaire » capable de « stopper les dérives » et de « restaurer les droits et libertés ».
Samuel KADIO

















































