Après sa libération mardi, la vice-présidente du PPA-CI, Odette Lorougnon, a retrouvé le siège du parti à la Riviera Bonoumin, accueillie par une foule de militants enthousiastes.
La vice-présidente du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), Marie Odette Lorougnon, a été libérée ce mardi 30 septembre 2025, au lendemain de sa convocation à la préfecture de police d’Abidjan. Elle a rejoint dans l’après-midi le siège du parti à la Riviera Bonoumin, où elle a été accueillie par plusieurs militants.
Dans un communiqué publié ce mercredi 1er octobre 2025, le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan a confirmé l’ouverture d’une information judiciaire assortie d’un contrôle judiciaire contre Mme Lorougnon. Elle est poursuivie pour « provocation et incitation à l’insurrection, atteinte à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national, troubles à l’ordre public, non-respect d’une décision de justice, diffusion de fausses nouvelles, xénophobie, tribalisme et outrage envers des autorités publiques ».
Le ministère public s’appuie notamment sur deux vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. La première, tournée le 6 septembre lors d’une tournée de sensibilisation à Abobo, et la seconde, enregistrée le 27 septembre à Bonoua, montrent la responsable du PPA-CI tenant, selon le procureur, « des propos à caractère haineux, xénophobe, tribaliste et subversif ».
« En dépit de récurrentes mises en garde à l’endroit des auteurs de dérives langagières, quel que soit leur statut, Mme Lorougnon persiste dans son attitude et met à mal la cohésion sociale », a indiqué le communiqué du parquet.
La procédure judiciaire a été confiée à la Section antiterroriste du tribunal d’Abidjan. Le parquet rappelle que les faits reprochés sont prévus et réprimés par plusieurs dispositions du Code pénal, notamment les articles 165, 179, 183, 184, 190, 226, 227, 268, 270, 271 et 287.
Le procureur insiste par ailleurs sur le fait que « l’exercice d’une activité politique au sein d’un parti n’autorise pas la tenue de propos d’une telle gravité » et que « le statut d’acteur politique ne confère aucune immunité ».
Odette Lorougnon, ancienne députée et figure connue pour sa proximité avec l’ancien président Laurent Gbagbo, est régulièrement critiquée par ses adversaires pour ses prises de position virulentes. Ses partisans estiment toutefois que ses déclarations s’inscrivent dans un contexte de « liberté d’expression » et dénoncent une instrumentalisation judiciaire visant à affaiblir l’opposition.
Dans l’attente de l’évolution de l’instruction, Mme Lorougnon demeure en liberté, mais avec un contrôle judiciaire, ce qui implique des restrictions, notamment sur ses déplacements et ses prises de parole publiques.
Cette affaire intervient à quelques mois des élections générales prévues en 2025, dans un climat politique tendu où la question de la cohésion sociale et des discours de haine est régulièrement soulevée par les autorités comme par les organisations de la société civile.
Samuel KADIO