Pétrole, gaz et mines : moteurs d’une Côte d’Ivoire en route vers l’émergence

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La Côte d’Ivoire est engagée dans une transformation économique profonde, impulsée par une exploitation ambitieuse et stratégique de ses ressources naturelles. Dans un contexte de croissance soutenue — avec un taux projeté à 6,3 % pour 2025 selon le FMI —, les secteurs du pétrole, du gaz et des mines prennent une dimension capitale dans la marche vers l’émergence.

L’essor énergétique ivoirien est symbolisé par les gisements Baleine et Calao, découverts par le groupe Eni, qui constituent une avancée majeure. Avec des réserves initiales estimées à 2,5 milliards de barils de pétrole et 3 300 milliards de pieds cubes de gaz, ces champs incarnent un basculement stratégique. Le pays investit massivement dans les infrastructures logistiques — ports, pipelines, usines de traitement — à hauteur de 9 420 milliards de FCFA (soit 15,7 milliards de dollars), plaçant la Côte d’Ivoire sur la voie de devenir le hub énergétique incontournable de l’Afrique de l’Ouest.

L’objectif va bien au-delà des exportations. Déjà premier exportateur d’électricité en Afrique de l’Ouest, avec six pays desservis, le pays mise sur le gaz naturel pour asseoir sa transition énergétique. L’État ambitionne un accès universel à l’électricité d’ici 2030, tout en augmentant la part des énergies renouvelables à 42 % du mix énergétique national. Une stratégie qui illustre la possibilité d’un développement équilibré entre exploitation des énergies fossiles et durabilité environnementale.

Dans le sillage de cette révolution énergétique, le secteur minier connaît lui aussi une dynamique fulgurante. La production d’or a atteint un niveau record de 48 tonnes en 2023, faisant du pays le quatrième producteur africain. Le manganèse affiche une production annuelle de 1,5 million de tonnes, avec des perspectives de triplement d’ici 2030. Dans le nord-ouest, les réserves de bauxite sont estimées à 1,3 milliard de tonnes, tandis que les métaux rares comme le nickel et le cobalt font l’objet de projets d’exploration avancés. Ces ressources, qui représentent déjà plus de 5 % du PIB national, renforcent la diversification d’une économie longtemps dépendante du cacao.

Le gouvernement ivoirien mise sur une gouvernance rigoureuse, inspirée du modèle norvégien. Depuis 2013, la Côte d’Ivoire est membre de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), garantissant une meilleure visibilité des revenus. Le président Alassane Ouattara défend la création d’un Fonds Souverain pour les Générations Futures et insiste sur l’utilisation des bénéfices miniers et pétroliers pour financer des infrastructures essentielles, notamment dans la santé et l’éducation.

Cependant, des défis subsistent. Le pays doit éviter le piège bien connu de la « malédiction des ressources », former une main-d’œuvre qualifiée, atteindre l’objectif de 30 % de contenu local dans les projets pétroliers, et assurer l’inclusion des communautés riveraines dans les bénéfices du développement. Avec un potentiel estimé à 12 milliards de barils équivalents pétrole en offshore, selon Wood Mackenzie, et un sous-sol minier encore largement inexploité, la Côte d’Ivoire semble déterminée à construire un modèle industriel fondé sur la transformation de la rente en capital humain et en infrastructures durables.

L’or noir et l’or jaune ne sont plus perçus comme des fins en soi, mais comme des instruments au service d’un projet de société. En traçant méthodiquement son chemin vers une économie robuste, inclusive et résiliente, la Côte d’Ivoire donne corps à une ambition claire : devenir une puissance africaine moderne, tournée vers l’avenir et portée par une prospérité partagée.

Bakary Cissé (in le Mentor)

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