Cote d’Ivoire: Tidjane THIAM dénonce un harcèlement judiciaire et laisse entendre qu’il reste candidat à la présidentielle d’octobre.

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Tidjane Thiam a été élu à la tête du PDCI en décembre 2023 Image : Ennio Leanza/KEYSTONE/picture alliance
Tidjane Thiam a été élu à la tête du PDCI en décembre 2023 Image : Ennio Leanza/KEYSTONE/picture alliance

Tidjane Thiam quitte la présidence du PDCI, principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire. Dans une vidéo publiée dimanche (11.05.2025) en soirée, sur les réseaux sociaux, le candidat du PDCI à l’élection présidentielle d’octobre dénonce une volonté claire de mettre son parti sous tutelle.

« Dans l’intérêt du parti, j’ai décidé de remettre entre vos mains, à vous les militants, mon mandat de président du parti », a déclaré M. Thiam, hors du pays depuis plus d’un mois. 

Tidjane Thiam ne perd pas de vue la présidentielle

L’annonce de Tidjane Thiam survient quelques jours avant une décision de justice qui pourrait conduire à sa destitution à la tête du plus vieux parti de Côte d’Ivoire. Il est reproché à Tidjane Thiam de s’´être fait élire à la présidence du PDCI avec le statut de citoyen français. Une nationalité qu’il a par la suite abandonnée.  Alors, le PDCI est désormais dirigé par un président intérimaire et Tidjane Thiam devient président délégué. Il a déploré « un harcèlement judiciaire inique et insidieux » dont le seul objectif serait de lui barrer la voie au scrutin présidentiel.  Il a assuré que ce retrait de la présidence du PDCI ne « change rien à l’engagement » qu’il a pris « en décembre 2023 de conduire personnellement (notre) parti à la victoire en octobre 2025 ».

Lundi matin, plusieurs centaines de militants étaient rassemblés au siège du parti, devant lequel des forces de sécurité étaient déployées, brandissant notamment des pancartes « Touche pas à mon droit de vote », ou « L’intimidation ne passera pas », a constaté une journaliste de l’AFP. Un bureau politique du parti a commencé en début d’après-midi.  

Sévérin Kouamé est sociologue, enseignant-chercheur à l’université Alassane Ouattara de Bouaké. Il explique les implications de ce retrait de Tidjane Thiam de la présidence du parti.   

Sévérin Kouamé : Cette décision est l’illustration de ce qu’aujourd’hui, ce parti prend la pleine mesure de l’adversité à laquelle il fait face. C’est la prise de conscience de ce que l’accession au pouvoir dans le contexte ivoirien n’est pas un long fleuve tranquille.

DW : On sait que la candidature à la présidentielle d’octobre prochain de Tidjane Thiam est compromise. Est-ce que vous pensez que le parti a un plan B même si Tidiane Thiam dans son intervention semble dire qu’il va être candidat ?

On est dans un contexte où il faut une stratégie et la décision du président Thiam s’inscrit certainement dans une stratégie. Il y a une conscience de ce que monsieur Ouattara (président de la Côte d’Ivoire) fait tout pour nettoyer tout ce qui est adversité conséquente qui pourrait fragiliser soit un plan B au niveau du RHDP puisqu’aujourd’hui la question d’un autre mandat du président Ouattara reste problématique. Et donc s’il s’agissait pour le RHDP d’avoir une alternative à monsieur Ouattara, il faut justement qu’en face de cette alternative qui est monsieur Ouattara la compétition soit la moins rude possible. Quel que soit le plan B, que ce soit Jean-Louis Billon, Thierry Tannoh, dont le nom circulait il y a un moment, quelle que soit la personne, le plus important, c’est quelle sera la réaction en face.

DW : Qu’est-ce que tout cela signifie pour la Côte d’Ivoire  ? Parce qu’on a l’impression qu’à quelques mois de la présidentielle, que le pouvoir en place semble sur un boulevard parce que la plupart des gros candidats en fait ne sont pas là. Est-ce qu’on est face aussi à une énième crise qui se profile à l’horizon ?

On est dans la construction de rapports de force. Et les rapports de force dans le contexte ivoirien peuvent être particulièrement violents. Aujourd’hui, en observant ce qui se passe, on peut déjà dire qu’on est dans une forme de crise préélectorale. Maintenant, est-ce que cette crise préélectorale va générer de la violence  ? Le plus important donc, c’est de regarder si les acteurs en présence ont le cynisme politique suffisant pour convoquer une confrontation violente dans les rues ou en dehors des rues, notamment à travers les milices interposés ou à travers des forces militaires ou paramilitaires interposées. C’est cela la grande question. 

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