6 octobre 1973 Déclenchement de la guerre du Kippour au Moyen-Orient

Une offensive lancée par les armées égyptienne et syrienne lors de la fête juive du Yom Kippour surprend et bouscule les forces israéliennes. L’affrontement se terminera le 25 octobre avec un cessez-le-feu qui sera suivi, en novembre, par un accord de désengagement entre les belligérants.
Depuis les conquêtes effectuées par Israël lors de la guerre des Six jours, en 1967, la question des territoires occupés continue de tenailler le Moyen-Orient. Le 6 octobre 1973, l’Égypte et la Syrie lancent une attaque sur plusieurs fronts qui prend l’armée israélienne par surprise. Celle-ci se ressaisit après quelques jours et reprend l’initiative. Le conflit prend une nouvelle dimension le 17 octobre alors que les dirigeants de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), réunis au Koweït, annoncent une baisse de production et un embargo contre les pays occidentaux qui appuient Israël. Des efforts diplomatiques entraînent un cessez-le-feu, le 25 octobre. Face à la débandade égyptienne, l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en demande le respect immédiat. Sa menace d’envoyer des troupes dans la région suscite une vive inquiétude qui s’estompe avec la fin des combats. Égyptiens et Israéliens s’entendront sur les modalités du cessez-le feu au kilomètre 101, sur la route entre Le Caire et Suez, le 11 novembre. La crainte inspirée par cette offensive aura des conséquences durables sur la popularité du gouvernement israélien et de la première ministre Golda Meir qui quittera ses fonctions l’année suivante.
Dans les médias…
Jean-François Revel, «Israël peut-il survivre ?»
«…Israël est naturellement voué à la destruction. La guerre du Kippour nous le rappelle. Israël est, pour la décennie qui vient, condamné à disparaître si on laisse jouer le rapport des forces tel qu’il existe et surtout tel qu’il existera. La victoire israélienne de 1967 a été due au talent et à l’organisation, non pas à la supériorité numérique, logistique et militaire pure. A la longue, cette dernière doit nécessairement reprendre le dessus. Or, elle se trouve dans le camp arabe. Si le résultat normal n’est pas pour cette fois-ci, il sera pour la prochaine. Telle est, telle doit être la donnée fondamentale de toute analyse de la situation au Proche-Orient, quelles que soient les sympathies. État minuscule créé par une décision de l’Onu, Israël ne peut survivre que grâce à un consensus international, et, en premier lieu, grâce au consensus des États qui l’entourent. L’argument par lequel les «neutres» évitent de trancher la question de fond : «Israël doit-il exister ou non ?» ne tient plus. Il faut choisir. Et non pas un camp, mais une politique.»
L’Express (France), 15 au 21 octobre 1973, p. 19.
Béchir Ben Yahmed, «Si j’étais juif…»
«…L’important reste que les Arabes ont perdu en 1973 une nouvelle bataille pour la seule et même raison qu’en 1948, 1956 et 1967 : leurs dirigeants politiques ont une fois de plus gaspillé leurs atouts, montrant qu’ils ne sont pas à la hauteur et illustrant que «l’ambition dont on n’a pas la compétence est un crime». Cela dit, et sans céder à aucune comparaison facile avec d’autres situations historiques, j’affirme que cette quatrième guerre israélo-arabe a fait éclater une vérité tellement aveuglante que beaucoup ne vont pas la voir tout de suite. Cette éclatante vérité, c’est que les Arabes viennent certes de perdre une quatrième bataille -ce qui n’est pas grave- mais en même temps, et cela est capital, d’acquérir une énorme certitude : ils vont gagner la guerre. Cette certitude n’affleurera que progressivement dans la conscience des Arabes et dans celle des Israéliens. Mais tout en sera transformé.»
Jeune Afrique (France), 3 novembre 1973, p. 14.
Charles David, «La haine séculaire a repris ses droits au Moyen-Orient»
«…Car en manifestant, sur le plan militaire, une ténacité qu’on ne leur connaissait pas, une rigueur technique dans la formulation de leurs plans de bataille, un courage à affronter, avec calme, les âpretés du combat et, sur le plan politique, une modération dans leurs déclarations et un réalisme en face des contingences, les Arabes ont restauré leur image et acquis ainsi une nouvelle dimension politique. En effet, en démontrant qu’ils étaient prêts à tenter l’impossible pour signifier d’abord à Israël puis aux grandes puissances leur refus de subir cette situation hybride «ni paix ni guerre», les forces armées arabes ont, de surcroît, permis au monde arabe de célébrer la victoire de la fierté retrouvée. On peut supposer que ce prestige nouveau donnera du poids à leurs dirigeants dans la nouvelle partie de poker qui s’annonce. Car, tôt ou tard, les grandes puissances devront se pencher sur les causes réelles du conflit et déterminer les raisons essentielles qui ont poussé les Arabes à brûler leurs cartouches pour débloquer une situation dont ils étaient les seuls à en faire les frais.»
La Presse (Québec, Canada), 13 octobre 1973, p. A5.
Éditorial
«…All of this argues for largely sitting tight. We always have had serious doubts that outside powers, however large and powerful, can impose a political settlement on the Mideast. Attempts by a big power to intervene have seldom led to any easing of tensions and have usually contributed new tensions. Some theorists suggests that Egypt may have planned its strike in hope of getting a stronger position in the negotiations the U.S. has been trying to arrange. If so, that initiative hardly reached a desirable result. If the Israelis inflict serious damage on Syrian and Egyptian military capacities, that in itself might offer the best hope for political stability. Israel and Jordan already have reached an accommodation of sorts, and it seems fair to say that the damage Jordan suffered in 1967 contributed to this end. Israel would be wise to restrain itself from over-reacting to the latest attacks and the U.S. would do well to try to influence restraint. But the U.S. cannot make peace for the Middle East, and failure to recognize that limitation could lead to repetition of the past mistakes that have contributed to the current troubles.»
The Wall Street Journal (États-Unis), 9 octobre 1973.
Éditorial
«…Once the United States took the decision to start resupplying the Israeli armed forces with Phantoms, Skyhawks, and other sophisticated military hardware it was inevitable that the Arab oil-producing states would resort to their much talked of «oil weapon» (…) The Arab producers’ unilateral action in raising the price of their crude is a direct offshoot of the military conflict. It is another sign of their awareness of the political and economic clout their oil wealth has given them. For the U.S. the price increase, however irksome, will get absorbed but it will be a severe blow to the low-income consumer. The worst sufferers will be the third-world countries which are having to pay ever more heavily for the cost of development. In the 1967 war Arab oil did not have the significance that it does today. The energy crisis was then only being talked of by the experts who saw it looming on the horizon. But now that an energy shortage is confronting the whole industrial world, the oil weapon has assumed an importance that it would be foolish to underestimate.»
The Christian Science Monitor (États-Unis), 20 octobre 1973.
=================================================
Des documents déclassifiés suggèrent que Golda Meir envisageait un Etat palestinien
Les transcriptions d’une réunion montrent que l’ex-Première ministre a sérieusement réfléchi à créer une entité palestinienne, en dépit de ses déclarations publiques
L’ancienne Première ministre Golda Meir a envisagé la possibilité de former un État palestinien aux côtés d’Israël trois ans après la guerre des Six Jours, selon des protocoles publiés lundi par Haaretz, qui jettent un nouvel éclairage sur celle qui avait pourtant déclaré que « les Palestiniens, ça n’existe pas ».
Le mois dernier, les archives de l’État d’Israël ont déclassé des transcriptions top secrètes d’une réunion que Meir a tenue en octobre 1970 avec des ministres de premier plan, dont le ministre de la Défense Moshe Dayan et le ministre de l’Éducation Yigal Alon, et au cours de laquelle la possibilité d’un État palestinien a été évoquée.
« Il sera nécessaire de laisser aux Arabes de Judée et de Samarie la possibilité d’obtenir l’autodétermination à un stade ultérieur, si et quand cela nous convient », a déclaré Meir au début de la réunion. « En d’autres termes, il y aura un autre pays [à côté d’Israël]. »
Golda Meir a précisé qu’elle jugeait cette éventualité comme quelque chose de radical. Elle a également indiqué qu’elle ne se souciait pas du nom que porterait ce pays.
Le protocole montre que Meir a envisagé des arrangements politiques pour un État palestinien : en tant qu’État membre d’une confédération avec Israël, la Jordanie, ou les deux, ou en tant que pays complètement indépendant. Toutefois, la Première ministre a semblé troublée par ces scénarios, affirmant que de tels arrangements seraient créés dans le but de détruire Israël.
Il est intéressant de noter que la réunion a eu lieu quelques semaines seulement après le « Septembre noir », le conflit qui a opposé pendant un mois l’Organisation de libération de la Palestine au royaume jordanien et qui a conduit au bannissement de l’OLP au Liban. Néanmoins, Meir déclarait que « si [le chef de l’OLP, Yasser Arafat] devient Premier ministre de Jordanie, nous négocierons avec lui. Arafat, en tant que chef d’une organisation terroriste, non ! Mais s’il devient chef d’un gouvernement qu’il représentera en tant que Palestinien, alors très bien ».
Golda Meir, qui tout au long de sa carrière a refusé de reconnaître le droit des Palestiniens à l’autodétermination, a également déclaré lors de cette réunion qu’elle était devenue « ouverte d’esprit sur la question, même si [mon esprit] s’est fermé juste après la guerre des Six Jours, mais je suis prête à rouvrir mon esprit et à écouter s’il y a un soupçon d’espoir d’avoir un petit État en Judée et en Samarie, et peut-être à Gaza ».
Le protocole se poursuit par une discussion sur les détails d’un éventuel État palestinien, la Première ministre rejetant totalement l’idée que Jérusalem puisse servir de capitale à une telle nation. Elle explique que la guerre d’indépendance israélienne a permis à Israël d’offrir des concessions minimales en cas de négociations avec les Palestiniens.
« Pourquoi Jaffa est-elle moins palestinienne que n’importe quel autre endroit ? Et c’était sur leur terre. Allons-nous la leur donner ? Je suis prête à aller prier et à remercier Dieu pour leur déclaration de guerre contre nous en 1948 », a-t-elle déclaré. « Comment aurions-nous vécu avec cela ? Je ne sais pas, mais en fin de compte, ce n’est pas nous qui avons déclaré la guerre. »
Comme Meir, les autres ministres se sont montrés réceptifs, mais très prudents à l’égard de l’idée, Alon affirmant qu’aucune « déclaration Balfour » ne devrait être faite sur le sujet – en référence à la déclaration de 1917 dans laquelle le gouvernement britannique annonçait son soutien à la création d’un « foyer juif » dans la Palestine mandataire gouvernée par les Ottomans.
« Je ne suggère pas d’encourager la création d’un État palestinien », a déclaré l’ancien commandant du Palmach. « Il s’agit plutôt, à long terme, d’un contrat de paix en vertu duquel toutes les options seront ouvertes. »
Alon a également déclaré que l’existence du peuple palestinien ne dépendait « ni de moi ni de Golda Meir. S’ils se considèrent comme des Palestiniens, nous pouvons dire mille fois qu’ils ne le sont pas, mais ils resteront [Palestiniens] quoi qu’il en soit ».
Yisrael Galili, ministre sans portefeuille, avait déclaré : « J’ai le sentiment depuis un certain temps, et depuis peu avec plus d’intensité, que ce que nous appelons ‘le problème palestinien’ commence à gêner, moralement et politiquement, les meilleurs d’entre nous, y compris les commandants, les généraux et tous ceux qui portent l’armée israélienne sur leur dos. »
« Cela montre que le problème n’a pas été importé ici, mais qu’il a une origine, qu’il n’est pas artificiel. »
Après une longue carrière politique au cours de laquelle elle a été ministre du Travail et ministre des Affaires étrangères, Mme Meir a été le quatrième Premier ministre d’Israël de 1969 à 1974. Elle a démissionné à la suite de critiques publiques après la guerre du Kippour de 1973 et est décédée en 1978.
Un biopic sur Meir, « Golda », devrait sortir en août. Il se concentre sur la conduite de Meir pendant la guerre du Kippour. Le rôle de Meir est interprété par Helen Mirren.
whoah this weblog is fantastic i really like studying your posts. Stay up the good paintings! You realize, many people are looking round for this info, you can help them greatly.