Le probable futur président du Pdci-Rda a fait l’une de ses grandes sorties et démonstration de force samedi 9 décembre à Yamoussoukro. Il a fait salle comble à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Devant des milliers de militants acquis à sa cause, il a fait son premier grand oral.

Pour le moins que l’on puisse dire, la prestance et le discours de l’ingénieur des mines converti à la finance internationale dérangent ses adversaires politiques du Rhdp qui ont en horreur tout discours qui égratigne leur mentor et leur gestion des affaires publiques. Pour eux, la Côte d’Ivoire, c’est le meilleur des mondes possibles sinon le paradis. Et tout propos qui met en lumière les failles du système et du régime au pouvoir est frappé du sceau  »irrecevable ».

Tidjane Thiam, emmené par un enthousiasme militant, porté par un vent de ralliement et de plus en plus sûr de lui, a fait un discours de présentation de sa candidature. Un discours de campagne dont la résonnance a eu des échos au-delà des frontières du Pdci. Il a d’abord mis en exergue ses liens avec son parti en convoquant ses liaisons familiales qui font de lui un indéfectible du Pdci. Thiam a ensuite dit ce qu’est sa philosophie politique, celle-là fondée sur la démocratie, servir et non se servir, la proximité d’avec les militants et la prise en compte de leurs avis dans la gouvernance. Il a ensuite ébauché son ambition en sept axes clés et trente trois objectifs. Quand il déroule, on y décèle essentiellement des idées fortes pour un Pdci, moderne, plus conquérant qui doit reprendre pied au Nord du pays où il a été réduit en reliques et revenir au pouvoir. Il parle de solutions qui marchent et dénonce  »des prophètes de malheur ». Morceaux choisis :

« Parlons clair : le Pdci doit revenir au Nord. En fait, il n’en est jamais parti mais beaucoup de nos militants ont besoin d’être remotivés » ou encore :  »Nous initierons dans ce cadre dès que nous aurons votre approbation, des réflexions prospectives sur toutes les thématiques qui concernent la vie de la nation et l’identification d’esquisses de solutions pragmatiques. Je projette des choses concrètes, pragmatiques. Ce qui m’intéresse, ce sont les dispositions qui marchent, pas les solutions qu’on ne voit pas »

Ces deux pans du discours de Thiam ont suffi à fouetter l’orgueil des caciques du parti à la case. Dans un décalage de moins de deux heures entre Abidjan et Yamoussoukro dans deux cérémonies croisées, Tour à tour, Cissé Bacongo, maire de Koumassi et secrétaire exécutif du Rhdp, Touré Mamadou ministre de la jeunesse, Amadou Coulibaly ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Myss Belmonde Dogo ministre en charge de la Cohésion et de la lutte contre la pauvreté ont, à l’unisson embouché la trompette de la réplique contre les paroles de Thiam considérées comme un crime de lèse-majesté.  »Des solutions qu’on ne voit pas »,  »le Pdci doit revenir au Nord » sont des expressions que n’aiment pas entendre le Rhdp. Et c’est Cissé Ibrahim Bacongo qui dégaine lors d’un meeting en célébration de l’an 3 de prestation de serment d’Alassane Ouattara après un 3e mandat aux forceps. Le meeting qui a rassemblé des jeunes et des cadres du parti, était la tribune rêvée pour faire le procès en déconstruction.

»Tidjane Thiam veut jouer sur deux plans mais il ne pourra pas. Ce n’est pas possible, nous sommes là, nous l’attendons… Il ne faut pas vous laisser distraire », a laissé entendre le secrétaire exécutif. Touré Mamadou toujours prompt à la contre-offensive dans ce genre de situations qui mettent mal à l’aise le Rhdp, a de son côté appelé les jeunes à faire bloc autour d’Alassane Ouattara. Anne Oulotto au nom du président du directoire du Rhdp, contre-attaque sous le même angle :  »Les hommes comme Alassane Ouattara se célèbrent. Allez dire que l’œuvre d’Houphouët se poursuit avec Alassane Ouattara. On chante Ouattara pour la paix et la stabilité ». Très en verve et réputé répondeur automatique du gouvernement, Amadou Coulibaly ministre de la Communication brocardera Thiam en ces termes :  »on se doit d’être humble et moins prétentieux. Nous ne laisserons personne s’en prendre à la vision de notre mentor. Nous vivons la solution, nous ne la voyons pas, nous la vivons », assène-t-il selon le confrère Soir Info qui rend compte de cette activité.

Autant de missiles verbales déclenchées à profusion après un simple discours de campagne en interne du ministre Thiam. Qu’en sera-t-il quand le cadre du Pdci sera oint par les siens pour défendre les couleurs de cette formation en 2025

Il y a ici, une sorte d’hystérie, une frénésie chez les partisans du pouvoir qui se trouvent ébranlés, furieux et fébriles dès lors qu’ils entendent un autre son de cloche. Hier c’était contre Laurent Gbagbo après son discours de Lakota. Aujourd’hui c’est Thiam qui suscite l’ire du parti au pouvoir alors qu’il n’a même pas encore déroulé ni émis une critique en règle contre la gestion du Rhdp. Autant dire que la bataille sera rude quand viendra le temps des joutes électorales. Et le Rhdp devra sans doute intégrer que ces répliques qui visent à réduire les autres au silence sont déjà entendues et qu’il faudra être plus inventif, plus créatif pour non seulement être le censeur des opposants au régime mais également pour construire une offensive plus attrayante. Si sa méthode a souvent gagné, ce parti devrait savoir que toute histoire est faite de commencement, d’apogée et de déclin. Et ce déclin arrive quand on n’a plus rien à proposer.

SD à Abidjan

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